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Si les femmes l'aimoient avec fincérité. ̧ ́
Sachez parler, fachez vous taire ;

Ayez toujours de la bonté,

De la douceur, de la fimplicité.

Pour être heureuse un jour, voilà tout le mystère.

A Mlle C***, Fille d'un Interprète du Roi pour les Langues Orientales.

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L'aveu qu'arrache fon pouvoir.
Auprès de vous, belle C✶✶

Quelle autre excufe puis-je avoir ?

Un Monarque fait choix d'un Savant Interprète,
Je n'en ai d'autre que l'Amour,

Foible & timide enfant, qui craint l'air de la Cour,
Et fe niche en fecret dans le cœur d'un Poëte,

Cet enfant eft le Dieu des Bergers & des Rois;
Sur toute la Nature il exerce fes droits;
Au fond de l'Arabie on entend fon langage.

Des mille & une Nuits nous lui devons l'hommage,
C'en eft peu pour ce Dieu jaloux;

Mais il vous voit fi peu docile,
Qu'il fera bien content de vous

mille.

Si vous pouvez, un jour, n'en redevoir que
(Par M. de la Louptière.)

VERS inferits au bas de la Gravure de Mlle FANIER.

SUR la Scène Comique, où règne l'imposture,

On applaudit fon jeu, fon minois féducteur;
Mais chez elle, bientôt rendue à la Nature,
La gaîté, la franchise, & l'aimable candeur
Changent en amis de fon cœur
Tous les Amans de fa figure.

LETTRE à l'Éditeur du Mercure.
Paris, 4 Octobre 1779.

JE fuis Françoife, Monfieur, & bonne Françoife; c'eft vous dire affez que je m'occupe beaucoup de la gloire de mon pays, & de tout ce qui peut nous faire triompher en tout genre d'une Nation rivale. Nous en triomphons déjà depuis long-temps, au moins par les bons airs & par le bon goût. Depuis long-temps ces Infulaires hautains, tout en affectant la fuprématie des mers, ont reconnu notre fuprématie en fait de modes; & cet afcendant qu'ils ofoient appeler frivole, fembloit annoncer l'afcendant plus férieux que notre Marine prend aujourd'hui fur la Marine Angloife. Avez-vous pris garde, Monfieur, avec quelle légèreté leur

Victory, leur Britannia, & tant d'autres vaiffeaux portant des noms formidables, ont évité la flotte combinée de la Maifon-de Bourbon comment leur Amiral Hardi a fui conftamment à leur tête, & comment il a été tout fier & trop heureux d'échapper à notre brave Amiral? Ce pauvre Comte d'Orvilliers, je pleure de toute la fenfibilité de mon ame fur fes malheurs domeftiques; je le plains encore de n'avoir pas eu l'occafion d'humilier nos ennemis d'une façon plus marquée une victoire complette étoit la feule confolation digne de lui, & il étoit homme à fe la procurer. Pour moi, je me contenterois à moins: il me faut cependant un triomphe, mais un triomphe plus analogue à mon fexe, à ma foibleife, fi l'on veut, & fur-tout à cette fupériorité de goût, qu'on ne s'avifera pas, je penfe, de difputer aux femmes de mon pays. Mon ambition feroit de donner cours à une mode nouvelle qui, en rectifiant la forme du meuble le plus effentiel de la maifon, pût avoir quelque influence fur l'efprit national, & augmenter dans tous les cœurs François l'enthoufiafme du fervice de mer; enthoufiafme qui, dans ce moment, doit échauffer toutes les ames, préparer tous les fuccès. Or, voici mon invention: J'ai long-temps gémi fur la formet mauffade & trifte de nos lits, tant anciens que modernes. Qu'eft-ce en effet que des lits à tombeau? On fait bien que le fommeil

eft une image de la mort; mais le réveil qui fuccède, n'eft-il pas une image de la réfurrection? D'ailleurs, quoi de plus doux que le repofer, que le dormir, que le rêver, &c. Et tout cela fe fait-il dans les tombeaux ? Qu'est-ce que des lits à la ducheffe, avec leur ciel très-lourd, fufpendu par un filmudeffus de nos têtes? Ne diroit-on pas que ce font autant de piéges tendus par les Anglois, pour nous prendre en dormant ? Qu'eft-ce que tant d'autres lits de forme baroque, & d'origine étrangère, que nous n'avons pas rougi d'emprunter à des Turcs, à des Polonois, à des Italiens ? Dans tous ces lits il n'y en a pas un feul qui foit digne de coucher des François; & c'eft ce qui n'autorife à leur en propofer un d'un goût nou veau; un lit, dont la forme relative à l'heu reufe révolution arrivée depuis peu dans notre Marine, fera comme un monument de cette brillante époque; en un mot, un lit en gondole, mais en gondole perfectionnée, embellie par tous les beaux Arts. Elle ne portera point fur quatre pieds groffièrement folides; elle fera mollement fufpendue à des appuis très-fermes & très-peu apparens; elle imitera par fes mouvemens, que Pon pourra retarder ou preffer à volonté, les divers balancemens d'un navire agité par les flots. Quoi de plus efficace que cette espèce de bercement pour faire dormir, que ce roulis voluptueux pour procurer de joliš

rêves, de ces rêves charmans, où l'on croit voler, ou plutôt couler dans les airs comme les Divinités d'Homère ? Qu'on fe reprefente une de ces gondoles, dont les différens mâts enlacés par des guirlandes de fleurs, foutiennent des courtines ondoyantes, ou plutôt de véritables voiles enflées par un vent favorable, & la Sageffe tenant le gouvernail. Quelle eft la jeune Beauté qui, entrant le foir dans une pareille gondole, ne fe croira pas une autre Galathée, ne s'imaginera pas qu'elle monte dans fon char de triomphe? Et fi certe Galathée eft vraiment vertueufe, c'eft-à dire, fi elle aime vraiment fa Patrie & fon Roi, avec quel fuccès, du haut de ce trône impofant, n'exercera-t'elle pas le plus doux des empires? Je la vois environnée de jeunes Guerriers, du feu de fes beaux yeux animant leur courage, reconnoiffant avec eux tous les chemins qui mènent à la gloire, & les entraînant par fes difcours, j'ai prefque dit par fon exemple, dans celui où la Patrie a befoin d'eux. Je vois cette jeuneffe ardente & fenfible, recevant avec transport les leçons de la Sageffe par l'organe de la Beauté, cherchant d'un œil curieux, dans la forme de fon trône mobile, une image de ces fortereffes flottantes, d'où elle efpère bientôr foudroyer les ennemis de l'État.

En voilà bien affez, ce me femble, pour faire fentir qu'un lit en gondole atout ce qu'il

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