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DE

LOGOGRYPHE.

E tous les maux fortis de la boîte où Pandore Trouva le châtiment de fa témérité,

Je ne fuis pas le pire encore,

Mais je fuis le plus redouté.

Aux bons je dois ce jufte hommage, J'excite la pitié dans leurs cœurs généreux; En me plaignant, leur bonté me foulage. Mais des méchans, qui font bien plus nombreux, J'ai le mépris & la haine en partage.

Vous favez tous, Lecteurs, combien chez les Hébreux
La lèpre étoit jadis affreufe, abominable:

Je ne reffemble en rien à ce fléau honteux,
Et l'on me fait fubir un deftin tout femblable.
On évite en tous lieux mon aspect importun.
Vous conviendrez pourtant que je ne fuis pas vice.
Las! on me traiteroit avec moins d'injustice

Si j'avois l'honneur d'en être un.

Dans mes huit pieds on rencontre une pierre ;
L'Ouvrier dont fouvent elle laffe les bras;
Un animal qui vit au centre de la terre;
Une autre espèce à qui les chats

Ont toujours fait une cruelle guerre ;
Un fort bon mets, fur-tout s'il eft natif d'Amiens;
Cet être précieux qui nous donne la foie;

Dans ma tête feule je tiens

Une ville de France où l'on frappe monnoie.

Voilà bientôt, Lecteur, mon portrait achevé:
Dès qu'à mes yeux quelqu'un de vous se montre
Les mains jointes, foudain l'œil au ciel élevé,
J'affecte d'un dévot le maintien réservé;

Je

Et par une heureufe rencontre,

porte dans mon fein le Pater & l'Ave.
(Par M. G... de M..., de Nogent-le-Roi.

NOUVELLES LITTÉRAIRES.

&.

VOYAGE fait par ordre du Roi en 1771 1772, en divers parties de l'Europe, de l'Afrique & de l'Amérique, pur MM. de Verdun de la Crenne, le Chevalier de, Borda, & Pingré. A Paris, chez Moutard, Imprimeur-Libraire, rue des Mathurins, hôtel de Cluny. 2 volumes. in-4°.

LE but de ce Voyage étoit non-feulement de déterminer plufieurs points importans) pour la perfection de la Geographie & la sûreté des Navigateurs: mais encore de com. parer les diverfes méthodes de trouver, la, longitude en mer, ou plus généralement d'y faire des obfervations précifes; d'examiner' les inftrumens les plus ufités, ceux auxquels

les Navigateurs ou les Aftronomes accordent le plus de confiance; de s'affurer enfin du degré de précifion & de sûreté de toutes les methodes nouvelles, de tous les inftrumens nouveaux que les Auteurs voudroient foumettre à cet examen.

On en avoit chargé un Officier de Marine très-inftruit dans toutes les Sciences qu'embraffe cet Art fi important & fi compliqué, & deux Académiciens, célèbres tous deux par de grands voyages, dont l'un Géomètre habile, avoit fait, par goût & par devoir, une étude profonde de la navigation & de la fcience des inftrumens, tandis que l'autre, livré à l'Aftronomie, joint à l'habitude d'obferver, une fingulière facilité pour les calculs.

Il y a peu d'ouvrages où les Navigateurs puiffent trouver plus de remarques utiles fur T'art de diriger leur route, la manière d'employer utilement les inftrumens, & les méthodes les plus faciles & les plus sûres dobferver & de calculer les obfevations; mais on fent bien que, fur des objets de ce genre, où la théorie eft fi dépendante de la pratique, où la pratique elle-même eft foumife aux inconvéniens inévitables que produifent les changemens rapides de température & de climat, les mouvemens du vaiffeau, l'incertitude du temps où il fera poffible d'obferver, &c. ce n'eft qu'en étudiant les détails

que l'on peut juger de l'utilité dont les réfultats peuvent être dans la pratique journa lière. Nous ne pouvons donc que renvoyer à l'ouvrage, & nous nous bornerons à rapporter quelques faits qui peuvent intéreffer un plus grand nombre de Lecteurs.

Les Savans Voyageurs ont relâché aux Canaries; ils ont examiné fans préjugé ce qui refte de l'ancien peuple qui habitoit ces Ifles avant les Espagnols. On trouvoit chez ce peuple la fuperftition & le defpotifme, mais tempérés l'un & l'autre par des mœurs douces.

On fait qu'en général moins un peuple eft nombreux, moins le defpotifme eft févère, moins la fuperftition eft cruelle. Au refte, cette remarque n'eft vraie qu'autant qu'elle s'applique à un peuple digne de ce nom. Nous trouvons en effet dans l'Hiftoire plus d'un exemple de hordes de voleurs très-peu nombreuses, où cependant le defpotifme & la fuperftition ont porté la barbarie aux der

niers excès.

Il y avoit auffi parmi le peuple des Canaries une efpèce de régime féodal. Le nombre des habitans naturels eft diminué confidérablement depuis la conquête; c'est un Gentilhomme de Normandie nommé, Bettancour, qui le premier foumit une de ces Illes, & prit le titre de Roi. On dit que fa famille y fubfifte encore, & qu'elle a préféré l'état paifible de particuliers riches, à des préten

tions qu'elle n'auroit pu foutenir long-tems. Les anciens habitans avoient l'art de conferver les cadavres, en les trempant dans des diffolutions, & les enfermant enfuite dans des peaux que l'on depofoit dans des cavernes. Ces corps fe retrouvent encore entiers, mais le fecret de ces préparations, eft perdu.

Le pic de Ténériffe eft un volcan; les Savans Academiciens ont cherché à en determiner la hauteur; mais cette opération, qui femble très fimple au premier coup-d'œil, demande des attentions très délicates fi on veut de la précision & de la certitude.

Auffi les Académiciens, quelques précautions qu'ils euffent prifes, craignoient encore quelques erreurs. Un d'eux, qui a fait un deuxième voyage aux Canaries, a cru devoir répéter encore les opérations; & c'est d'après ce dernier travail qu'il paroît que la hauteur peut être fixée à 1904 toifes. La méthode de M. de Luc, qu'on a jointe à la méthode Géométrique, a donné un résultat très-peu different.

Il feroit bien à defirer que l'on s'occupât des moyens de rendre les méthodes de mefurer les hauteurs plus faciles, fans diminuer de leur exactitude. Indépendamment de l'utilité dont il peut être pour les Navigateurs, de connoître la hauteur réelle des montagnes qu'ils voient de loin, & de pouvoir jager, par l'obfervation de leur hauteur apparente,

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