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Reine que nous chériffons n'eft point étran ger à la France.

Il exiftoit à Florence une foule d'impôts, défignés par des noms bifarres, dont la fignification même étoit oubliée. Ces impôts ont été remplacés par un impôt unique, dont, la fomme eft fixe, & que chaque Canton, formé en communauté, impose de la manière qu'il lui plaît: on a feulement prescrit à ces communautés la condition que l'impôt ne porteroit que fur les immeubles, & qu'aucune capitation, aucune taxe ne tomberoit fur les Artifans ou fur le Commerce,

Les corporations dans les Arts & Métiers étoient établies en Tofcane; le Commerce étoit foumis à une foule de gênes; les Priviléges exclufifs avoient été multipliés à l'excès, & tous ces petits objets étoient adminiftrés par une foule de petits Tribunaux qui s'arrogeoient le droit de faire les réglemens les plus favorables à leur autorité ou à leur intérêt. Ces abus ne fubfiftent plus.

L'Industrie eft libre, le Commerce n'eft plus affujéti qu'à quelques droits d'entrée, d'importation, d'exportation, levés fous la forme la plus fimple, déjà réduits beaucoup, que le Grand-Duc paroît ne laiffer fubfifter que parce qu'il n'a pu les fupprimer totalement, & qu'il a eu foin de régler de manière à faire le moins de mal qu'il eft poffible à l'Induftrie & au Commerce. En effet, quoique tous ces établiffemens foient vicieux en eux-mêmes, ils peuvent l'être plus ou

moins; des douanes fur les frontières font moins nuifibles que les douanes intérieures; des droits d'entrée aux portes, le font moins que des droits fur les confommations, levés dans les maifons mêmes des Citoyens. Les droits d'importation nuifent plus à l'Induftrie s'ils font impofés fur les matières premières, & ceux d'exportation s'ils le font. fur des matières manufacturées. Enfin comme les droits fur l'exportation nuifent à la quantité de la réproduction, ils font d'autant moins de mal que les denrées qui y font foumises, font moins néceffaires à la fubfistance ou au bien-être des Citoyens. Tels font les principes que le Grand-Duc a fuivis.

A l'adminiftration de tous ces Tribunaux, il a fubftitué une administration municipale, formée par les propriétaires de chaque Diftrict: Nobles, Roturiers, Eccléfiaftiques, tous y entrent fans diftinction, tous y ont le même intérêt, parce que l'impôt porte également fur tous.

Les travaux publics étoient négligés; ces Communautés en ont été chargées, & depuis ce temps on a exécuté des travaux qui auroient paru demander un fiécle.

Le blé, la viande, & l'huile, qui, en Tofcane, tient lieu de beurre, font les plus grands objets de la confommation du pays. Des Tribunaux chargés de ces trois objets multiplioient les réglemens; le Grand-Duc a laiffé la liberté la plus entière, & a ordonné de punir comme perturbateurs du repos

public ceux qui troubleroient cette liberté..

Les droits de bannalité gênoient la liberté du commerce des denrées néceffaires, & en hauffoient le prix; ces droits ont été fupprimés: le gibier de certains cantons refervés pour le Souverain, ou pour des particuliers, nuifoit à la culture; la challe a été rendue abfolument libre. Le Grand-Duc a offert des indemnités aux Seigneurs qui perdoient leur chaffe, aux propriétaires des bannalités ; ils auroient rougi d'en demander à un Souve rain qui s'étoit impofé de plus grands facrifices: aucun ne s'eft préfenté.

Une légiflation fort compliquée fur les forêts, n'avoit d'autre effet que d'empêcher de planter des bois; le Grand-Duc a rendu à chacun la difpofition la plus libre de cette efpèce de propriété.

Quel a été le fruit de cette legiflation? Les productions de blé, de vin, de foie & d'huile ont augmenté, les plantations ont été multipliées (1), les impôts ont diminué; & cependant les dettes de l'État ont été payées. Dans la première famine du règne du Grand-Duc, il fuivit les anciens principes, n'ofant agir encore d'après les propres idées ; il dépenfa beaucoup en approvifionnemens, & il perdit

(1) Le Grand-Duc a cru devoir, pendant quelques années, demander des états de ces productions; mais il a fenti combien cette connoiffance lui étoit inutile, & il a difpenfé depuis fes fujets de cette gêne.

près de cinq mille hommes par l'effet de la difette. D'autres difettes font venues dans le temps de la liberté; elle n'étoit pas entière encore; il a pris ce moment pour l'étendre davantage, & la difette ne lui a coûté ni argent ni fujets. (1).

Le nombre des crimes eft diminué d'une manière fenfible; au lieu de 21 hommes condamnés aux galères, année moyenne, il n'y en a plus que 14; au lieu de 17 hommes exécutés à mort en 10 ans, il n'y en a eu que 2 en 13 ans; mais le nombre des hommes condamnés à de petites peines pour des délits légers a augmenté: preuve évidente qu'il y a moins de crimes & moins d'impunité.

On n'a négligé ni les réformes des lois civiles, ni celle de la jurifprudence criminelle; mais l'Auteur de l'ouvrage que nous annonçons s'eft peu étendu fur cet objet. Nous y voyons cependant des traces de cet efprit de juftice & d'humanité qui a dicté les autres Lois. On ne peut plus emprifonner pour dettes que pour des fommes au-deffus de trente livres (2); les débiteurs font en

(1) C'eft par une Loi du 24 Août 1775, que la liberté entière du Commerce du blé, de la farine & du pain a été établie ; les Communautés de Toscane en ont remercié le Grand-Duc par une médaille confacrée Principi providentiffimo, & portant pour légende: Libertas frumentaria reftituta: opes aucta.

(2) La Livre de France eft à celle de Tofcane comme 7 à 6; ainfi 30 liv. valent 25 liv. 14 fols 3 den., & 16 fols valent 13 fols & den.

fermés, non dans une prison, mais dans une maifon de fûreté. Les prifonniers ont chacun 28 onces de pain par jour, quel qu'en foit le prix, & 16 fols pour leur dépense; c'est la feule des dépenfes de fon tréfor que le GrandDuc ait augmentée.

La peine de la marque a été fupprimée; les petits délits font punis légèrement; mais l'efpèce du délit, le nom du coupable & la peine reftent affichés pendant un temps fixé dans un lieu public. Ce genre de punition a produit les plus heureux effets.

Il refte en Tofcane encore quelques impôts, fous la forme de priviléges exclufifs; tels font les priviléges de vendre le fer, le tabac & le fel; ces priviléges étoient à ferme, & le Souverain les a mis en régie, en attendant qu'il puiffe fuivre entièrement ce que lui dictent fes principes, fa juftice & fon amour pour fes peuples; mais du moins pour les délits fimples de contre-bande, toute loi pénale eft fupprimée, & cette fuppreffion n'a point diminué la recette.

Tel eft l'ouvrage qu'a accompli jufqu'ici un Prince de 32 ans. Si un peuple abfolument libre avoit été chargé de fon bonheur, s'il eût été éclairé, s'il n'eût accordé fa confiance qu'à des hommes vertueux, en auffi peu de temps on n'eût pas fait mieux; & c'eft le plus grand éloge qu'on puiffe donner aux Lois d'un Prince abfolu..

En parcourant cet ouvrage, on verra qu'il refte beaucoup à faire; & que fur plufieurs

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