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vingt-trois ans, & étoit le feul de fa Maifon ; & il étoit tems, qu'il penfât à fe marier.

Dès que le Duc de Guife eut été tué, aux Etats de Blois, le Roi fe tourna du côté de l'Angleterre, dans l'efperance de fucceder à Elifabeth. Il époufa une Fille du Roi de Danemarc, & fe regla fur les fentimens de la Reine d'Angleterre, au moins exterieurement. Cependant Walfingham, Miniftre d'Elifabeth,trouva moyen de découvrir les fentimens de Jaques. Il y avoit à Londres un Chevalier nommé Robert Wigmore, à qui Elifa-beth fit,de concert avec lui, un affront en public; & qui, comme s'il ne l'avoit pû fouffrir, ni paroître plus aux yeux des Anglois, fe retira en Eco1fe, pour tacher de s'infinuer dans les bonnes graces du Roi; ce qu'il pouvoit d'autant mieux faire, qu'il étoit, comme le Roi, un grand Chaffeur, & adonné à tous les autres divertiffemens, auxquels le Roi étoit attaché, avec excès. Mr. Burnet avoit une longue inftruction de Walfingham, où il difoit à Wigmore ce qu'il avoit à faire; & cet Homme fe rendit bientôt très-agréable au Roi, par les discours duquel il com

prit que ce Prince, ou n'avoit point de Religion, ou qu'il avoit du penchant à fe faire Catholique Romain. Depuis ce tems-là, la Cour d'Angleterre ne pouvant fe fier en lui, travailla à fomenter la mauvaise humeur des Peuples d'Ecoffe, contre le Roi.

L'Archevêque Spotwood n'a point touché cela, dans fon Hiftoire d'Ecoffe, où il parle affez de l'oppofition, que l'Eglife (en Ecoffois the Kirk) d'Ecoffe fit au Roi; mais où il a fupprimé les raifons, qu'elle avoit de foupçonner fa Religion. Après fon mariage, avec une Fille de Danemarc, ce foupçon diminua; & le Roi accorda à l'Eglife toutes les Lois qu'elle defiroit, & mit l'autorité temporelle de la Couronne, fur un meilleur pied, qu'elle n'étoit auparavant. Mais l'Eglife lui donna de nouveaux dégoûts, & augmenta en lui la haine invéterée, qu'il avoit pour le Presbyterianifme & pour la puiffance de l'Eglife. Cependant il craignoit que les Catholiques ne s'oppofaffent à fa fucceffion, au thrône de l'Angleterre. Ce Parti n'avoit aucun crédit, dans la Chambre des Communes du Parlement d'Ecoffe, mais il en A 7 avoit

avoit dans celle des Seigneurs, & il étoit puiffant, dans les Provinces Septentrionales. Les Principaux de ces Gens-là étoient Elphinston, Sécre taire d'Etat, qu'il fit Lord Balmerinoch, & Seaton, qui fut demis Chancellier & Comte de Dumferling. Le Roi faifoit affurer les Catholiques, par ces Gens-là, qu'il uferoit de connivence à leur égard. Il écrivit auffi une Lettre au Pape, auquel il promettoit la même chofe; Lettre, qui fut publiée par Bellarmin; lors qu'après la découverte de la Confpiration des poudres, on mal traitoit ceux qui refufoient de prendre les fermens. Balmerinoch, pour empêcher que cela ne nuisît à fon Maitre, dit qu'il avoit fait figner cette Lettre au Roi, avec un paquet de divers papiers; que le Roi avoit figné, à la hâte, fans favoir ce qu'il y avoit. Mais comme on vit que ce Seigneur ne fouffrit d'autre peine de fa mauvaise conduite, que la perte de fa Charge; de s'entendre condamner à la mort, pour être peu àprès pardonné; & enfin d'être relegué, pour très-peu de tems; tout le monde crut que cette Lettre n'étoit pas inconnue au Roi, & que la prétendue Confeffion du Sécretaire n'a

vait été qu'une collufion, par laquelle on tâchoit de diminuer le foupçon que le Roi favorifoit le Catholicisme. Mais il ne s'en lava jamais, quoiqu'il écrivit fur l'Apocalypíe qu'il parlât à toute occafión de Controverfe, & qu'il foûtînt, en particulier, que le Pape étoit l'Antechrift.

Ce fut là la fource de tous les malheurs de fon Regne & des trois Regnes fuivans; comme on le verra, dans nôtre Auteur. Il femble que le Roi Jaques I n'avoit pas du penchant, pour le Catholicisme, par principe de confcience; mais parce qu'il croyoit que cette Religion étoit plus propre pour un Prince, qui veut être abfolu, que la Proteftante; en quoi il fe trompoit, comme il paroît affez par les Royaumes du Nord, qui, fans changer de Religion, font devenus auffi arbitraires que les Catholiques. On peut remarquer la même chofe, dans les Princes Proteftans d'Allemagne, qui font auffi abfolus, chez eux, que les autres. Les grands Privileges des Eccléfiaftiques, dans l'Eglife Romaine, les rendent au-contraire fi puiffans; que les Princes, pour avoir la paix chez eux, font obligez de les refpecter, & de les laiffer gou

verner les Confciences, avec une au-› torité, qui n'eft pas moins grande, que celle que les Princes prennent fur les Corps. Ces derniers ne peu vent regner en repos, qu'en parta geant avec les Eccléfiaftiques l'autorité de l'Etat.

Le Roi Jaques ent envie de réunir l'Angleterre & l'Ecoffe en un feul Corps; mais comme il prétendoit que l'Ecoffe paffât, au moins pour le Tiers du Royaume de la Grande Brétagne, & que les Anglois ne pouvoient y confentir; il ne put réüffir dans ce projet. Il crut devoir fuppléer à l'avantage, qu'il avoit voulu faire aux Ecoffois, en leur faifant en Angleterre des liberalitez, qui l'épuiferent entierement, & qui ne lui gagnerent pas l'efprit des. Peuples d'Ecoffe. Il effaya d'y établir l'Epifcopat & la Liturgie Anglicane, mais en vain. Les Evêques, qu'il fit confacrer en Angleterre, pour les établir en Ecoffe, néglige rent les devoirs de leur Charge, devinrent fiers & hautains, & s'attacherent plus à la Cour, qu'à leur emploi. Cela leur fit perdre l'affection & l'eftime des Peuples; qui s'opoferent fi fort à leur établiffement, que le Roi fut obligé d'abandonner ce deffein;

fur

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