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fuivoit Matthieu Paris, fon principal Historien, on ne pourroit en avoir qu'une très mauvaise idée. Mais, comme le remarque notre Auteur les Hiftoriens Ecclefiaftiques des Princes, qui ont eu des affaires, avec la Cour de Rome, doivent être lus, avec précaution; parce qu'ils favori fent conftamment cette Cour. Il eft néanmoins certain qu'on ne fauroit fe faire une idée avantageufe de Jean, quand on confidere fon procedé envers fon Pere & fon Frere; la mort du Prince Artur, fon neveu, de laquelle il ne fe lava jamais bien; la prifon perpetuelle d'Alienor de Brétagne, fa Niece; fon divorce avec Havoife de Glocefter; fon indolence, à l'égard de la perte de fes Etats de France, que Philippe Augufte lui enlevoit; la baffeffe, qu'il témoigna, en réfignant fa Couronne au Pape; fon manque de foi, à l'égard des Barons; & enfin, l'armée étrangere, qu'il attira en fon Royaume, pour fe vanger de fes Sujets. Cependant nôtre Hiftorien fait voir qu'on pourroit excufer une partie de ce dont on l'accufe.

A la fin de cette vie, il a mis deux Chartres très remarquables, que les

Seigncurs Anglois extorquerent à Jean, l'an MCCXII. La premiére regarde les communes Libertez, accordées à fes Sujets, par rapport à la Liberté publique; & la feconde concerne les Forêts du Roi, ou les terres de la Couronne, au fujet desquelles on pouvoit faire de grandes avanies, à ceux qui en tenoient quelques-unes ; ou même, qui en étoient voifins. Ces Chartres font l'une & l'autre de trèsgrande importance. Feu Mr. Burnet, Evêque de Salisbury, affure, dans l'Hiftoire de fon tems, dont nous avons parlé, pag. 33. que l'Original de la Magna Charta, (c'est ainfi qu'on nomme communément la premiere de ces Chartres) s'étoit trouvé dans le Cabinet de l'Archevêque Laud, par l'Evêque Warner, & qu'il étoit enfin tombé entre fes mains.

LE Roi Jean remit fa Couronne, par fon Teftament, à Henri, fon Fils. aîné, qui n'étoit âgé que de dix ans. Dès que Jean eut rendu le dernier foûpir, le Comte de Pembrok affembla les Seigneurs qui avoient fuivi la fortune de ce Monarque, & leur repréfenta qu'encore que la conduite du feu Roi eût donné aux Barons un pré

prétexte affez plautible de fe plaindre; il ne feroit pas jufte d'ôter la Couronne à une Famille, qui l'avoit poffedée depuis long-tems, & moins encore de la donner à un Etranger: Que les fautes de fon Pere ne pouvoient pas lui être imputées, & que fon âge le mettoit à couvert, à cet égard: Que les moyens, dont les Barons s'étoient fervis contre Jean, étoient pires que le mal, puis qu'ils tendoient à réduire le Royaume en une honteufe fervitude: Qu'enfin dans la trifte fituation, où fa Patrie fe trouvoit, rien n'étoit capable de la rétablir, que leur étroite union, fous un Prince; qui étoit l'héritier incontestable de la Couronne. L'Affemblée applaudit à ce difcours, & Henri fut couronné, après avoir prêté le ferment ordinaire. Le Légat du Pape demanda là-deffus qu'il fit hommage au Pape, & il le fit.

On élut enfuite le Comte de Pembrok, pour Protecteur; c'eft à dire, pour Tuteur du Roi, & c'étoit en effet Seigneur d'une fidelité éprouvée, & dont la capacité étoit hors de doute. Il fit notifier aux Barons du parti opposé le Couronnement du Roi, & il y en eût plufieurs, qui fe

déclarerent en fa faveur, d'autant plus que le Pape étoit pour lui, & avoit excommunié Louis, fils de Philippe, Roi de France; qui étoit venu, à l'inftance des Barons, pour déthrôner Jean & qui faifoit encore la guerre à fon Fils. On verra, dans L'Auteur, l'Hiftoire de ce Regne, qui fut très-long. Il ne s'eft pas néanmoins arrêté à quantité de minuties, qui n'auroient fait qu'ennuyer les Lecteurs, fans les inftruire. I s'eft retranché à certains Articles principaux, qui renferment tout ce qu'il y a d'effentiel dans cette vie. 1. If donne une idée de l'état, où fe trouvoit alors l'Angleterre; du génie particulier du Prince, qui la gouvernoit, du caractere & des deffeins de fes Miniftres. II. Il repréfente l'am bition & l'avarice infatiable de la Cour de Rome, qui tirannifoit & pilloit cruellement les Anglois, en abufant de la Religion. III. La Ligue, que les Barons firent enfemble, pour empêcher qu'un Gouvernement arbitraire ne ruinât entierement leur Patrie: IV. Enfin l'abus, que les Barons eux-mêmes firent de l'autorité, qu'ils avoient ufurpée, fous ce prétexte, & les malheureux fuccès,

qui rendirent toutes leurs démarches infructueuses.

Henri mourut en M. CCLXXII. âgé de foixante- fix ans, dont il en avoit regné cinquante fix & vingt jours.

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Le petit Génie de ce Prince, dit nôtre Auteur, & fa facilité à se ,, laiffer gouverner, par des Confeillers fuperbes & intereffez; fon na,,. turel inconftant & capricieux, & les maximes du pouvoir arbitraire; dont on l'avoit prévenu, dès fon ,, enfance, furent les veritables caufes qui troublerent fon Regne. ,,Trop foible quand il auroit fallu a,, voir de la fermeté, & trop hautain, ,, quand il auroit fallu plier; il fem-,, bloit, qu'il affectoit de faire ce qui ,, convenoit le moins à fes interêts.

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On ne peut rien dire de fon cou,, rage, puifqu'il n'en donna jamais 1, de marques fentibles. Mais on ,, pouvoit le louer de fa continence, ,, & de l'éloignement, auquel il é

toit de tout ce qui fentoit la cruau,, té; ce qui fit, qu'il fe contenta de ,, punir les Rebelles de peines pécu,,niaires; lorsqu'il les auroit pu faire mourir. Il étoit avide d'argent, ,, jufqu'à l'excès; mais ce n'étoit que ,, pour

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