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feulement du poids de vingt onces en total, M. Révillon règle aufli le fommeil & l'exercice de corps de fes malades; il leur confeille de fe coucher à dix heures du foir & de fe lever à fix heures du matin; leur lit doit être dans une chambre affez grande, sèche & aérée, en ayant foin d'ailleurs de fe tenir toujours dans une chaleur moyenne & agréable; il veut qu'ils fe lèvent au premier réveil, fauf à fe recoucher pendant quelques heures dans la journée s'il étoit trop matin. Quant à l'exercice de corps, il recommande avec raifon qu'il foit habituel, mais modéré, & jamais au point d'exciter la fueur, parce qu'elle n'eft point l'évacuation de la même humeur que celle de la tranfpiration infenfible, & que loin d'augmenter cette dernière elle la diminue. Le meilleur de tous les exercices eft la promenade en bon air à pied, mais encore mieux à cheval, la danfe, le volant, le billard, &c. fuivant les circonstances. On fent bien que cette manière de vivre, quoiqu'à plusieurs égards elle foit gênante & defagréable, doit être foutenue avec patience pendant un allez long temps pour faire difparoître tous les fymptômes de la maladie; mais la fanté, furtout pour ces fortes de malades, eft un bien fi précieux, qu'il n'y a rien qu'on ne doive faire pour l'acquérir.

Ce régime, foutenu pendant un temps convenable, & aidé feulement de quelques anti-fpafmodiques connus, adminiftrés avec

prudence dans les paroxifmes, a guéri entièrement M. Révillon & nombre d'autres malades dont il a pris foin; il n'a d'ailleurs rien que de très-conforme à celui que la Médecine confeille aux perfonnes foibles, délicates & maladives; mais l'Auteur eft un Médecin trop éclairé pour ne pas convenir & avertir même qu'on doit y faire les changemens relatifs aux circonftances & aux tempéramens; par exemple, en ce qui concerne P'ufage du vin, qui eft décidément contraire à certaines perfonnes, & à l'abstinence prefque totale des végétaux, qui étant la nourriture naturelle de l'homme, ne doit être foutenue qu'autant de temps que les organes de la digestion font affez foibles pour ne pouvoir digérer parfaitement que les fucs & les chairs des animaux, parce que ces derniers occafionnent en effet moins de vents, d'aigreurs, & s'affimileut beaucoup plus facilement que les végétaux.

M. Révillon a ajouté à la fin de fon ouvrage un article dont l'objet eft trop impor tant pour que nous le paffions ici fous filence; c'eft l'extrait d'un Journal qu'il a tenu de l'état de fon corps à raifon de la perfection, de la transpiration & de la température de Fair, pendant deux mois & demi. A l'imi tation de Sanctorius & des autres Médecins qui ont vérifié & confirmé les découvertes de ce célèbre obfervateur, M. Révillon a eu la patience de fe pefer quatre fois par jour, ainfi que tout ce qu'il mangeoit & buvoir

à chaque repas, & tout le produit des évacuations fenfibles, tant par les felles que par les urines, afin de connoître avec précifion la quantité de l'humeur évacuée par la transpiration infenfible; & il a obfervé que les jours que cette dernière étoit abondante & furpaffoit les autres, il fe portoit beaucoup mieux; tandis qu'il éprouvoit beaucoup de fymptômes fâcheux quand c'étoit le contraire.

Ce font ces faits bien pofitifs qui lui ont démontré la grande influence de la tranfpiration infenfible dans les maladies du genre nerveux. Les connoiffances que l'on peut acquérir par ces fortes d'expériences font affurément des plus effentielles pour les progrès de la Médecine; mais on auroit peine à imaginer combien elles exigent d'affujétiffement, de temps & de foins fi l'on en veut retirer tous les avantages qu'elles peuvent procurer: il manque par exemple bien des chofes à cet égard, au Journal de M. Révillon; il n'a tenu compte que de la hauteur du baromètre; cependant les variations dans la température de l'air que le thermomètre feul peut indiquer, & même celles de fa féchereffe & de fon humidité que fait connoître l'hygromètre, doivent influer encore plus que fa différente pefanteur, fur l'infenfible transpiration. La nature des alimens, la conftitution particulière du fujet fur lequel fe font les obfervations, font encore des objets qu'il faut abfolument con

tats bien inftructifs. M. Révillen est trop bon

noître pour être en état de tirer des réful

Phyficien pour n'être pas bien convaincu de toutes ces chofes; auffi ne donne-t'il cet extrait de fon Journal, & même l'ouvrage dont nous venons de rendre compte, que comme un effai & le commencement d'un travail beaucoup plus étendu qu'il fe propofe de fuivre & de publier par forme de lettres comme celui-ci, fi le Public l'accueille & paroit le defirer. Nous croyons pouvoir prédire à cet eftimable Médecin qu'il aura, tout lieu d'être fatisfait à cet égard; & nous ne pouvons que l'exhorter avec tous ceux qui s'intéreffent à l'avancement de la Medecine, à donner à un travail fi bien commencé toute la fuite & la perfection dont il eft fufceptible.

(Cet Article eft de M. Macquer.)

CONCHES, Poëme en trois Chants, au Roi. A Paris, chez Valade, ImprimeurLibraire, rue des Noyers.

Rien de plus facile aujourd'hui que de compofer quelques mauvais vers après en avoir lu beaucoup de bons. Jamais cette maladie de la rime, cette incurable démangeaifon d'écrire, n'a été plus contagieufe.

Tenet infanabile multos

Scribendi cacoëthes.

Tel qui a paffé quelques mois dans l'étude

d'un Notaire fans avoir pu apprendre à dreffer un acte, fe croit propre à faire des vers, apparemment parce qu'il n'eft propre à rien. De-là cette multitude de Fièces de Concours, dont le nombre augmente tous les ans, quoique tous les ans l'Académie en diftingue à peine une ou deux qui méritent l'attention du Public; de-là fur-tout cette récolte annuelle & toujours fi abondante de vers de toute efpèce précieufement recueillis dans des Almanachs dits des Mules. Ce n'eft pas que ces réflexions quelque vraies & quelque applicables qu'elles foient aux cir conftances, conviennent précilement au Poëme dont il est question. Tout en eft rare, curieux, le titre, le choix du fujer, l'avertiffement, les notes, & jufqu'à la manière de rimer qui eft nouvelle. Hitons-nous de citer.

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Je veux,
puifque mon Dieu me comble de les grâces,
Préfenter à mon Roi, fous les diverses faces,
Le fidèle tableau de ma chère Patrie,

Sur la croupe d'un mont, vive, toujours fleurie,
Conches femble, grand Roi, s'enlever dans les cieux.
Demeure fortunée! objet délicieux!

J'apperçois dans la nue, ô donjon formidable,
De ton antiquité le maintien vénérable.

Sur ce fommet fameux quels étoient mes tranfports
Lorfqu'après cent détours, cent faux pas, mille efforts,
Je mefurois le ciel dans ta fuperbe enceinte !

En ces brillans calculs de mont en mont fans crainte J'euffe gravi, percé le féjour glorieux.

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