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nouvelles n'eft authentique ; elles font affurément vraisemblables, mais auffi peut-être ne font-elles pas vraies. Si elles l'étoient, l'Amiral Byron ne feroit pas plus heureux en messages qu'en expéditions. On connoît les tempêtes qu'il a effuyées l'année dernière, & qui ont fait obferver que depuis l'âge de 9 ans, il n'avoit ceffé d'en éprouver de dangereuses. Avec tous les talens auxquels on rend justice, on dit qu'il n'auroit jamais eu de commandement en France fous le Cardinal Mazarin. Ce Miniftre avant d'employer quelqu'un, avoit toujours l'attention de demander s'il étoit heureux.

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Quoiqu'il en foit de ces nouvelles pertes que nous avons faites ou que nous fommes menacés de faire, aux Antilles, notre commerce fent déja vivement celle de la Grenade, de la Dominique & de St-Vincent. La première, feule, produifoit année commune, 20,000 bariques de fucre qui, à 1 liv. fterl. chacune, faifoient 320,000 1. fter. 12,000 poinçons de rhum à 10 l. fter. 120,000 café, coton, cacao, au plus bas prix 600,000

Total.

1,040,000

La Dominique & St-Vincent produifoit beaucoup moins; la première parce qu'elle eft moins étendue, a un fol plus âpre; & la feconde, parce qu'elle eft continuellement expofée aux incurfions & aux ravages des caraïbes. Cependant l'évaluation du produit de ces deux Ifles a été portée pendant plufieurs années fur le pied le plus bas, à 9000 bariques de fucre pour la Dominique, 7000 pour St-Vincent. Total. . 16,000 qui, à 16 liv. fter. font : 260,000 1. fter. 10,000 poinçons de rhum.

100,000

café & autres art. fur un pied modéré, 700,000

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De manière que le commerce perd tous les ans, avec ces trois IAes, 2,096,000 liv. fterl, au moins. La néceffité de recouvrer d'un côté ce que nous avons perdu, de conferver de l'autre ce qui nous refte encore, forcera la Nation à faire les plus grands efforts; il paroît que ce n'eft que l'année prochaine qu'on se propose d'en faire de férieux & d'efficaces. Les troupes qu'on embarquera au printems compoferont plus de 12,000 hommes. Un de nos papiers a fait l'état fuivant des frais qu'elles entraîneront.

montera

» La dépense des bâtimens de transports pour ces troupes, à 2 tonneaux par homme, & à IL fchellings par mois pour chaque tonneau, à 22,000 liv. fterl. par mois. Ces bâtimens doivent être en état 3 mois avant l'embarquement, afin de les équippèr & de les envoyer dans les ports où les troupes doivent fe rendre. La traverfée d'une flotte qui fe rend dans l'Amérique Septentrionale, ou aux Ifles, eft d'environ 3 mois. Il s'en écoulera trois autres avant que ces vaiffeaux foient en état de repartir; ils en mettront autant pour leur retour en Angleterre ; c'est donc une année de fret de bâtimens qui coûtera au Gouvernement 286,000 l. fterl. pour le tranfport des troupes, fans compter leur fubfiftance qui, à 1000 liv. fterl. par jour deviendra un objet de 90,000 pour le tems qu'elles resteront à bord. Cette fomme ajoutée à la paye des tranfports, en fera une de 377,000 liv. fteri., & fi l'on y ajoute l'équipement des vaiffeaux, pour la réception des foldats, dépenfe très-considérable & beaucoup d'autres frais qu'on ne peut prévoir, 400,000 liv. sterl. ne fuffiront pas pour faire face à tout «<,

L'Amiral Byron a laiffé le commandement de la flotte à l'Amiral Rowley, qui doit être

relevé par l'Amiral Rodney, qui eft parti le 8 de ce mois pour Portfmouth. On dit ici qu'il a été y prendre le commandement d'une efcadre deftinée à renforcer celle qui eft aux Antilles; mais on doute qu'il parte de fi-tôt ; on ne peut pas diminuer la flotte de Sir Charles Hardy, qu'on a dit fans ceffe prêt à mettre à la voile & qui refte toujours dans le port; on prétend aujourd'hui qu'il ne fortira que quand les François & les Efpagnols feront fortis. Ce qu'il y a de sûr, c'eft qu'il n'a que 46 vaiffeaux, & que dans ce moment il ne lui en refte que 34, parce que l'Amiral Darby a eu ordre de fe rendre fur les côtes d'Irlande avec 12. left en conféquence forcé d'attendre fon retour; & M. Rodney paroît devoir refter en Angleterre jusqu'à la fin de la campagne en Europe.

L'heureuse arrivée de la flotte des ifles a fourni 2000 matelots à la marine Royale; cependant elle en manque encore. Le 7 au foir, il y a eu une preffe très-vive fur la Tamife & aux environs des deux côtés de la rivière. On a enlevé un grand nombre de jeunes gens qu'on a envoyés auffi-tôt à Lenox. Cette manière de lever des hommes en fournit fans doute; mais ce ne font pas des matelots.

L'Ordonnance rendue le 24 du mois dernier pour défendre l'exportation du cuivre hors du Royaume, en défendoit même le tranfport d'un port à un autre ; cette dernière difpofition ayant occafionné quelques

difficultés, a été changée; le tranfport reftera libre fous certaines conditions. L'emploi que la marine Royale fait à préfent de ce métal, a donné lieu à cette Ordonnance; on en double actuellement les vaiffeaux de ligne, même ceux du premier rang.

» Jeudi dernier, lit on dans un de nos papiers, après une plus grande épreuve de canon faite à Woolwich, on a fait l'effai d'une machine destinée à mettre le feu à un vaiffeau à 600 pieds de distance. L'effet a furpaffé l'attente de l'Auteur, & le feu a été porté à 1500 pieds au-delà de l'objet qu'il s'agiffoit d'enflammer. Lord Amherst & le Bureau d'artillerie ont fait des remercimens publics à l'Inventeur. Il paroît que la fin de ce fiècle fera remarquable par les progrès que les peuples civilifés auront faits dans le grand art de la deftruction .

On dit que le Parlement à fa rentrée s'occupera d'abord du plan d'une union plus étroite de l'Irlande avec nous. Il n'eft pas encore décidé fi cette union fera générale ou reftreinte à la partie méridionale du Royaume; quoiqu'il en foit, on ne croit pas que ce projet pacifique qui rencontre de la part de notre commerce & de nos manufactures les mêmes difficultés qui l'ont déja fait échouer, parvienne à détourner le parti de l'Oppofition toujours exiftant, du fyftême de défunion qu'il voudroit fomenter entre le Souverain & fes Miniftres actuels; & l'on eft perfuadé que la crainte de voir ce Parlement s'occuper beaucoup plus de ce second objet que du premier, eft la raifon de tous les retards qu'on a apportés à sa rentrée.

L'invention nouvelle d'une machine qui fimplifie prodigieufement la filature du coton & de la laine, a fait perdre à beaucoup de vieillards, d'infirmes, de femmes & d'enfans des moyens de fubfiftance que leur fournilloit ce travail. Plufieurs ouvriers fe font ameutés contre les maîtres qui font ufage de cette invention; c'eft fur-tout dans le Comté de Lancaftre que le foulèvement a eu lieu; toutes les milices cantonnées dans cette partie fe font mifes en mouvement pour remédier au défordre, & il y a eu beaucoup de fang répandu.

Au milieu des préparatifs militaires qui fe font de toutes parts, on parle toujours de paix; on revient à la médiation fi fouvent annoncée des Cours de Pétersbourg & de Berlin. Quelques perfonnes prétendent même déja que pour bafe du traité d'accommodement entre les Puiffances belligérantes, on exige que l'Angleterre confente à l'indépendance des Américains, à la ceffion de Gibraltar & de Minorque à l'Espagne, & à celle des conquêtes que la France a faites dans les Indesoccidentales. Nous fentons bien que cette paix doit nous coûter des facrifices; mais on ne voit pas que les chofes en foient encore venues à une telle extrémité que nous devions l'acheter à des conditions auffi dures. Nos Miniftres ne ceffent d'affurer qu'ils n'en accepteront aucune qui bleffe l'honneur de la Couronne & les intérêts de la Nation; mais il faut être en état de choifir; le ferons

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