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'de Mouchy, la Vicomteffe de Noailles & le S. Mathieu, partis le 23 Avril, ont mouillé au Cap le 23 Mai. Le dernier s'eft rendu enfuite à la Havane. L'arrivée d'un fi grand nombre de bâtimens marchands dans nos Ifles, y a fait tomber confidérablement le prix de toutes les denrées.

On craignoit pour la petite flottille du Capitaine Paul Jones, qui vient de fe diftinguer d'une manière fi fignalée fur les côtes d'Ir-lande, lorfqu'on a appris qu'il avoit relâché au Texel, montant le Séraphis, le Bon homme Richard qu'il montoit auparavant ayant coulé bas. On ne fait pas s'il s'eft emparé de quelques-uns des bâtimens de transport que convoyoient le Séraphis, & l'autre frégate qui a été prife avec lui.

» Le corfaire le Monfieur, de ce Port, écrit-on de Granville, eft de retour de fa croisière; il a amené avec lui un bâtiment Anglois, venant de la Ja maïque, du port de 400 tonneaux, chargé de fucre, d'indigo, de bois de teinture, &c. Les autres prifes que ce corsaire a faites & qu'il a envoyées à St-Malo & à l'Orient, font deux petits navires Anglois, chargés l'un de morue & l'autre de vivres, & un bâtiment Espagnol qu'il a recous. La frégate la Terpficore, commandée par M. 'le Chevalier, de Lombard, délivra le 23 du mois dernier un navire de Bordeaux, venant des Cayes St-Domingue; le corfaire qui s'en étoit emparé prit la fuite à l'ap proche de la frégate. On dit que la frégate Espagnole la Sainte-Monique, de 26 canons, qu'on croit être de la divifion de D. Ulloa, a été prise à la hauteur des Açores par la Perle, frégate Angloise de 36, après un combat de plufieurs heures, pendant lefquelles l'engagement a été des plus vifs & de bord à bord: elle n'a cédé qu'à la fupériorité

de fon adverfaire, après avoir eu 72 hommes hors de combat «.

Selon des lettres d'Espagne, les troupes s'approchent de Gibraltar. Le 12 du mois dernier, les ennemis commencèrent leur feu; ils tirèrent 600 coups de canon, qui ne tuèrent qu'un feul foldat.

» On lit dans une lettre de Lille que le brave Royer eft de retour d'une nouvelle croifière avec un vaiffeau Anglois de 10 canons, chargé en marchandifes, dont il s'eft emparé après un combat affez vif. Suivant les loix de la guerre un vaiffeau, dès qu'il a baiffé pavillon devant fon vainqueur, ne peut plus fe fervir de fes armes ; malgré cette loi le Capitaine Anglois, après s'être rendu, voyant venir la chaloupe de Royer avec 11 hommes pour amariner fon vaiffeau, lâcha toute fa bordée chargée à mitrailles fur la chaloupe, qu'il coula bas, & crut par cet artifice avoir affez affoibli Royer pour tenter l'abordage; mais indigné d'avoir vu périr ainfi fes gens, le brave Royer ne fe poffédant plus exhorte le refte de fon équipage à venger la mort de leurs camarades, prévient l'Anglois, T'aborde & en paffe tout l'équipage au fil de l'épée à l'exception du Capitaine & d'un matelot qu'il trouya cachés : il les a ramenés à Dunkerque, où, fuivant les loix de la guerre, ils devroient être pendus à la grande vergue de fon vaiffeau «.

La frégate la Surveillante, de 26 canons de 12 & 6 de 6, commandée par M. du Couëdic, Lieutenant de vailleau, croifant à la hauteur d'Oueffant, avec le cutter l'Expédition, commandé par le Chevalier de Roquefeuil, Lieutenant de vaiffeau, découvrit le 7 de ce mois, à la pointe du jour, une frégate & un cutter Anglois. M. du Couedic fit fignal à l'Expédition de fe préparer au combat, & força de voiles pour s'en appro

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cher. Parvenu à la demi-portée de canon, il are bora le pavillon François, qu'il affura d'un coup de canon à boulet. Les bâtimens ayant mis en panne & ayant reçu dans cette pofition fa bordée, arrivèrent.. M. du Couëdic revira pour le mettre au même bord & combattre la frégate, tandis que le Chevalier de Roquefeuil combattroit le cutter. Le combat s'engagea bord à bord à dix heures & demie, & fut des plus vifs & des mieux foutenus de párt & d'autre. A une heure après-midi, la Surveillante fut démâtée de tous les mâts; peu de minutes après, la frégate Angloife éprouva le même fort. Ces deux bâtimens, privés de tous leurs mâts, dans l'impoffibilité de manœuvrer continuèrent à combattre avec la même chaleur. M. du Couëdic, quoique bleffé très-grièvement, n'abandonna point le gaillard de fa frégate, & la proximité des deux bâtimens permettant de tenter l'abordage, ordonna à fon équipage de fauter à bord. Déja fon beaupré étoit engagé dans les débris des mâts de fon ennemi; les François étoient prêts à fe lancer, lorfqu'on vit tout le gaillard de la Frégate Angloife en feu. Il fe communiqua rapidement au beaupré de la Surveillante. M. du Couëdic, par une manoeuvre habile & vive, s'éloigna à l'aide de quelques avirons, éteignir le feu de fon beaupré, & s'occupa à fauver quelques Anglois qui s'étoient jettés à la mer; 45 gagne rent fon bord, & à 4 heures la frégate Angloife fauta en l'air. Cette frégate étoit le Québec fortie de Plymouth depuis cinq jours, comman-. dée par le Capitaine Farmer, doublée en cuivre & montée de 32 canons, dont 26 de 12, & 6 de 6. La Surveillante a eu 30 hommes tués & 85 bleffés parmi les premiers, eft M. Pinquet, Of ficier auxiliaire. M. du Couëdic a reçu trois bleffures, dont deux font très-dangereufes, les balles étant reftées dans les reins. M. de la Bentinaye, Enfeigne de Vaiffeau, a eu le bras droit emporté;

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le Chevalier de Loftange, Enfeigne de vaiffeau, a été bleffé à la tête, & M. Vautier, Officier au. xiliaire, l'a été grièvement à la poitrine. Lorsque le Québec eut fauté en l'air, le Chevalier de Roquefeuil abandonna le cutter qu'il combattoit ayant déjà perdu 30 hommes dans l'action, & vint au fecours de la Surveillante, pour la prendre à la remorque. M. Dufréneau, Officier auxiliaire fut chargé de la conduite de la frégate, & pourvut aux moyens de boucher plufieurs voies d'eau, produites far des coups de canon à flottaifon, & qui expofoient le bâtiment à couler bas. Elle fut ramenée à Brest le 8, remorquée par l'Expédition, mais fans mâts, avec la moitié feulement de fon équipage, & tous fes Officiers, à l'exception d'un feul, tués ou bleifés.

M. de Sartine ayant rendu compte au Roi de ce combat, S. M. a accordé la Commiffion de Capitaine de Vaiffeau à M. du Couëdic, & fe réferve d'accorder des récompenfes aux Officiers & à l'équipage, ainfi qu'aux familles des Gens de mer, auffi-tôt que l'état des morts & des bleffés lui aura été préfenté.

Ön écrit de Baume, en Franche-Comté, en date du 21 Septembre dernier, le fait fuivant qui paroîtra bien extraordinaire.

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»M. le Marquis de Rouault Gamache, Grandd'Espagne, Capitaine au Régiment de Royal-Piémont, & fon époufe, née Choifeul, venoient de Strasbourg, & s'en retournoient par la Bourgogne lorfque le Samedi, 11 du mois dernier, ils curent le malheur d'être précipités fous les hauts rochers qui bordent prefque perpendiculairement la route, vis à-vis d'Enans. M. d'Enans, Avocat du Roi au Préfidial de Befançon, témoin de cet effrayant fpectacle, fe mettant à la tête des Habitans du lieu vola au fecours des Voyageurs. Madame d'Enans envoya en même tems avertir des Prêtres & des

Chirurgiens, M. d'Enans avoit obfervé que la voi ture, en tombant à plomb fur un premier banc de rochers, s'étoit brifée en partie; qu'enfuite, après une nouvelle chûte au-dessous du fecond banc elle avoit volé en éclats, & que rien n'étoit tombé plus bas, à l'exception d'une roue qui avoit rou lé dans le Doux. La difficulté étoit d'arriver au lieu de cette fcène, à caufe d'un autre banc de rochers inférieur aux deux premiers. On furmonta ces obftacles, & on parvint jufqu'à M. de Rouault; qui revenu un peu à lui dans l'intervalle, & n'ayant aucun membre fracturé, malgré une chûte de 80 toifes de hauteur, avoit remis un de fes fouliers à moitié tiré de fon pied, s'étoit relevé, avoit fait quelques pas pour chercher fon Epoufe, & étoit tombé bien-tôt prefque fans connoiffance. Ce fut dans cet état qu'il fut trouvé par M. d'Enans. Madame de Rouault étoit à environ so pas, retenue par fes habits à un buiffon, déjà affife & cherchant à fe dégager. La Femme-de-chambre, au premier faut de la voiture, avoit été jettée au pied du banc fupérieur, où on la trouva n'ayant, ainfi que fes Maîtres, que des égratignures & des contufions peu dangereufes. Le Domestique qui étoit derrière la chaile avoit fauté en arrière au moment de la chûte & s'étoit retenu aux gazons de la route. Le Poftillon affez heureux pour quitter à tems fes chevaux avoit pris la fuite: on ignore ce qu'il eft devenu, M. d'Enans donna à M. & Madame de Rouault tous les fecours poffibles dans les circonftances. Le bruit de ce malheur s'étant répandu, les habitans de cette ville & du voifinage s'empreffèrent d'accoufir fur les lieux; la joie éclata fur tous les visages dès que les Médecins & les Chirurgiens eurent af furé qu'il n'y avoit aucune espèce de danger. Le feul des trois chevaux de la voiture qui n'avoit pas été entièrement moulu, roula du haut en bas, & manqua, dans fes diverfes cafcades, d'écrafer quantité de perfonnes. Il paffa à quelques pieds de M.

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