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confiance, que tous leurs récits font puifés dans le Code des Lois, dans les Livres de Re ligion, & dans les Auteurs nationaux les plus fenfés & les mieux accrédités.

Le Volume que nous annonçons renferme, 1o. un expofé de la doctrine ancienne & nouvelle des Chinois fur la Piété Filiale, qui fait la base de leurs mœurs & de leur gouvernement; 2°. un Mémoire fur l'intérêt de l'argent en Chine; 3°. un précis des notions qu'ont les Chinois fur la petite-vérole; 4oune notice du Livre Chinois Si-yuen, fur la manière dont s'y prend la juftice pour faire fes recherches fur les meurtres, & juger de leurs caufes par l'infpection des cadavres ; 5. une notice des pratiques des Bonzes Taofée, pour opérer des guérifons; 6o. quelques obfervations de Phyfique & d'Hiftoire Naturelle de l'Empereur Kang-hi; 7°. un mélange de diverfes pratiques ufitées chez les Chinois, des notices d'animaux, &c. Nous nous arrêterons à l'article de la Piété Filiale, comme à celui qui nous a paru le plus intéreffant.

La Piété Filiale eft la vertu nationale des Chinois: elle eft chez eux ce que fut à Lacédémone l'amour de la Liberté; à Rome, l'amour de la Patrie; & chez les François, l'amour de leur Roi. C'eft la vertu de tous les rangs & de tous les états, de tous les fexes & de tous les âges; c'eft elle qui maintient la concorde parmi les fujets, & eft

comme le mot de l'énigme de la durée de ce grand Empire.

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Les devoirs d'un enfant à l'égard de fes père & mère font fans bornes. L'âge ni les dignités ne fauroient le difpenfer de leur rendre les fervices qu'ils font en droit d'attendre de lui dans leur vieilleffe. « Honorer » & aimer fes parens pendant leur vie, difoit Confucius, les pleurer & les regretter. après leur mort, eft le grand accomplis» fement des lois fondamentales de la fociété humaine ». Dans tous fes écrits il repréfente la Piété Filiale comme le germe de toutes les vertus & la fource du bonheur. On ne doit donc pas s'étonner qu'elle foit auffi expreffément recommandée dans la religion Chinoife, que la Charité l'est parmi les Chrétiens. La Piété Filiale eft ce qu'on enfeigne dans les écoles avec le plus de foins; & comme la Nature a gravé cette doctrine dans tous les cœurs, les enfans l'y lifent avant que leur raifon foit développée. A mesure qu'ils avancent en âge, ils l'étudient dans les lois de l'Empire, qui ont arti-. culé dans le plus grand détail les obligations réciproques des parens & des enfans, en décernant des peines févères contre ceux qui en méprifent l'obfervation, & des récompenfes magnifiques pour ceux qui s'y diftinguent. Les ufages publics, les mœurs géné rales, les coutumes & les habitudes des Provinces comme de la Capitale, font une répé tition continuelle de tout ce que prescrivent

le refpect & l'amour filial; tous les monumens publics en annoncent aux yeux la néceffité & les avantages; en un mot, la façon de penfer de ces peuples eft telle, que dire d'un homme, il n'a pas de Piété Filiale, c'eft dire équivalemment qu'il eft paîtri de vices. Ainfi un Européen ne devra plus être furpris qu'on lui demande, lorfqu'il arrive à Canton, des nouvelles de fon père & de fa mère; car il eft aifé de voir que cet ufage tient aux idées générales de la nation fur la Piété Filiale.

Certe vertu n'eft pas feulement celle des fimples particuliers, elle est un devoir aufli preffant pour l'Empereur que pour les autres; & l'on peut dire qu'aucune mère au monde ne reçoit tant de refpect & d'honneur qu'une Impératrice-Mère en Chine. Pour en bien juger, nous transcrirons ici la manière dont l'empereur vient la faluer le premier jour de l'an.

"Au moment que le foleil commence à ̈ » paroître fur l'horifon, tous les Mandarins » de tous les Tribunaux étant en grands ha

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bits de cérémonie, & rangés felon leur » rang dans la cour extérieure qui eft entre » la falle du trône & la porte intérieure du palais, les Princes de tous les Ordres & Comtes de la Famille Impériale étant auffi » en grands habits de cérémonie, & rangés » felon leur rang dans la cour de l'intérieur » du palais, l'Empereur fort de fon appar»tement, porté dans fa chaife de céré

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» monie, pour aller chez fa mère. Arrivés » dans la première cour du palais de cette » Princeffe, tous les Mandarins fe rangent » fur deux lignes, & les Princes du Sang & "Comtes de la Famille en font de même » dans la cour qui eft vis-à-vis de la falle » du trône de l'Impératrice-Mère. L'Empe»reur defcend de fa chaife dans le vefti» bule de cette cour, & la traverse à pied. Ce n'eft pas par l'efcalier du milieu, c'est » par celui de l'Orient que l'Empereur "monte fur la plate-forme qui eft devant » la falle du trône de l'Impératrice. Dès qu'il eft arrivé dans la galerie couverte qui " en fait la façade, un Mandarin du Li-pou » fe met à genoux, & préfente le placet de l'Empereur, pour prier Sa Majefté l'Impé» ratrice de vouloir bien monter fur fon » trône pour recevoir fes humbles profter» nations. L'Eunuque Mandarin, à qui on » a remis le placet, le porte dans l'intérieur. » L'Impératrice-Mère fort en habits de cé» rémonie de fon appartement, fuivie de » toute la Cour, & monte fur fon trône. » L'Eunuque Mandarin en avertit le Mandarin du Li-pou, qui eft ordinairement le Préfident, & celui-ci fe met à genoux de"vant l'Empereur, & le prie de faire fa cé» rémonie Filiale à fa très-augufte Mère. L'Empereur s'avance fous la galerie vis-à» vis du trône de fa mère, & fe tient de bout, les manches abattues & les bras pendans. Les Princes & les Mandarins en

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» font autant. La mufique de l'Empereur & » de l'Impératrice jouent ensemble l'air

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Ping, qui eft très-doux & très-tendre. » Un Mandarin crie à haute voix, mettez» vous à genoux; & dans l'inftant l'Empe"reur, les Princes & tous les Mandarins tombent à genoux. Un moment après il "crie, profternez-vous, & tout le monde » fe profterne la face contre terre: il crie, redreffez-vous, & tout le monde fe redreffe. Après trois profternations, il crie, relevez-vous. L'Empereur, les Princes & » tous les Mandarins fe remettent debout » dans la pofture où ils étoient d'abord; puis tombant à genoux, ils font trois prof»ternations nouvelles, fe relèvent encore, » retombent à genoux, & en font trois autres, fe profternant & fe redreffant aux » cris du Mandarin, Maître des Cérémo»nies. Les neuf profternations faites, le » Mandarin du Li-pou fe met à genoux, présente un fecond placet de l'Empereur, pour inviter l'Impératrice-Mère à retour»ner dans fon appartement. Le placet eft porté dans l'intérieur de la falle, & la mufique qui accompagne l'Impératrice » annonce fon départ. La mufique de l'Em» pereur lui répond, & le Mandarin du Li-pou vient le profterner devant l'Empe» reur, pour lui annoncer que la cérémonie » eft finie, & l'inviter à s'en retourner dans » fon appartement. La mufique de l'Empe» reur joue une fanfare. Sa Majefté redef

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