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avant d'entrer dans les détails de sa route, il juge à propos de s'arrêter encore pour faire une digression de quarante-deux pages ( 310 - 352) sur les campagnes des premiers croisés dans l'Asie mineure, la Syrie et la Mésopotamie. Comme ce précis ne contient que des faits qu'on retrouve dans les histoires des croisades, et comme il n'offre d'ailleurs aucun résultat particulier, nous devons nous contenter de l'indiquer, et nous allons suivre l'auteur dans sa route à travers l'Asie mineure.

D'Antiochetta, il cotoie le golfe jusqu'à Alaia. A partir de ce point jusqu'à Satalyeh, l'itinéraire offre d'autant plus d'intérêt, que cette partie de la route étoit inconnue des voyageurs. La description qu'il donne de la forteresse d'Alaia, placée sur un cap avancé, confirme l'opinion de d'Anville, qui la croyoit située sur l'emplacement de Coracesium (1).

D'Alaia, il s'embarque pour suivre, par mer, les rives du golfe jusqu'à Satalyeh : les ruines considérables qui existent près de Sataliadan, passent pour être celles de l'ancienne Attalea, et c'est à cette opinion que le village doit le nom qu'il porte; mais notre voyageur observe avec beaucoup de raison, que la ville d'Attalea étoit, d'après Strabon, située beaucoup plus loin dans l'ouest, ainsi que d'Anville l'a placée sur sa carte: il les attribue donc à Side, dont l'importance, prouvée par les médailles (2), répond à la grandeur de ces ruines, qui occupent un espace de trois quarts de lieue; dans cet espace, on trouve un amas immense de débris, des fûts, des chapiteaux de colonnes, des entablemens d'un travail exquis, des monceaux de pierres, des blocs. de marbre, de granit, de porphyre, des sarcophages, avec des inscriptions grecques, que malheureusement l'auteur n'a pas copiées, des vestiges d'un amphithéâtre et d'un temple. Son opinion sur le nom de la ville à laquelle ont appartenu ces ruines, me paroît certaine, et je ne dois pas négliger de remarquer que notre illustre d'Anville avoit été, en cette occasion, aussi bien servi qu'à l'ordinaire par son étonnante sagacité; car la position qu'il donne à Side, dans sa carte de l'Asie mineure, répond précisément à l'emplacement des ruines de Sataliadan. Entre Sataliadan et lé cap qui forme l'entrée du golfe de Satalyeh, l'auteur a reconnu des vestiges de ruines qui doivent appartenir à ́ Attalea ou à Magydis ; à Satalyeh se termine la description de la côte de

(1) D'Anville, Geogr. abrég., 11, 88. — (2) Spanh. de usu et præst. num. t. I, p. 591.

A

Pamphylie. Cette description est, sans contredit, la partie la plus neuve et la plus intéressante de l'ouvrage.

Après un séjour de courte durée à Satalyeh, notre auteur se met en marche pour se rendre à Constantinople par Guzel-Hissar : la partie de la route jusqu'à cette ville, n'a été décrite par aucun voyageur; car quoique Corneille le Bruyn (1) et Paul Lucas l'aient parcourue, ils n'ont donné aucun détail sur les lieux intéressans qui s'y trouvent.

A quatre lieues au N. O. de Satalyeh, sur la partie élevée du plateau qui forme cette partie de la Pamphylie, existent des ruines dont aucun voyageur n'a parlé. Ces ruines, amoncelées en désordre, semblent annoncer les ravages d'un tremblement de terre: elles couvrent un terrain de plus d'une lieue carrée de surface, et ne peuvent appartenir qu'à une ville considérable. L'auteur observe, avec raison, qu'elles sont beaucoup trop voisines de la mer pour être celles de Termessus. II les attribue, avec probabilité, à la ville d'Isionda, dont parlent Polybe (2) et TiteLive (3).

Après avoir franchi les défilés qui formoient peut-être, de ce côté, les frontières de la Lycie et de la Pamphylie, et qui étoient fermés d'une porte dont il reste des vestiges, notre voyageur parcourt un canton montagneux, dont les hauteurs sont habitées par des pasteurs de chèvres : il donne, à cette occasion des renseignemens intéressans sur les différentes races de chèvres qui se trouvent dans l'Asie mineure (397-406). Comme ces renseignemens, demandés en 1803, par la Société d'agriculture de Lyon, ont déjà été imprimés plusieurs fois, nous ne nous y arrêterons pas.

Au-delà d'Estenaz, que d'Anville croyoit être l'ancienne Termessus, on descend dans la vallée de Téféné, au milieu de laquelle est située la ville de ce nom. Notre auteur pense, et nous partageons son opinion, que tout ce canton appartient à la tétrapole de Cibyra, Enoanda, Balbura et Bubon, décrite par Strabon. Deux amas de ruines qu'il a rencontrés, lui paroissent être celles de deux villes de cette tétrapole.

Ici se termine la partie vraiment neuve de l'itinéraire, et qui embrasse la Pamphylie et la Lycie. Au-delà de Téféné, notre voyageur se trouve sur le terrain déjà parcouru et décrit par Pococke, Chandler &c.; et le reste de sa route par Dâouas, Guzel-Hissar jusqu'à Constantinople, très-brièvement rédigé, n'offre plus rien qui doive nous arrêter plus long-temps.

(1) Corn. Le Bruyn, ch. LXXV, p. 393-396. —(2) Polyb., xx11, 18, 1 et 5. (3) Tit. Liv., XX XV, 15,

D'après cette analyse, on peut juger que si cet itinéraire ne contient, sur plusieurs parties, que des faits déjà connus, et si, dans la description des parties peu connues des voyageurs, on pourroit desirer des notions plus positives et plus précises; enfin, si l'on y trouve des digressions un peu longues, qu'on pourroit retrancher sans diminuer beaucoup l'utilité de l'ouvrage; cependant il renferme encore assez de choses intéressantes et neuves, pour mériter de tenir sa place dans les bibliothèques, à côté des voyages qui ont ajouté quelques faits à la masse de nos connaissances géographiques.

LETRONNE.

NOUVELLES LITTÉRAIRES.

INSTITUT ROYAL DE FRANCE.

M. Catel a succédé à M. Monsigny dans la section de musique de l'académie des beaux-arts,

L'académie des sciences a tenu sa séance publique le lundi 17 mars. M. Delambre y a lu un discours sur l'histoire de l'astronomie; M. Cuvier, un éloge de M. Tenon; et M. La Treille, des considérations sur les insectes qui vivent en société.

On a distribué l'analyse des travaux de l'académie pendant l'année 1816. PARTIE MATHÉMATIQUE, par M. Delambre (Paris, Firmin Didot, 80 pages in-4,°); PARTIE PHYSIQUE, par M. Cuvier (32 pages in-4.°). Les travaux dont la première partie contient l'annonce ou l'analyse sont: un mémoire de M. Poisson sur la variation des constantes arbitraires; les formules de M. Cauchy, relatives à la détermination des intégrales définies, et la conversion des différences finies des puissances en intégrales de cette espèce; deux mémoires et plusieurs notes sur la diffraction, par MM. Pouillet et Biot; le traité de physique de M. Biot; sa description d'un colorigraphe, ses nouvelles expériences sur la polarisation de la lumière; ses mémoires sur le son des anches dans les instrumens de musique, sur l'intonation des tuyaux d'orgue remplis de différens gaz, sur la pile et l'électricité; des notes de M. le comte La Place, sur la vitesse du son dans diverses substances; sur l'action réciproque des pendules, et sur une attention négligée jusqu'ici dans les expériences qui servent à la détermination de la longueur du pendule simple; le traité des probabilités de M. La Croix et sa théorie des nombres; la table des diviseurs pour tous les nombres du premier million, par M. Burckhardt; les observations de M. Burckhardt et de M. Bessel sur la planète Uranus, sur les comètes de 1783 et de 1793, et sur celle que M. Olbers a découverte le 6 mars 1815; un mémoire de M. Girard sur les mesures agraires des anciens Égyptiens, et la théorie du mouvement dans les tubes capillaires à différentes températures, par le même

académicien; un mémoire de M. de Prony sur le rapport de la mesure appelée pouce de fontainier avec l'once d'eau romaine et le quinaire antique, et sur la détermination d'une nouvelle unité de mesure pour la distribution des eaux, adapté au système métrique français; un mémoire de M. Alex. de Humboldt sur l'élévation des montagnes de l'Inde; plusieurs mémoires de M. Poinsot sur la théorie de l'ordre, des arrangemens et permutations; enfin, les rapports faits par des commissaires, membres de l'académie, sur des mémoires, ouvrages, instrumens qui lui ont été présentés; par exemple, sur une théorie du tracé des routes, par M. Dupin; sur les recherches de feu M. Brémontier, concer nant le mouvement des ondes; sur la pompe centrifuge de M. Jorge; sur un traité du mouvement des fardeaux, par M. de Borgnies; sur la mécanique théâtrale de M. le colonel de Grobert; sur un mémoire de M. Fresnel, concernant la diffraction de la lumière; sur les expériences de M. Pouillet, relatives aux anneaux colorés qui se forment par la réflexion des rayons à la seconde surface des plaques épaisses; sur les nouvelles lunettes de spectacle de M. Cauchoix et de M. le Rebours; sur les miroirs parallèles de MM. Richer, fils; sur une carte physique, statistique &c. de la Martinique, par M. Moreau de Jonnès; sur un précis de trigonométrie sphérique, par M. Henry; sur la traduction de l'Almageste de Ptolémée, par M. Halma; sur l'Euclide grec, latin et français de M. Peyrard.

La seconde partie fait connoître les recherches et expériences chimiques de MM. Gay-Lussac, Dulong, Chevreul, Robiquet et Colin, les mémoires de M. Brochant sur les terrains primitifs et les terrains de transition; la description géologique de l'Ertzgeburge, par M. de Bonnard (1); l'ouvrage de M. Heron de Villefosse, intitulé De la richesse minérale; les observations de M. Beudant sur les coquilles d'eau douce mêlées à des coquilles marines; la suite des recherches de M. Marcel de Serres sur les terrains d'eau douce; celles de M. de Humboldt sur la géologie des hautes montagnes; le traité du même auteur sur la distribution géographique des plantes, selon la température de l'air et l'élévation du sol; les dernières livraisons de la Fløre d'Oware et de Benin, par M. de Beauvois; les travaux de M. Henri de Cassini sur les familles des dipsacées, des synanthérées et des boopidées; un mémoire de M. Virey sur l'ergot, et l'analyse comparative du seigle sain, de l'ergot du seigle, et d'un sclerotium, par M. Vauquelin; l'ouvrage de M. la Treille sur les insectes; les observations anatomiques de M. Cuvier sur une femme venue du cap de BonneEspérance (dite la Vénus Hottentote), morte et disséquée à Paris; un mémoire de M. Moreau de Jonnès sur la vipère jaune ou fer de lance de la Martinique; un mémoire de M. Cuvier sur le poulpe, la sciche et lecalmar, mémoire qui fait partie du volume qu'il a publié sur l'histoire et l'anatomie des mollusques; les trois premiers tomes du Traité des animaux sans vertèbres, par M. de la Marck; les ouvrages de M. Lamouroux sur les coraux, de M. Risso sur les crustacées de Nice, de M. Savigny sur la bouche des insectes et sur les mollusques composés; le Règne animal distribué d'après son organisation (en 4 volumes), par M. Cuvier; les changemens à cette classification, proposés par M. de Barbançois; les expériences de M. de Magendie et de M. Chevreul sur l'azote considéré comme un élément essentiel du corps animal; le traité de médecine légale de

(1). Voyez Journal des Savans, octobre 1816, pag. 23-97

M. Chaussier; les règles d'hygiène, proposées par M. Moreau de Jonnès, pour préserver les troupes des funestes effets du climat des Antilles; un mémoire de M. Boyer sur les fissures à l'anus; des observations de M. Larrey sur les effets des corps étrangers introduits dans la poitrine, et sur les opérations qui ont pour but de les extraire; les chapeaux de poil de loutre marine, et de loutre indigène, fabriqués par M. Guichardière; l'instruction de M. Huzard sur les mesures à prendre pour désinfecter les étables; les articles d'économie-rurale, insérés par M. Yvart dans le nouveau dictionnaire d'histoire naturelle, et spécialement l'article sur l'accouplement des animaux domestiques; enfin l'histoire de l'agriculture, par M. Rougier de la Bergerie.

Ne pouvant extraire ici de ces deux rapports que cette simple nomenclature, nous desirons qu'elle puisse donner au moins quelque idée de l'étendue et de l'importance des travaux de l'académie des sciences durant l'année qui vient de s'écouler. Cette compagnie, en reprenant son ancien nom, a conservé, dit M. Cuvier, « l'organisation qu'elle avoit reçue dans ces derniers temps et dont » une expérience déjà suffisamment constatée a si bien montré les avantages,» La médaille fondée par M. Lalande pour l'observation la plus intéressante ou le mémoire le plus utile à l'astronomie qui aura paru dans l'année, a été décernée par l'académie à M. Bessel, directeur de l'observatoire royal de Koenigsberg.

L'académie avoit proposé, dans la séance publique du 9 janvier 1815, pour le sujet du prix de physique qu'elle devoit adjuger cette année, le programme

suivant :

Lorsqu'un corps se refroidit dans l'air, la perte de chaleur qu'il éprouve à >> chaque instant est d'autant plus grande qu'il y a plus de différence entre sa » température et celle de l'air. Cette perte de chaleur n'est pas le résultat d'une » seule cause: elle est due au calorique rayonnant que le corps lance de toutes » parts, et au calorique qui lui est enlevé par l'air environnant: il seroit donc » important de déterminer l'influence de ces deux causes de refroidissement, » non-seulement par rapport à l'air, mais même par rapport à d'autres fluides » élastiques, à des températures et sous des pressions différentes. On pourroit » pour ces recherches, se servir du thermomètre à mercure ordinaire; mais, » comme on ne connoît pas assez exactement les quantités de chaleur indiquées » par chaque degré de ce thermomètre, il seroit nécessaire d'en constater la loi » par des expériences.» En conséquence, l'académie avoit proposé pour sujet du prix de physique de déterminer, 1. la marche du thermomètre à mercure, comparativement à la marche du thermomètre à air, depuis 20° au-dessous de zéro jusqu'à 200° centigrades; 2.° la loi du refroidissement dans le vide; 3. les lois du refroidissement dans l'air; le gaz hydrogène et le gaz acide carbonique, à différens degrés de température, et pour différens états de raréfaction.

Aucun des mémoires envoyés au concours ne lui ayant paru digne du prix, elle propose de nouveau le même sujet pour l'année 1818. Le prix sera une médaille d'or, de la valeur de 3000 francs. Le terme du concours est fixé au 1. janvier 1818.

L'académie avoit proposé en 1815, pour sujet d'un autre prix qu'elle devoit aussi adjuger en 1817, de déterminer les changemens chimiques qui s'opèrent dans les fruits pendant leur maturation et au-delà de ce terme : on devoit examiner avec soin l'influence de l'atmosphère qui environne les fruits, et les altérations qu'elle en

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