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quer S. Barnabé; comme Mr. le Moine, qui étoit d'ailleurs un favant homme. Sur cette forte d'Auteurs, on ne doit que corriger les fautes des Copiftes, qu'expliquer les mots obfcurs, ou les expreffions embarraffées, ou les coûtumes, qui ne font pas affez connues, Tout ce qui eft au delà, doit paffer pour fuperflu & hors de propos. C'eft auffi à quoi s'attachent les Interprêtes de S. Barnabé. Il n'y a que le P. Menard qui s'en écarte quelquefois, fans neceffité.

Si Clement d'Alexandrie, Origene & Eufebe n'avoient pas cité cette Epître, fous le nom de S. Barnabé;. on pourroit néanmoins reconnoître, au ftyle de cette Piéce, qu'elle est trèsancienne. Elle n'eft nullement écrite en un Grec, qui foit formé fur la lecture des Auteurs Grecs plus anciens, & dont on prenoit le ftyle pour modele. C'eft le même ftyle que le commun des Juifs Orientaux employoit alors, quand ils parloient Grec; où il n'y a niexactitude d'expreffions, ni choix de paroles, ni élegance Attique, ni allusion à aucun Ecrivain plus ancien, & dont le ftyle fût eftimé, ni enfin aucune netteté. C'est

le:

lè veritable style qu'en nommoit,parmi les Grecs, Idiotique, c'est-à-dire du peuple fans étude. L'Ecriture Sainte de l'Ancien Teftament y eft principalement citée, & en termes formels; quoi qu'il y ait auffi des allufions affez claires aux Evangelistes, & aux Ecrits des Apôtrés; comme on le verra, en jettant les yeux fur l'édition de Cotelier, que l'on a fuivie, & dans laquelle, il a eu beau coup de foin de les marquer, en marge. On voit bien que celui, qui a écrit cette Lettre, avoit été Juif, car it cite l'Ecriture, avec peu d'exactitude, & y mêle des traditions Judaïques; fur lefquelles il fait des raisonnemens femblables à ceux des Juifs, à qui feuls ils pouvoient paroître concluans. D'ailleurs le but principal de PAuteur eft la converfion des Juifs, ou, pour parler plus exactement, de gagner tout à fait au Chriftianisme les freres de la Circoncifion, comme on parloit alors. C'est pour cela qu'il s'étend fur les raifons Allegoriques de la défenfe de manger de la chair de certains Animaux. S'il y a quelques-unes de ces raifons, qui ne font pas bien fondées, comme on ne peut pas en douter; il ne faut pas en en La. 53 être

être furpris. Il fuffifoit qu'on les reçût communément, comme il paroît par Ariftée, par Philon & par d'autres, que l'on verra dans l'es Notes. C'étoient des argumens ad bominem, comme l'on parle; où l'on a plus d'égard à la foibleffe de ceux à qui l'on a à faire, qu'à la force naturelle des raifons. Les hommes font fi foibles, qu'ils fe rendent plutôt à des raisons foibles, mais qui font de leur portée; qu'aux plus fortes, lors qu'ils ne les conçoivent pas bien, ou qu'ils n'y fout pas accoûtumez. Au refte, toute la doctrine en eft Evangelique, & l'on peut voir d'excellenLes leçons, pour s'attacher à la Vertu, & pour éviter le Vice, par toute cette Epître & fur la fin; où-Barmabé, parle de la Voie de la Lumiére & de celle des Ténebres, depuis le Ch. XIX, jufqu'à la fin.

L'Original Grec de S. Barnabé eft venu mutilé entre nos mains, car le Cominencement y manque. Mais l'ancienne Verfion Latine, qui est complete, a fuppléé à cela. Si l'on peut jamais trouver un Exemplaire Grec, où il ne manque rien, il n'y aura qu'à ajoûter aux Editions ce qui y manque. Au reite, comme il y a quan

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quantité de Notes, fur cette Epître, & que Cotelier, l'a publiée en Grec & en Latin de fa façon, & enfuite de l'ancienne Verfion Latine; on a ufé de même, pour dégager un peu les notes, qui étoient autrement trop abondantes. Outre les Notes du P. Ménard, de Cotelier, de Voffius, & de l'Editeur d'Oxford; il y en a quelque peu de Mr. Davies, Préfident du ColJege de la Reine, à Cambrige, qui n'avoient pas encore paru, outre le peu que j'avois mis, dans la précedente Edition de MDCXCVII. auxquelles j'ai très peu ajoûté. On verra que celles de Mr. Davies, quelque courtes qu'elles foient, font de trèsbon goût, & dignes de la réputation, qu'il s'eft aquife, par les Auteurs qu'il a publiez.

Il manque, dans le Grec, les quatre premiers Chapitres, & une partie du V. Le commencement même ne répond pas bien à l'ancienne Verfion Latine, par la faute du Copifte Grec, ou de l'Intérprete Latin. Mais fans m'arrêter à cela, je commencerai avec la Verfion Latine. Il y a ces mots au Ch. I. Fors & ego cogito diligere vos fuper animam meam. Ce fors, qui fignifie peut être ne quadre L. 6

point,

point, en cet endroit; ce qui faifoit: que Voffius foupçonnoit que le Copifte n'eût mis ici fras, par abréviation pour fratres, comme il y a dans l'Edition d'Oxford. Le P. Ménard croyoit que S. Barnabé avoit parlé ainsi, par modeftie; mais cela n'a pas lieu, en cet endroit. Tout ce qu'on pourroit dire, c'eft qu'il auroit pû croire que c'étoit trop, que de dire qu'il aimoit,plus que lui-même, ceux à qui il écrivoit; parce qu'il n'eft guére pof fible que l'on pouffe fi loin la charité, pour le prochain, à parler exactement. Mais la conjecture de Vofe fius vaut mieux.

Un peu plus bas, il y a ces mots adpropiavi pauca vobis mittere. J'ai conjecturé qu'il falloit lire, ad pro peravi, je me fuis hâté; comme s'il y avoit eu dans le Grec ionsdava, qui veut dire je me fuis haté. Depuis j'ai trouvé dans le Gloffaire de la: Baffe Latinité de Du Cange, ces. mots ADPROPIARE. fludere. Vetus Interpres Epiftola S. Barnabe: adpropiavi vobis pauca mittere, Greca habent: ἐσπέδασα κατὰ μικρὸν ἐπιika. C'eft ainfi en effet que Clement Alexandrin cite ce paffage,. Strom, II, pag. 373. On auroit pu

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