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toujours sûr de refter bons amis: peut-être ne voit-on pas affez à qui fe rapporte libre d'engagement: eft ce à Doris? Eft-ce à l'amant difgracié ?

Celle-ci fe diftingue par fa fineffe & par fa coupe heureufe. On ne peut guères reprocher à l'Auteur que d'y avoir répandu le fel avec trop de profufion. Il faut en tout une fage économie.

L'HÉRITIER, Épigramme.

LORSQUE la fièvre, ou quelque maladie
L'agite & le preffe un moment,

Le riche Azor fans ceffe crie ;

» Dieux! que ne fuis-je au monument ! » O mort! viens terminer une trop longue vie, » Son héritier en dit autant.

On regrette de voir une maladie qui agite & preffe un moment; car ces deux verbes fe rapportent autant à maladie qu'à fièvre.»

La rime n'impofe fon joug qu'aux verfificateurs; mais le Poëte a le droit de s'en affranchir; on ne peut donc qu'admirer la noble hardieffe des deux Pièces fuivantes.

A Madame la Comteffe de V....

Les plus douces vertus forment fon apanage;
Qui voit les attraits eft féduit,

Et qui l'entend balance son hommage

Entre la nature & l'esprit,

ÉPIGRAMME.

OPÈRE-T'IL, ce cataplafme?
Comment vont tes yeux, petit Roi?
Ah! beaucoup mieux, ma chère femme:
Mon Médecin dit que je voi.

A ROSE, qui me demandoit des vers.
Il faut donc pour vous plaire

Etre Poëte abfolument.

Que d'Auteurs vos yeux pourroient faire,
donnoient le talent!

Si vos yeux

Si tous vos amans, belle Rofe,

Parloient en vers,

Bientôt dans l'univers

On ne connoîtroit plus la prose.

Que de légèreté, de grâces & de fentimens dans cette petite Pièce! On ne finiroit pas, s'il falloit citer tous les petits chefd'œuvres qu'on trouve dans ce charmant Recueil.

La feconde Partie de cet Ouvrage contient quelques traductions des Poëtes Italiens. Ces morceaux ne font pas fans mérite, quoique fort au-deffous de l'original. Voici le début de la Jérufalem délivrée.

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CANTO l'arme pietofe, e'l capitano,
Ch'el gran fepolcro Liberò di Crifto:

Molto egli oprò col fenno, e con la mano

Molto foffri nel gloriofo acquifto:

E invan l'inferno à lui fi oppofe,e in vano
S'armò d'Afia, e di Libia il popol misto,
Che favorillo il Cielo ; e fotto a i fanii
Segni riduffe i fuoi compagni erranti.

» JE chante les combats de ce Guerrier fidèle, » Dont le prudent courage animé d'un faint zèle, » Dans les murs de Solymne abatrit le croissant, » Et conquit le tombeau du fils du Dieu vivant. » C'eft en vain contre lui que l'enfer en furie » Unit les Africains aux peuples de l'Afie; » Ce Prince aimé du ciel, fous les faints étendards, » Raffembla les Chrétiens & fixa les hafards.

Les combats n'expriment point le mot Italien pietofe qui, joint à arme, annonce une guerre entreprise pour l'intérêt de la religion. L'épithète de fidèle n'eft point dans le texte, & ne convient pas ici. L'Auteur eût aufli bien traduit il Paftor- Fido, par le Berger courageux, que l'exorde du Taffe, par le Guerrier fidèle. D'ailleurs ces trois épithètes en deux vers ont je ne fais quoi de languiffant. Saint zèle n'eft point auffi dans le texte. Prudent courage eft foible, & ne rend point, molto egli opro col fenno e con la mano. Dans les murs de Solyme abattit le croiffant, vers qui n'eft pas plus du Traducteur que du Taffe, & conquit le tombeau du fils du Dieu vivant. Du, du, choquent l'oreille. Dieu vivant, expreflion vague & obfcure;

ne femble-t'il pas d'ailleurs qu'il y ait deux Dieux, l'un mort, l'autre qui ne l'eft pas ? Sous les faints étendards, ce faint zèle, épithètes placées trop près l'une de l'autre pour être répétées; & puis, les faints étendards de qui? Fixa les hafards, rempliffage pour la rime.

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O Musa, tu, che di caduchi allori
Non circondi la fronte in helicona :
Ma sù nel cielo infrà i Beati cori
Hai di felle immortali aurea corona ;
Tu fpira al petto mio celefti ardori:
Tu rifchiara il mio canto, e tu perdona
S'inteffo fregi al ver, s'adorno in parte
D'altri diletti, che de tuoi le carte.

»OTO1, qui ne vas point, trop fière & trop aimable,
Cueillir fur l'Hélicon un laurier périffable,
Mais dont le front brillant d'étoiles couronné
»De la fplendeur des cieux éelate environné,
Mufe, viens me guider dans ma longue carrière,
» Eclaire mon efprit des feux de ta lumière,
» Et fouffre que ma main, pour embellir tes traits)
Ajoute quelques fleurs à tes fimples attraits.c

Les cinq premiers vers de l'invocation nous paroiffent heureux; le fixième est plus que foible, & ne rend point l'original. Les deux fuivans font faciles & agréables, quoique le mot fleurs foit fort éloigné de

intelso fregi al ver, qui, à la lettre, fignific entremêler des ornemens avec la vérité.

SA1, che là corre il mondo, ove più versi
Di fue dolcezze il lufinghier parnaffo,
E che'l vero condito in molli verfi,
I più fchivi allettando ha perfuafo.
Così allegro fanciul porgiamo afperfi
Di foavi liquor gli orli del vafo,
Succhi amart, ingannato ei beve,
E d'all'inganno fuo vita riceve.

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»Tu fais que des beaux vers l'élégante molleffe, » D'un précepte févère adoucit la rudeffe, » Et le grave à jamais, avec des traits profonds, » Dans un cœur indocile & fourd à tes leçons. » C'eft ainfi que l'on voit une prudente mère, » Avant de préfenter l'absynte falutaireTM "A fon fils étendu dans les bras des douleurs, >> Da vafe redouté couvrir les bords trompeurs De ce nectar fi doux que l'abeille compofe » Du butin qu'elle fait fur le lys ou la rose; » L'enfant par ce nectar eft attiré foudain ; » Le filtre d'amertume a passé dans fon sein ; » Des maux qu'il éprouvoit la fougue eft ralentie, Et fon heureuse erreur le rappelle à la vie. »

D'un précepte févère, n'eft point du Taffe;. il ne s'agit point ici d'un Poëme didactique: l'idée d'ailleurs n'eft point rendue, &c. &c. mais les quatre vers de la comparaifon, ces

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