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Je le répéterois cent fois : ce Critique n'a jamais eu aucune idée de la Poëfic. Voyons du moins fi, lorfqu'il s'agit de Phyfique, il eft plus heureux:

Sur le char du Soleil Newton prend fon effor
Dans fes plus purs rayons observe la lumière,
Cherche des élémens la fubftance première,
Pèfe cet Univers dans l'espace emporté ;
Kival & confident de la Divinité,

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Le monde qu'elle a fait, c'est lui qui le mesure.

t

Qand on invoque la vérité, & qu'on parle du vraï Systême du monde, il ne faut pas faire voler Newton fur le char du foleil, parce que le foleil, qui eft immobile dans ce fyftême, n'a plus de char.

Le foleil, dans les principes de Newton n'eft point immobile, & ne peut l'être je ne laiffe pas d'avouer que cette image fur le char du foleil cft trop étrangère au fujet.

Newton n'obfervoit pas la lumière dans les rayons du foleil ; il décompofoit la lumière; & c'étoient les couleurs primitives qu'il obfervoit dans les rayons du foleil, qui font tous également purs.

Newton a décompofé la lumière, comme le fait quiconque a vu les expériences du prifme; mais ne pouvant pas dire en vers décomposer la lumière, on a pris le mot le plus analogue & le plus voisin de Pidée cat pour décompofer la lumière, il falloit Pobferver, & dégager de leur mêlange les rayons primitifs, dont chacun forme une couleur, & qui ne font vraiment purs que lorsque le prifme les a démêlés.

:

Il (Newton) n'avoit garde de perdre fon temp's à chercher la fubftance primitive des corps.

J'ai pourtant oui-dire que Newton, à la fin de fon Optique, s'eft occupé de la queftion des élémens des corps, qu'il traite, à la vérité, en Phi,

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lofophe, c'est-à-dire en doutant ; & c'est peut-être pour cela que le Poëte s'eft fervi du mot cherche. Il ne fongeoit pas davantage à pefer l'Univers. Newton a déterminé les maffes des planètes principales ; il a calculé les loix de la pefanteur; ce qui s'appelle pefer l'Univers dans le langage des

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On n'eft pas le rival de la Divinité, pour mefurer le monde qu'il a fait, pas plus qu'on ne feToit le rival de Perrault pour avoir mesuré la colonnade du Louvre.

Je ne fuis pas furpris que le Critique ait trouvé trop hardie cette hyperbole poëtique, rival de la Divinité, quoique Halley, un Aftronome, ait dit, en parlant de Newton:

Nec fas eft propiùs mortali attingere divos.

Mais comment peut-on hafarder l'incroyable rapprochement de l'ouvrage du plus grand Génie, de celui d'un Arpenteur ? Comment un homme qui s'érige en Critique a-t-il pu comparer Newton, mefurant la marche des corps céleftes, & découvrant Je grand principe de la gravitation, à un Maçon qui mefure la colonnade du Louvre ? C'eft peutêtre l'idée la plus étrange qu'ait jamais produit l'efprit de chicane & de dénigrement.

mot à

Après avoir ainfi épluché vers à vers mot, les deux tiers de l'Ouvrage, & paffé fous filence le tableau des Tragédies de Voltaire, étalé » dans le temple où il eft introduit (morceau de poëfie affez remarquable), le Critique femble faire grace au Poëte pour tout le refte.

Nous ne poufferons pas plus loin, dit-il, cette Analyfe, parce qu'elle ne nous présenteroit que les mêmes fautes à relever.

Or, remarquez, s'il vous plaît, Monfieur, que

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ce qui lui teftoit à examiner, se réduit à trois mor ecaux, dont l'un, fur les Poëfies légères, ne préfente guère à la critique que quelques vers où l'harmonie a été facrifiée à la précifion ; & les deux autres, favoir, le fuperbe morceau fur l'Hiftoire, & la comparaifon de la chaîne des montagnes de l'Amérique avec l'étendue & la diverfité du génie de Voltaire, ont été fi univerfellement & fi fort applaudis, que le Critique n'a pu se dispenser d'en faire le plus grand éloge,

A quoi penfoit-il donc, en difant que l'Analyse du refte de l'Ouvrage ne lui préfentoit que les mêmes fautes à relever? Il ne vouloit, dans ce moment, que déprimer les endroits mêmes qu'il n'examinoit pas, comme font prefque tous les Critiques; & il en prenoit la formule. La réflexion l'a rendu plus jufte, & nous devons lui en favoir gré.

Il y avoit une critique judicieufe à faire de cet Ouvrage, comme de tous les bons Ouvrages; mais il falloit, pour cela, une étude de la Poëlie, & furtout une impartialité qui manque abfolument à l'Auteur de cette Analyfe. Il a relevé avec jufteffe quelques légères incorrections de style, quelques négligences du côté de l'harmonie, quelques manques de précision. Mais il n'a jeté aucune lumière fur les maffes ni fur l'enfemble de l'Ouvrage. Il cherche le mal, & jamais il ne fait entrevoir le mieux. Il ne s'eft attaché qu'à de petits détails; & dans ces dérails même, il a vu trouble, & cru appercevoir des taches qui n'y étoient pas. Enfin l'envie de nuire l'a rendu mal-adroit; & l'on peut dire à fa louange qu'il ne fait pas être méchant,

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SPECTACLES.

ACADÉMIE ROYALE DE MUSIQUE.

LE Es changemens faits à l'Opéra d'Écho & Narciffe, confiftent en très-peu de chose. On a fupprimé quelques détails, une Scène du fecond Acte, & tranfpofé quelques au- . tres; mais il n'en eft rien réfulté d'avantageux pour l'ouvrage, en le regardant simplement comme compofition muficale. S'il ne peut rien ôter à la réputation de M. Gluck, il ne doit rien y ajouter. Le rôle d'Écho eft foible, monotone & dénué de toute espèce d'accent, même de celui qui tient à la douleur. Prefque tous les airs que chante Cynire ont de l'agrément; mais ils font dénués de la véritable expreflion dramatique, qui jufqu'ici a été regardée comme la partie la plus brillante du talent de M. Gluck. Nous en exceptons celui de la fixième Scène du fecond Acte, qui commence par ces mots: fa voix plaintive & gémillante. Narciffe crie plus. qu'il ne chante; il a toujours le même accent, & cet accent fatigue l'oreille fans rien dire à l'ame. Nous avons pourtant diftingué dans ce rôle le morceau, o combats! ô défordre extrême! M. Gluck n'a peut-être rien fait en fituation qui foit fupérieur à cet air, vrai

ment digne d'un grand Maître. L'égarement, le trouble, le remords, le defefpoir y font peints de la manière la plus vraie & la plus énergique. La partie des accompagnemens eft égale en beautés à la partie principale, & le tout forme un enfemble fait pour émouvoir, & qui mérite les plus grands éloges. Plufieurs airs, & deux chœurs du fecond Acte, ont rappelé à l'idée des Amateurs de l'Opéra, d'autres morceaux déjà applaudis dans les précedentes compofitions de M. Gluck. Le choeur qui termine le troifième Acte eft d'une facture facile, harmonicufe & bien entendue, & le chant en eft très-agréable. Tous les airs de ballet font bien faits; mais il y en a quelques-uns qui n'appartiennent point à l'Auteur d'Écho.

Les perfommages font repréfentés par Miles Beaumefnil, Girardin, Joinville & Gavaudan, & par MM. le Gros & Lainez. Nous ne dirons rien du rôle d'Écho, qui n'a ni chant ni action. Nous donnerons des éloges à M. le Gros, pour la pureté de fon organe, fon adreffe & la délicateffe de fon goût, & nous engagerons avec grand plaifir M. Lainez à cultiver & à étendre de plus en plus le talent, l'ame & l'intelligence qu'il a déployés de la manière la plus avantageuse dans le rôle de Narciffe,

Les ballets ont été fort applaudis; ils font de la compofition de M. Noverre. L'exécu tion en eft parfaite. MM. Gardel l'aîné & le

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