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auroit sans doute trouvé quelque inconvénient à la faire commencer par un anapeste. Sur la face opposée, on lit cet autre vers du même mètre: ΑΙΔΕΙΣΑΔΡΙΑΝΟΥΚΟΥΧΙΘΗΣΕΩΣΠΟΛΙΣ, en lettres courantes αἵδ ̓ εἰσ' Adpravỡ n'xxì ©noéws Tóλıs, c'est-à-dire, ceci est ( Athènes) la ville d'Adrien et non de Thésée; Chandler lit de même à des Adp. M. Wilkins, en adoptant la leçon de Chandler, s'est imaginé que le côté où se trouve le nom de la ville d'Adrien, est celui de la ville de Thésée, et réciproquement, parce que, dit-il, la phrase, ce que vous voyez est la ville de Thésée, ne sauroit désigner autre chose que la partie que le lecteur peut voir au moment où il lit l'inscription, c'est-à-dire, celle qu'il aperçoit à travers l'arceau et les jambages de la porte. De cette manière, M. Wilkins place la ville d'Adrien au nord, sur l'emplacement de la ville moderne, et celle de Thésée au midi de l'arc; mais, indépendamment du sens intolérable que l'auteur donne à l'inscription, je n'ai pas besoin de faire remarquer au lecteur instruit combien la situation qui résulte de son interprétation, pour l'emplacement de la ville de Thésée, est en opposition avec le témoignage des auteurs. Il est évident, au contraire, que le nom de ville d'Adrien, dans l'inscription, ne peut désigner que le nouveau quartier qu'Adrien avoit bâti entre cet arc et les bords de I'llissus. Dans le reste du chapitre, M. Wilkins s'attache à tracer la route qu'a suivie Pausanias (1) en parcourant Athènes : c'est un petit précis fort clair et méthodique, qu'on lit avec plaisir et avec fruit.

M. Wilkins passe ensuite à la description des édifices de l'Acropolis: à propos des Propylées, il fait cette remarque, qui nous a paru mériter d'être recueillie; c'est que, dans les temples anciens, la largeur de l'entre colonnement varie avec le nombre des colonnes; quand ce nombre augmente, l'entre-colonnement diminue dans la même proportion. Ainsi l'entre-colonnement du Parthénon, qui est octastyle, est d'un demi-diamètre environ plus petit que celui du temple de Thésée, qui est hexastyle : au portique tétrastyle de l'Erechtheum, l'entre-colonnement est égal à trois diamètres ; mais, dans le portique hexastyle du même édifice, l'intervalle des colonnes n'est que de deux diamètres ; le rapport du diamètre à l'entre-colonnement est 1: 1, 625 au temple de Thésée; 1: 1, 155 au Parthenon. Telle étoit d'ailleurs l'attention que les architectes mettoient à conserver le même rapport entre la hauteur et les autres dimensions des édifices de même style, que si l'on prend, dit M. Wilkins, les quatre temples hexastyles de Paestum, de Jupiter à Egine, de Thésée à Athènes, de la Concorde à Agrigente, on trouve, à très-peu près, la

(1) Pausan. 1, 18.

même proportion entre la largeur et la hauteur; en voici la preuve :

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En examinant avec soin plusieurs fragmens des deux frontons des Propylées, on s'est aperçu, dit encore l'auteur, que la corniche avoit été dorée, et que d'autres parties avoient été recouvertes d'une couche d'ocre rougeâtre la même observation s'applique à l'intérieur du temple de Thésée et aux sculptures du fronton du Parthénon. Les traces de cet usage de dorer ou de peindre les édifices se retrouvent encore dans une inscription relative au temple de Pomone à Salerne (2). C'est à recueillir les vestiges et les preuves de ce goût presque général dans l'antiquité, que s'est attaché l'auteur du Jupiter Olympien, ouvrage dont nous rendrons compte incessamment.

M. Wilkins émet une opinion nouvelle sur la construction intérieure du Parthénon: on s'accorde à le considérer comme étant du genre de ceux que Vitruve qualifie d'hypèthres, ou découverts (en partie). Stuart est le premier qui ait établi cette disposition, et son jugement a depuis été confirmé par celui de presque tous les architectes qui ont vù ce bel édifice. M. Wilkins rejette cette idée, et se fonde sur ce que les petites colonnes de l'intérieur de la cella ne sont point antiques, ainsi que Stuart l'avoit cru. Cette raison n'est point suffisante. M. Cockerell, architecte anglais fort habile, reconnoît également que les colonnes que Stuart a jugées antiques, sont d'une architecture moderne; mais il ne met pas en doute pour cela que le temple ne fût hypèthre (3). Je ne pense pas que l'opinion de M. Wilkins ait beaucoup de partisans: dans tous les cas, elle se rattache à une question plus générale, c'est de savoir de quelle manière les temples anciens étoient éclairés ; et cette question a été approfondie par M. Quatremère de Quincy, dans un mémoire qui fait partie des deux nouveaux volumes des Mémoires de l'académie des inscriptions. Ils vont paroître bientôt.

(1) Ces mesures sont en pieds anglais; nous rappellerons ici que le rapport exact entre le pied anglais et le pied français est :: 72: 76, 7394 ou:: 1: 1, 0 6 5 8 2 (Base du système métrique, t. III, p. 479).

(2) Gruter. Corp. Inscript. xciv, .-(3) Cockerell, Lettre sur le Parthénen, dans les Annales encyclopédiques de M. Millin, Mai 1817, p. 115.

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L'opinion de notre auteur sur les sculptures du Parthénon mérite une attention particulière; il est loin de partager l'enthousiasme que ces monumens qui attestent l'état de l'art dans le siècle de Périclès, ont généralement inspiré. Ces ouvrages, qu'au temps de Trajan on regardoit comme inimitables par leur grâce et leur beauté (1), lui paroissent beaucoup au-dessous de la réputation qu'ils ont acquise, même depuis leur transport en Europe. Il va même jusqu'à penser que ni Phidias ni ses élèves n'ont été pour rien dans leur exécution: il cherche à établir, d'après le témoignage de Plutarque, que la sculpture aussi-bien que l'architecture du Parthénon sont dues à Callicrates et à Ictinus (2); mais Plutarque est loin d'être aussi positif qu'il le pense. Tout ce qu'on peut conclure de son texte, comme l'a fait M. Visconti (3), c'est que les deux architectes Ictinus et Callicrates furent chargés de l'exécution de l'édifice; tandis que Phidias, qui eut la haute main sur tous les travaux, exécuta ou plutôt fit exécuter par ses élèves, et sous ses yeux, les sculptures qui devoient répondre à la beauté de l'édifice et à la confiance que son nom inspiroit. Au soutien de son opinion, M. Wilkins est obligé de donner un sens peu admissible au passage où Aristote, en parlant de ceux qui se sont distingués dans leur art, cite Phidias et Polyclète : οἷον Φειδίαν, λιθαργὸν σοφόν και Πολύκλειτον, ανδριαντοποιόν (4). ΙΙ croit que após ne signifie qu'architecte, par opposition à avoirós, qui veut dire simplement sculpteur. Je ne connois point d'exemple où app's soit pris dans le sens d'architecte ; cependant, comme ce mot signifie proprement qui travaille la pierre, et est employé souvent pour dire tailleur de pierre (5), on conçoit que, par extension, il a pu signifier architecte. Mais ne seroit-il pas tout-à-fait singulier qu'Aristote, voulant rapporter des exemples du talent extraordinaire que deux hommes avoient acquis dans leur art, eût imaginé de qualifier un statuaire aussi célèbre que Phidias par l'épithète d'architecte! Il est bien plus vraisemblable que pés et avopiaviós sont deux expressions à-peu-près synonymes qu'Aristote a employées pour varier son style, comme font très-souvent les Grecs. On n'a donc aucune raison de soutenir que

(1) Plutarch. in Pericl. §. 13.

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Plut. in Pericl. ibid. Πάντα ἢ διεῖπε καὶ πάντων ἐπίσκοπος ἦν αὐτῷ Φειδίας, καίτοι μεγάλος αρχιτέκτονας εχόντων και τεχνίτας τ ἔργων· τὸν μὲ τὸ ἑκατόμπεδον Παρθενώνα Καλλί κράτης εἰργάζετο και Ικτινος.

(3) Mém. sur les ouvrages de sculpture dans la collection de mylord Elgin, p. 3 et suiv. (4) Aristot. Ethic. ad Nicom. VI,7, p. 101 E. —(5) Thucyd. IV, 69; V, 82. Aristoph. Av. v. 1134, Vc. ́

Les sculptures du Parthénon n'appartiennent point à l'école de Phidias ; et quant à l'opinion de M. Wilkins sur le mérite intrinsèque de ces figures, on peut lui opposer des autorités imposantes, et entre autres. celle de l'illustre Canova (1), qui, dans sa lettre au lord Elgin, exprime en termes positifs l'admiration que lui inspirent ces chefs d'œuvre.

Au nord du Parthénon s'élèvent les ruines des temples d'Erechthée, de Minerve Poliade et de Pandrose, qui communiquent l'un avec l'autre et forment ensemble un seul édifice. Une inscription fort curieuse, trouvée à Athènes et publiée par Chandler (2), montre que la construction de cet édifice a été exécutée lors de la guerre du Péloponnèse, puisqu'en l'an 409, sous l'archontat de Dioclès, il ne restoit à finir que quelques parties (3). Le temple de Minerve Poliade, au témoignage de Xénophon, fut brûlé en 406 (4); ce qui a fait croire à quelques savans que le temple actuel de Minerve Poliade est postérieur: mais M. Visconti, et après lui M. Wilkins, remarquent fort à propos que, dans ces édifices tout de marbre, un incendie ne peut détruire que le toit.

M. Wilkins s'efforce, dans un chapitre à part, de faire concorder cette inscription avec les détails d'architecture que présentent ces trois temples; il en donne le texte, accompagné d'une traduction anglaise et d'un commentaire. Ce travail, pour lequel le savant helléniste M. Elmsley f'a aidé de ses lumières, est digne d'éloges, et annonce un homme doué de beaucoup de sagacité: il intéresse à-la-fois l'histoire de la langue grecque et celle de l'art. L'auteur annonce le dessein de publier un fac simile de cette inscription, avec des remarques sur la paléographie de ce curieux monument, dont M. Visconti a déjà éclairci plusieurs points avec la rare sagacité qui le distingue. Nous ajournerons donc les observations que nous aurions pu lui soumettre sur l'interprétation de quelques passages et sur plusieurs corrections trop hardies: peut-être a-t-il oublié trop souvent qu'une inscription doit être corrigée avec bien plus de réserve encore qu'un manuscrit, et que les fautes commises par les graveurs sont toujours rares et sur-tout fort légères.

Nous ne suivrons pas M. Wilkins dans ce qu'il dit de quelques autres

(1) Ammiro in essa la verità della natura, congiunta alla scelta delle forme belle: tutto qui spira vita, con una evidenza, con un artifizio squisito, senza la minima affettazione e pompa dell' arte, velata con un magistero aminirabile. I nudi sono vera e bellissima carne. (Lettre de M. Canova, insérée dans le mémoire de M. Visconti.)

(2) Inscript. ant. p. 11, n. 1. Cf.
(3) Visconti, Mémoire &c. p. 113.
(4) Xenoph. Hellen. 1, 6, 1. Schneider.

édifices d'Athènes, et nous terminerons cet article en recommandant fa lecture d'un ouvrage qui, sous un très-petit volume, renferme beaucoup de faits intéressans et d'aperçus curieux.

LETRONNE.

RECUEIL DE MONUMENS ANTIQUES, la plupart inédits et découverts dans l'ancienne Gaule; ouvrage enrichi dé cartes et planches en taille-douce, qui peut faire suite aux recueils du comte de Caylus et de la Sauvagère; 2 vol. in-4.° avec un atlas de planches; par M. Grivaud de la Vincelle. A Paris, chez l'auteur, rue du Cherche-Midi, n.° 16, et chez Treuttel et Würtz, à Paris, à Strasbourg et à Londres, 1817.

LA science de l'antiquité (considérée dans les monumens) est sans doute particulièrement attachée au sol de l'Italie, qui fut pendant longtemps le centre de l'univers civilisé, et où une multitude de causes avoient accumulé pendant des siècles tous les prodiges des arts. Quelque puissans qu'aient été dans ce pays les agens de destruction, ils n'ont pu parvenir à l'anéantissement d'ouvrages que leur nombre et leur solidité ont heu→ reusement fait triompher des efforts réunis du temps et de la barbarie. Le génie qui les avoit produits est enfin sorti de la poussière et des ruines où on l'avoit cru enseveli; et depuis trois ou quatre siècles, le goût des modernes, veillant à la conservation de ces savans débris, s'est plu à en rassembler les élémens dispersés. Le sol de l'Italie est devenu comme une mine inépuisable, où la science de l'antiquité retrouve chaque jour de nouvelles richesses. C'est donc là que doivent se former et c'est là que se formeront toujours ceux qui aspireront ou à l'universalité des connoissances, ou à de nouvelles découvertes en ce genre.

Mais cette mine a aussi de précieux filons par-tout où l'Empire romain avoit pu porter sa domination; et nous pensons qu'après l'Italie, la France est le pays qui offre le plus d'occasions de faire naître et de cultiver le goût de l'antiquité, sinon en grand, du moins dans un assez bon nombre de parties, dont aucune n'est à dédaigner, puisque de leur réunion dépend l'ensemble des recherches qui peuvent donner un corps complet à la science. Nous ne pouvons donc que louer et encourager le zèle modeste de l'auteur de l'ouvrage que l'on annonce. Ses prétentions ne sont point, dit-il, de se placer au rang des savans renommés en

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