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objets, la légiflation, relative à l'adminif tration de la Toscare, eft encore en contradiction avec les principes du Législateur; mais elle s'en rapproche chaque année', chaque mois, chaque jour, pour ainfi dire. Il refte trois grands objets, la jurifprudence civile, la procédure criminelle, & l'établiffement d'une éducation publique; fur ces objets, il ne paroît encore que des Lois douces, juftes, où l'humanité eft refpectée; mais on ne voit point, comme dans les Lois d'administration, un fyftême général qui embraffe tout & qui règle tout d'après un petit nombre de principes généraux. A la vérité, aucune Nation n'en a donné encore l'exemple, mais l'Europe a droit de l'attendre du Grand-Duc.

AUX MANES DE VOLTAIRE, par un Citoyen de l'Univers.

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Nulli flebilior quàm mihi.

A Paris, chez Demonville, Imprimeur-
Libraire de l'Académie Françoife, rue
S. Severin.

Nous nous permettrons une obfervation fur le titre de cette Pièce. Dans le fens littéral, tout homme eft Citoyen de l'Univers & cette qualification, qui ne diftingue perfonne, eft dès-lors très-inutile. Dans un fens moins rigoureux, elle fe prend quelquefois en mauvaise part; on dit d'un aventurier errant fur le globe, fans lien qui l'attache à

aucune patrie, qu'il eft Citoyen du monde. Ce même titre devient un éloge quand il énonce, ou le fentiment philofophique d'une bienveillance univerfelle, ce vœu du bonheur fans diftinétion de tous les hommes. C'eft fans doute dans un de ces derniers fens que l'Auteur a entendu fe l'attribuer; mais on ne voit pas fur quoi il fe fonde pour s'en parer comme d'un caractère diftinctif, dans un temps où cette expreffion de l'amour du genre-humain, vrai ou affecté, eft dans la bouche de tout le monde, & femble être devenue une formule d'ufage. L'Auteur au roit-il cru avoir befoin de fecouer les préjugés de fa Patrie pour rendre un jufte hommage à la mémoire d'un des plus grands Hommes dont elle s'honore? Cette idée. feroit envers la Nation une très-grande injuftice, contre laquelle nous oferions réclamer en qualité de Citoyens de la France, Nous croyons plus fimplement que cette qualificatron eft une fuite de cette manie, aujourd'hui trop repandue, de vouloir mettre de l'emphafe par-tout, & jufques dans les titres des ouvrages. Les grands Hommes du fiécle de Louis XIV dédaignoient cette charlatanerie puérile. Ils s'occupoient de bien penfer & de bien écrire, & le conten toient de donner à leurs ouvrages un titre qui en expliquât clairement l'objet..

Nous ne voyons pas non plus pourquoi M. Doigni du Ponceau femble s'attribuer, dans fon épigraphe, un droit particulier de

pleurer M. de Voltaire. Auroit-il oublié qu'il y a des convenances Littéraires auxquelles il n'eft pas plus permis à un Auteur de manquer, qu'à un homme du monde de bleffer les bienféances fociales? On n'auroit pas été furpris de voir l'epigraphe qu'il a choifie, à la tête de l'écrit d'un Philofophe, lié d'une amitié longue & intime avec M. de Voltaire, ou d'un Élève qu'il auroit pris foin d'inftruire. C'eft à M. d'Alembert ou à M. de la Harpe qu'il eût pu être convenable de dire: Nulli flebilior quàm mihi. Mais un Écrivain qui n'eft point connu pour avoir eu des relations perfonnelles avec M. de Voltaire, & qui peut-être n'a jamais vu ce grand Homme, n'a pu, fans manquer à une forte de bienféance, s'appliquer ce mot, qui ne lui convient pas plus qu'à la foule de ceux qui lifent & qui admirent les ouvrages ce Génie extraordinaire. (1)

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(1) Veut-on voir un exemple de l'à-propos le plus heureux en ce genre? Le voici. Le Traducteur des que M.

blement furnommé poltaire avoit déjà fi agréa

Virgilius le trouvoit à Ferney, où il avoit fouvent témoigné à M. de Voltaire fon attachement pour un homme * dont on apprit alors la difgrâce, Le Philofophe appliqua fur le champ au Poëte, ce même paffage de l'Ode d'Horace à Virgile, fur la mort de Quintilius:

Multis ille bonis flebilis occidit
Nulli flebilior quam tibi, Virgili.

ار

*On fe rappelle l'Épître à un Homme,

Au refte, il eft temps de revenir à la Pièce même; & le morceau que nous allons citer fera juger, qu'avec de meilleurs principes de goût, rien n'empêchoit que l'Auteur ne devint un verfificateur pur & naturel.

Surpaffe en imitant; inftruis: voilà tes droits.
Je n'ai point oublié le bonheur que je dois
Au Peintre fi touchant de Phèdre & d'Athalie,
Au Peintre plus nerveux qui créa Cornélie;
Mais lorsque de ton Art le preftige nouveau
Déploie à mes regards un plus vafte tableau,
Orofmane immolant Zaïre qui l'adore,
Gufman affaffiné pardonnant à Zamore,
Mérope au défefpoir prête à frapper fon fils,
La mourante Idamé plus forte que Gengis,
D'Électre dans les fers la vertueufe audace,
Et l'ombre qu'elle implore & l'urne qu'elle embraffe,

Ce Mahomet enfin, fublime & criminel,
Qui trompe l'univers & fait mentir le ciel;
Subjugué malgré moi, je sens la Tragédie,
Et plus attendriffante, & plus approfondie, &c.

Ces vers font faciles, & ne font pas dénués d'une certaine grâce. Nous defirerions, pouvoir donner le même éloge à tout le refte de la Pièce; mais nous avouons que l'Auteur ne nous paroît pas s'être affez défendu de cette contagion trop générale, qui femble avoir mis à la mode, le vague des idées, l'incorrection du ftyle, l'incohérence

des métaphores, le vuide des grands mots, en un mot, ce ton fauffement fententieux qui annonce la prétention de penfer, mais qui en décèle encore mieux la malheureuse' impuiffance. Un autre défaut non moins effentiel à éviter, & qui eft encore celui de prefque toutes les Pièces de Concours, c'est le manque abfolu de plan & de marche. Elles n'ont ni but, ni commencement, ni milieu, ni fin. La règle de favoir bien ce que l'on a à dire, règle qui fe trouve renfermée dans un vers thecnique de l'Ontologie,

Quis, quid, ubi, quibus auxiliis, cur, quomodè

quandò,

femble n'avoir jamais été connue de nos jeunes Auteurs. Il eft vrai que l'art de favoir fe tracer un plan, & de fuivre une marche sûre, eft d'autant plus difficile, qu'il fuppofe beaucoup de véritable efprit, ce qui, comme on fait, est toujours très-rare.

VARIÉTÉ S.

LETTRE au Rédacteur de la partie Littéraire du Mercure.

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Uz penfez-vous, Monfieur, de la manière dont on s'y eft pris, dans la critique du Dithyrambe. pour juftifier l'Homme de Lettres qui, dans l'opinion publique, paffe pour en être l'Auteur? Ne doit-il pas être bien touché, bien reconnoiffant d'une parèille apologie? Si cet ouvrage étoit de lui, il auroit, fans autre motif qu'une gloriole puérile, violé,

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