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Médite en liberté de nouveaux attentats;
Et court d'Olavidès ordonner le trépas.

L'Inquifitionn'a point ordonné le trépas de M. Olavidès. Cette image, d'ailleurs, eft trèsbelle; mais elle eft empruntée de l'éloge de Defcartes, par M.Thomas, l'un des plus beaux ouvrages que l'Eloquence ait produits depuis qu'elle s'eft agrandie & élevée par la Philofophie. M. Thomas peint l'Envie pourfuivant Defcartes jufqu'à fon tombeau, & il ajoute: là, elle s'arrête, & vole à Paris, où la Renommée lui dénonce Turenne & Corneille.

Son fiécle dérobant fon Éloge à l'Hiftoire,
Devançant les arrêts de la postérité,

Vivant, le fit jouir de l'Immortalité.

Cette dernière idée eft encore très-belle; mais elle est également empruntée. Il a affifté à fon Immortalité, a dit M. Ducis dans fon Difcours de réception à l'Académie Françoife; & combien l'imitation paroît foible auprès de cette fuperbe expreffion! en Littérature, il n'eft permis de voler que lorsqu'on tue, a dit un homme de beaucoup d'efprit.

On a remarqué les vers fuivans dans le Poëme de M. de Flins des Oliviers.

Elle dit je la fuis à fon divin féjour.

:

Les fublimes talens, citoyens de fa Cour,

Appréciés fans fiel, loués fans flatterie,

Ici font honorés, même de leur patrie.

Sophocle, en cheveux blancs, charme la Grèce en

pleurs.

Là, Plaute, par le fel de fes bons mots railleurs,
Déride des Romains le grave caractère e;

Le vieil Anacréon rit près du vieil Homère ;
Tacite furprenoit de fes yeux pénétrans
Tous les crimes cachés dans l'ame des tyrans;
Lucrèce, s'égarant fur les pas d'Épicure,
De l'empire des Dieux affranchit la Nature;
Ovide confacroit en vers ingénieux
L'enfance de la terre & l'hiftoire des cieux;
Poëte Philofophe, à leurs côtés, Horace
Marioit dans ses vers la raison & la grâce;
Près d'eux, le vieux Corneille, en habit de Romain,
Lève fon front augufte, & montrant d'une main
L'urne que de fes pleurs arrofe Cornélie,
De l'autre le poignard de la fière Émilie,
Règne, premier honneur de fon fiécle naiffant,
Sur un trône inégal, loin de lui se plaçant,
Crébillon trop vanté, qui s'élève & s'égare,
'Terrible, offre les traits d'une beauté barbare.
Virgile, avec Racine, y préfide à jamais.

Égaux dans leurs beautés, reffemblans dans leurs

traits,

Ils enfeignent tous deux à leur langue enhardie

Du style pur & vrai la sagesse hardie.

Chacun de ces vers exprime avec préci fion l'idée que l'Auteur a voulu rendre; les derniers peignent d'une manière affez neuve le caractère particulier du ftyle de Virgile & de Racine. On voit que M. de Flins en parle d'après un fentiment qui lui eft propre, & c'eft un heureux préfage pour un jeune Poëte..

Homme né pour la gloire, (Charles XII) auftère, généreux,

Admiré des fujets qu'il rendit malheureux.

Ce dernier vers nous paroît très-beau, & doit être fur-tout remarqué dans l'ouvrage d'un jeune homme de dix-neuf ans.

J'apperçois dans le fond de l'enceinte facrée,
Seule, & d'un demi-jour foiblement éclairée,
Cette femme - héros qui fauva mon pays;
De fes mâles attraits je vis Dunois épris ;
Agnès m'intéreffa par fes douces foibleffes;
A fon timide amant j'enviai ses careffes.
J'allois porter plus loin mes regards curieux;
La pudeur mit fon voile au-devant de mes yeux.

Ces vers, fur un ouvrage dont il eft fi difficile & de parler & de ne pas parler dans l'Éloge de Voltaire, nous paroiffent à la fois ingénieux, délicats & poétiques.

En général, nous croyons que le Poëme de M. de Flius, malgré le grand nombre de fautes qui le défigurent, donnera l'idée d'un efprit qui a le befoin de penfer, & d'un

homme qui a reçu de la Nature des organes fenfibles aux belles formes de la Poéfie.

BIBLIOTHÈQUE du Nord, Tomes X & XI, A Paris, chez Quillau, Imprimeur de S. A. S. Mgr le Prince de Conti, rue du Fouarre.

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Il n'y a pas plus de vingt ans que la Littérature Allemande étoit absolument inconnue en France, & qu'on n'en parloit même qu'avec une forte de mépris; car il est toujours beaucoup plus aife de méprifer que de s'inftruire. Ce fut le Journal Étranger, ouvrage que nous avons dû pendant trop peu de temps au travail réuni & aux connoiffances variées de deux Académiciens * qui contribua d'abord en grande partie à répandre le goût de cette Littérature. On eft revenu bientôt de l'injufte préjugé que les Allemands n'étoient pas capables d'ouvrages d'imagination. Nous avons lu avec délices les traductions de Geffner, & nous avons retrouve dans Klopftock le genie fublime de Milton. Mais il faut être de bonne foi: les Allemands ont peu de ce qu'on appelle ou vrages de goût; foit que la Nature ne les ait pas fi généralement portés vers ces objets-là, foit que l'education leur ait refufé les fecours néceffaires. Les longueurs & les fuperfluités rendent faftidieufe la lecture de leurs Ro

M. l'Abbé Arnaud & M. Suard.

mans; leurs Poéfies péchent par un entaffement d'images qui n'eft autre chofe qu'une ftérile abondance; & quant à la Littérature férieuse, elle eft encore un peu hériffée, & quelquefois même favamment frivole à force d'être recherchée. Au furplus, la Bibliothèque du Nord, qui a donné lieu à ces réflexions, a pour but de faire connoître en France tout ce que le Nord & l'Allemagne produifent d'intereffant, d'agréable & d'utile dans tous les genres de Sciences, de Littérature & d'Arts. On fent combien cette Collection Périodique eft utile, & combien elle doit être diftinguée de tant d'autres. Recueils de cette efpèce. On foufcrit chez Quillau, Imprimeur, rue du Fouarre, & chez M. Roffel, Membre de la Société Patriotique de Heffse-Hombourg & de Suède, Rédacteur de cet Ouvrage, rue de la Perle, au Marais.

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Voici les matières contenues dans les Tomes X & XI. Gloffologie; à Meffieurs Les Journalistes du Nord. Poéfie: le Prix du Temps; à une jeune Veuve; à Elisène ; à Mde F.; Stances à Sophie; à Mde D. L. P.; à Mde ;les Reffources de la Vieilleffe, Stances; les Peines de l'Abfence, Madrigal. Morale: le Négociant Philofophe. Romans: Hiftoire Matrimoniale de Philippe - Pierre Marks. Académies: Correfpondance Acadé mique. Éloquence: Difcours prononcé à Académie de Saint-Pétersbourg, le 29 Désembre 1776.. Biographie: Mémoire Hiftori

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