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l'abandon de la moitié des esclaves & de tous les biens mobiliers qui fe trouvent dans l'Isle & dans le Port. Le Lord a cru qu'il étoit plus avantageux aux fujets naturels de l'Ifle, & plus conforme à l'honneur de la dignité d'un grand Empire, de ne dépendre que du droit des gens & de la générofité des Souverains. Il s'eft perfuadé que s'il eût accepté les conditions qu'on lui propofoit, il fe feroit lié naturellement, & auroit lié par-là fon Souverain & fes compatriotes. Si l'Ifle à la conclufion de la paix, doit refter entre les mains du Roi de France, le Lord connoiffoit trop bien la juftice de la Cour de Verfailles, le fyftême de douceur qu'elle a adopté, pour craindre qu'elle opprime les fujets dans aucune partie du monde, fulent-ils nés au Cap Cormorin ou à Toboski; & fi l'Ifle doit être rendue à l'Angleterre, il étoit raifonnable d'attendre de S. M. T. C. qu'elle dédaigne d'ufer avec rigueur du droit de conquête, & d'impofer des conditions plus dures que celles qui ont été accordées à fes fujets à la Marti nique, à la Guadeloupe, à la Grenade, &c. lors de la conclufion du dernier traité de paix.

» Les ennemis du Gouverneur infinuent de leur côté, par des bruits fourds qui n'en font que plus dangereux à fa réputation., qu'il a eu la liberté de dicter lui-même les conditions, pourvu qu'il fe foumit fans coup férir, & qu'il auroit pu de la forte conferver la propriété & les priviléges du fujet Anglois. Il eft fâcheux en effet pour ce Lord de n'avoir pas demandé l'explication de fes ordres, de n'avoir pas cherché à éclaircir un feul doute, de n'avoir pas fongé à demander à tems des enforts, lorfqu'il y avoit 4000 hommes de troupes dans fon voifinage. Après avoir manqué à cette partie de fon devoir, il ne falloit plus fonger à combattre; fon courage l'a emporté ; il a mieux aimé fe défendre que de s'occuper à fabriquer des

taifons pour le juftifier de ne l'avoir pas fait. $4 véritable excufe eft de n'avoir pas voulu s'abaiffer à donner un exemple qui n'a encore été don né qu'en Allemagne, à la bataille de Minden, où le Lord Germaine refufa de charger avec la Cavalerie; il n'a pu rejetter les propofitions qu'on dit lui avoit été faites, parce qu'elles ne l'ont point été : & qu'il n'eft pas vraisemblable qu'on en ait pu faire de pareilles ".

Nous n'avons aucune nouvelle récente des Antilles. On ignore pofitivement ce que fait l'Amiral Byron; on a dit qu'il avoit été joint par l'Amiral Arbuthnot; mais ce bruit n'a pas fait fortune; on fent qu'avant d'arriver à Sainte-Lucie, il faut qu'il ait touché du moins à NewYorck pour fe raffraîchir ; & il eft für que la frégate la Grey-Hound partie de New Yorck le 25 Août, n'avoit pas encore entendu parler de l'approche de cet Amiral. La retraite de M. Byron eft à préfent décidée. C'eft l'Amiral Rodney qui eft nommé pour le remplacer; il a eu l'honneur le rer de ce mois de baifer la main de S. M. en cette qualité; on ne dit point encore quand il partira; il feroit important qu'il conduisît avec lui des vaiffeaux & des troupes. Sans un ren fort, fa commiffion deviendra très-difficile à remplir. En attendant, quelques-uns de nos papiers annoncent que le Comte d'Ef taing a quitté ces parages pour fe rendre à New-Yorck. Si cette nouvelle eft vraie, elle laiffera refpirer nos planteurs; mais elle doit inquiéter le Gouvernement qui dans ce cas

doit craindre de perdre l'armée qu'elle a fur le Continent, & le petit nombre de vaiffeaux qui fe trouvent fur les côtes. La guerre y feroit abfolument finie, & il ne faudroit pas espérer de pouvoir la recommencer avec quelque avantage. Tous nos fuccès dans cette partie du monde fe réduisent à l'établiffement que nous avons fait à Penobfcott, & qu'il eft à craindre que nous ne confervions pas long- tems, La dévaftation portée par nos troupes dans cette rivière, n'a pas fait à Bofton la fenfation qu'on attendoit; les troupes qu'on difoit devoir périr dans les bois où elles s'étoient réfugiées, font revenues dans cette ville, où l'on méditoit de renouveller l'expédition par terre, & on ne feroit pas étonné qu'elle eût plus de fuccès. Du côté de la rivière North, le Général Clinton a repris le pofte de Stony-Point; mais il est à craindre qu'il ne le garde pas longtems. Ses dépêches publiées dans la gazette de la Cour, dus de ce mois, ne contiennent que les détails de cette expédition, ceux d'une tentative infructueufe des Américains fur Verplanks, de fes efforts pour engager le Général Washington à un combat qu'il évite toujours, & qu'il préfentera lui-même fi la flotte Françoife paroît en effet, pour le feconder après avoir détruit toutes nos forces navales. Les autres affaires dont le Chevalier Clinton rend compte, fe réduifent à des dévaftations déjà connues

par les dépêches de l'Amiral Collier, & qui font très-propres à refroidir le zèle des Colons qu'il affecte de peindre toujours dans les meilleures difpofitions pour la Grande-Bretagne. On ne conçoit pas com ment ce zèle n'a pas produit plus d'effet depuis le tems qu'on en parle. S'il en exiftoit réellement la moitié de ce que l'on dit, nous ferions à préfent les maîtres par tout.

On prétend que le Miniftre de Heffe a préfenté au Roi, le premier de ce mois, une copie du traité de fubfide entre S. M. & le Prince de Heffe, pour 12,000 hommes de troupes que ce dernier doit fournir à la Grande-Bretagne. Ces troupes font, dit-on, deftinées à ouvrir la campagne prochaine en Amérique, & le Prince Ernest de Mecklembourg, beau-frère de S. M., les commandera. Ce nouveau traité, dit un de nos papiers, prouve qu'on s'eft trompé lorfqu'on a dit que le projet du gouvernement étoit de fe borner à inquiéter le commerce de l'Amérique, en abandonnant les places que nous y occupons, & que nous ne confervons qu'au moyen d'une continuelle effufion de fang, en répandant partout la défolation & l'incendie.

Le fameux Paul Jones a échappé à tous les vaiffeaux envoyés pour le poursuivre ; il s'eft retiré au Texel, & il eft à craindre qu'il ne revienne de nouveau porter l'effroi fur nos côtes; on n'évalue pas à moins de 15,000 liv. fterl. la part qui lui eft revenue

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des prifes qu'il a faites avec fon efcadre.

On eft malheureufement informé d'affez bonne part que le Gouvernement vient d'avoir l'imprudence d'indifpofer contre lui les ifles de Jersey & Guernesey, en y envoyant un Prifeur & des OFficiers de l'Amirauté, pour y lever un droit que cette dernière réclame. Cette manoeuvre que les Guernéfiens appellent une exaction, les a tellement irrités qu'ils ont chaffé de chez eux les Commiffaires. Ceux qui ont été envoyés à Jersey, y font reftés, quoique contre le gré du Général Conway, Gouverneur de l'Ifle. On dit même que ce Général a fait publier dans les Eglifes une proclamation contre la légitimité de cette nouvelle entreprise de finance. Les anciennes loix normandes encore en vigueur dans cette Ifle, ainfi que les loix Angloifes, font également & à volonté les guides du premier Juge du pays. Il pourroit arriver aux Commiffaires de l'Amirauté & à fon Prifeur, d'être aliommés avant de faire aucune vente; on les a déjà menacés de les transporter en Angleterre ou de les jetter à la mer. On doit obferver que les filous de cette Ifle, ou ceux qui y commettent des crimes qui ne font pas capitaux, font fouvent condamnés à être transportés en Angleterre «.

Le Parlement qui devoit s'affembler le 7 de ce mois, en conféquence de fa dernière prorogation, a été encore prorogé jufqu'au 25 Novembre, jour auquel, eft-il dit dans la proclamation, les deux Chambres s'affembleront pour expédier des affaires de la plus grande importance.

Des lettres non authentiques de Hollande, ont répandu le bruit qu'Halifax, capitale de la nouvelle Ecoffe, a été prife d'affaut le 15 Août, par un corps de 6000 Américains, fe

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