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pays, où nous avons un fort, eft entre Bofton & Hallifax, c'eft la contrée la plus feptentrionale de la nouvelle Angleterre; elle est en grande partie déferte; l'unique production qu'elle offre confifte en des forêts immenfes d'où l'on peut tirer d'excellens bois de conftruction & fur tout des mats. Dans les circonf tances préfentes ce font des matériaux trèsprécieux; mais pourrons-nous conferver la facilité de les couper, & fi notre fort ne nous eft pas enlevé à la fuite d'une tentative plus heureuse, pourrons-nous tirer un grand parti de ces bois? C'eft en Europe qu'il faudroit les conduire, & que d'embarras & de lenteurs dans le transport!

D'après nos nouvelles particulières, la perte faite par les Américains à Pénobscott eft réelle; mais l'Amiral Collier ne dit pas, dans les dépêches que la plupart des bâtimens qu'ils ont perdus ont été détruits par euxmêmes. Ils n'ont pas voulu qu'il nous reftât grand-chofe de cette expédition plus glorieufe qu'utile. On ne remarque pas fans peine l'attention avec laquelle nos Généraux peignent toujours les ennemis difpofés à prendre la fuite devant eux. C'eft une maladreffe, dit un de nos papiers, car ils affoibliffent par-là la gloire de leur triomphe. C'eft auffi une injuftice, puifque les Américains font Anglois; & c'eft un principe reconnu parmi nous qu'un Anglois, a une intrépidité naturelle qui ne lui permet pas une conduite auffi pufillanime".

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D'autres papiers dont les Auteurs ont une opinion moins faftueufe du caractère Anglois, prétendent qu'au moins actuellement la Nation a généré, & que la fuite de la flotte Britannique devant les François & les Espagnols, permet à nos I ennemis de la traiter comme nous traitons les Américains. Le feul John Lockhart Roff, ajoutent-ils, a montré que le vrai fang Anglois cou loir encore dans fes veines; fe trouvant fur fon gaillard d'arrière, en vefte, prêt au combat, fa lunette à la main, il la jetta à la vue du figual de retraite, appella fon domeftique, le chargea d'ordonner auffi-tôt au Charpentier de clouer les volets de fa chambre de manière que le jour ne pût y entrer. M. Colpoys, fon Capitaine, fit apporter auffi-tôt le livre de lock & le jetta à la mer, en difant On ne produira pas en Juftice contre moi un livre de lock fur une fuite. Plufieurs matelots de quelques vaiffeaux éprouvèrent le même fentiment de honte. On en vit un fur le Royal George, fe déshabiller & couvrir de fa vefte la figure de la proue qui repréfente le Roi George II, en s'écriant que ce grand Roi ne devoit pas voir une action auffi honteufe. Que dircit Cromwel, demandoit-on ces jours derniers dans un Café, s'il reffufcitoit, & fût témoin de ce qui fe paffe? Il ne diroit sien, répondit-on, mais il agiroit..

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On eft fort curieux d'apprendre fi le Chevalier Hardy fortira de nouveau, il fe paffe peu de jours qu'on ne publie qu'il a fait le fignal d'appareiller, & il refte toujours dans

le port. Cette inaction prouve qu'en effet il n'a pas reçu tous les renforts dont il a befoin, & que ce n'eft qu'avec peine que depuis fa rentrée, on a pu lui donner encore quelques vailleaux; la néceffité où l'on a été d'en

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à la

détacher quelques uns pour les envoyer pourfuite du Commodore Paul Jones, doit le retenir encore jufqu'à leur retour. Cet Américain avec fa flotte, répand la terreur fur les côtes d'Irlande. On prétend que dans le combat qu'il livra au Séraphis, fon vaiffeau fut fi maltraité que le Capitaine du Séraphis lui cria de se rendre ou qu'il le couleroit bas; fais-le fi tu peux, répondit Paul Jones; je me rendrai plutôt au diable qu'à un Anglois. Ce redoutable Américain étoit en vefte, en longues culottes de matelot, avec un fabre à la main & un ceinturon garni d'une douzaine de pistolets chargés. Le Capitaine Pearfon, qui commandoit le Séraphis, étoit nommé au commandement de l'Endymion, de 44, depuis peu lancé à la mer à Lime Houfe. Le Séraphis étoit un des plus beaux vaiffeaux de notre marine, & avoit été conftruit à Deptford fur un nouveau modèle, & eft doublé en cuivre. L'Edgar, vaiffeau de 74 canons, le Prudent de 64, quelques autres vaisseaux & des frégates ont été expédiés contre Paul Jones, les uns par le nord, les autres par le détroit de Calais; on efpère qu'ils pourront, en fe réunillant, le mettre entre deux feux. Son efcadre confifte en deux vaiffeaux, l'un de 40, l'autre de 44 canons & deux frégates de 32, deux brigantins de 18 & 2 allèges; il a, dit-on, foo hommes fur le vaiffeau qu'il monte, & on porté à 2000 le nombre de tous ceux qui font répartis fur fon efcadre; on dit qu'il eft aufli pourvu de pilotes qui

connoiffent à fond toutes nos côtes depuis Edimbourg jufqu'à Harwich.

Nos nouvelles des Indes Occidentales font encore très-vagues. On prétend que l'efcadre Françoife a été vue le 27 Juillet à la hauteur d'Antigoa, forte de 24 vailleaux de ligne, de 8 frégates, avec des vailleaux de transport affez nombreux pour avoir 6000 hommes à bord. Ces derniers paroiffant venir de la Guadeloupe, fe font joints à l'efcadre Françoise à la vue d'Antigoa. Le même jour, ajoute-t-on, l'efcadre de Byron, forte de 21 vaiffeaux de ligne, dont un en toue, parur auffi à la vue de l'Ifle, de manière que la proximité des deux flottes faifoit préfumer, qu'il y auroit bientôt un combat. Ceux qui débitent ces nouvelles, oublient que dans les lettres que la Cour a publiées il y a peu de tems, il y en avoit une de l'Amiral Byron, en date de St-Criftophe le 3 Août; il n'y parloit d'aucune difpofition prochaine à for tir, & il annonçoit qu'il s'y étoit retiré depuis le combat de la Grenade; il ne pouvoit donc pas avoir été vu devant Antigoa le 27 Juillet précédent. Une lettre de StChriftophe en date du 25, n'annonce pas qu'il foit fi près de fortir."

» La fupériorité du pavillon Britannique n'exifte plus fur ces mers. Après le malheureux combat de la Grenade, l'Amiral Byron eft venu en cette Hle pour réparer fes dommages. Le Comte d'Efraing s'eft préfenté à l'entrée du port, & a offert un nouveau combat, que l'Amiral n'a pu accep-. ter. La fupériorité des François étoit trop décidée tant à l'égard du nombre que de l'état des vaif

feaux. Après avoir affuré fon défi, en reftant plufieurs heures devant notre efcadre qui mouilloit M. d'Estaing remit à la voile, très probable ment dans le deffein de faire des conquêtes ultérieures. Suivant toutes les apparences, la Barbade & Tobago en feront les objets. Ce font les feules Ifles du vent qui nous reftent. Heureux encore fi celles fous le vent ne font pas attaquées à leur tour. Comme le Général Grant, à la tête de 2500 hommes, eft arrivé avec l'efcadre à Baffe terre, nous croyons qu'une partie en restera ici pour la défenfe de l'Ifle. L'affemblée a voté le 16 de ce mois la fomme néceffaire pour l'entretien de 2000 hommes, à raifon de 6 fols par jour pour chaque - foldat. Le Confeil auroit defiré qu'on en accordất 9, mais la charge pour les colons fera affez pelante. Cependant il vaut mieux payer qu'être conquis. Les affaires dans cette partie du monde ont depuis trois mois changé de face d'une façon bien fingulière & bien mortifiante. Le brave Barrington eft allé en Angleterre pour y faire le ta bleau de notre fituation. Entr'autres plaintes, il n'oubliera pas la mauvaise qualité de la poudre dont la flotte étoit pourvue, c'eft un nouvel échan! tillon de la manière dont le Gouvernement eft fervi par ceux à qui il accorde fa confiance «.

Selon les lettres de la Grenade, les François y ont pris plufieurs bâtimens chargés des productions de cette Ifle, dont un avec 400 barils de rhum pour Québec. La plus grande partie de la récolte de fucre de l'année précédente, qui montoit à 50,000 tonneaux, eft aufli tombée entre leurs mains.

L'effroi eft général à la Jamaïque; on y a publié la loi martiale, & fait prendre les armes à tous les habitans en état de les porter; on en évalue le nombre à plus de 10,000

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