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d'une fatisfaction convenable, & la proteftation de la partie fouffrante qu'elle fe tenoit hautement offenfée par ce refus, & qu'elle fe regarderoit déformais comme affranchie des devoirs de l'amitié & du lien des traités «<.

Les Nations qui refpectent la fainteté des fermens & les avantages de la paix, font les moins promptes à faifir les occafions qui femblent les difpenfer d'une obligation facrée & folemnelle, & ce n'eft qu'en tremblant qu'elles ofent renoncer à l'amitié des Puiffances dont elles ont long-tems effuyé l'injuftice & les infultes. Mais la Cour de Verfailles a ignoré, ou a méprifé ces principes. fages & falutaires ; & au lieu de pofer les fondemens d'une guerre jufte & légitime, elle fe contente de femer dans toutes les pages de fon manifefte, des plaintes vagues & générales, rendues dans un ftyle de métaphore & d'exagération. Elle remonte à plus de foixante ans pour accufer le peu de foin de l'Angleterre à ratifier quelques réglemens de commerce, quelques articles du traité d'Utrecht; elle fe permet de reprocher aux Miniftres du Roi d'employer le langage de la hauteur & de l'ambition, fans s'abaiffer jufqu'au devoir de prouver des imputations auffi peu vraifemblables qu'elles font odieufes. Les fuppofitions gratuites de la mauvaise foi & de l'ambition de la Cour de Londres, font confufément entaffées comme fi l'on craignoit de s'y arrêter l'on infinue d'une manière très-obfcure les infultes prétendues qu'ont effuyés le commerce, le pavillon, & même le territoire François,» & on laiffe échap. » per enfin l'aveu des engagemens que le Roi Très» Chrétien avoit déjà formés avec l'Espagne pour »venger leurs griefs refpectifs, & pour mettre

:

un terme à l'empire tyrannique que l'Angleterre » a ufurpé & prétend conferver fur toutes les » mers". Il eft difficile de combattre des fantô

mes, ou de répondre d'une manière nette & précife au langage de la déclamation. La jufte confiance du Roi defireroit fans doute de fe livrer à l'examen le plus approfondi de ces plaintes vagues, de ces griefs prétendus fur lesquels la Cour de Verfailles a fi prudemment évité de s'expliquer avec la clarté & le détail qui pourroient feuls appuyer les raifons & faire excufer les procédés. Pendant une paix de quinze ans, les intérêts de deux Nations puiffantes & peut-être jalouses, qui fe touchent par tant d'endroits différens dans l'ancien & dans le nouveau monde, fourniffent inévitablement des fujets de plainte & de difcuffion, que la modération réciproque fauroir toujours affoupir, mais qui ne font que trop facilement aigris & empoisonnés par la haine réelle, & les foupçons affectés d'un ennemi fecret & ambitieux; & les malheurs de l'Amérique étoient trop propres à multiplier les efpérances, les prétextes & les prétentions injuftes de la France. Cependant telle a été la conduite toujours uniforme, & toujours pacifique du Roi & de fes Miniftres, qu'elle a fouvent réduit fes ennemis au filence, & s'il est permis d'appercevoir le vrai fens de ces accufations vagues & équivoques, dont l'obfcurité étudiée décèle les traits de la honte & de l'artifice, s'il eft permis de démêler les objets qui n'ont point d'existence, on peut affurer avec la hardieffe de la vérité, qu'il eft plufieurs de ces griefs prétendus qui font annoncés pour la première fois dans une déclaration de guerre, fans avoir jamais été propofés à la Cour de Londres, dans le tems qu'elle auroit pu les écouter avec l'attention férieufe & favorable de l'amitié. A l'égard des plaintes que l'Ambaffadeur de S. M. Très - Chrétienne communiquoit de tems en tems aux Miniftres du Roi, il feroit aifé de donner, ou plutôt de renouveller les réponses fatisfaifantes qui prou

vèrent aux yeux de la France elle-même la modération du Roi, fon amour de la juftice, & la fincérité de les difpofitions à conferver la tranquillité générale de l'Europe. Cés repréfentations dont la Cour de Verfailles pourroit fe difpenfer de rappeller le fouvenir, étoient rarement marquées au coin de la raison & de la vérité, & il se trouvoit le plus fouvent que les perfonnes en Europe, en Amérique, ou fur les mers, defquelles elle tenoit fa correfpondance fufpecte & mal-fondée, n'avoient pas craint d'abufer de fa confiance, pour mieux fervir fes intentions fecrettes. Si les faits que la France faifoit valoir comme le fujet de fes plaintes, étoient appuyés quelquefois fur une bafe moins fragile, les Miniftres du Roi les éclairciffoient fur le champ par la juftification la plus nette & la plus entière des motifs & des droits de leur Souverain, qui pouvoit, fans bleffer le repos public, punir la contrebande qui se faifoit fur les Côtes, & à qui les loix des Nations accordoient le droit légitime d'arrêter tous les vaiffeaux qui portoient des armes & des munitions de guerre à fes ennemis ou à fes sujets rebelles. Les Tribunaux étoient toujours ouverts aux Particuliers de toutes les Nations, & il faut bien peu connoître la conftitution Britannique, pour fuppofer que la puiffance Royale eût été capable de les exclure des moyens d'appel. Sur le théâtre vafte & éloigné des opérations d'une guerre navale, la vigilance la plus active, l'autorité la plus ferme, font incapables de découvrir, ou de réprimer tous les défordres; mais toutes les fois que la Cour de Verfailles a pu établir des dommages réels que fes Sujets avoient éprouvés fans la connoiffance ou l'approbation du Roi, S. M. a donné les ordres les plus prompts & les plus efficaces pour arrêter les abus qui bleffoient fa dignité, autant que les intérêts de les voisins

qui avoient été enveloppés dans les malheurs de la guerre. L'objet & l'importance de cette guerre fuffiroient pour démontrer à l'Europe les principes qui ont dû régler les démarches politiques de l'Angleterre. Dans le tems qu'elle employoit fes forces pour ramener à leur devoir les colonies révoltées de l'Amérique, eft - il vraisemblable qu'elle eût choifi ce moment pour irriter par l'injuftice, ou l'infolence de fes procédés, les Puiffances les plus refpectables de l'Europe? L'équité a toujours dicté les fentimens & la conduite du Roi; mais dans cette occafion importante, fa prudence même eft le garant de fa fincérité & de fa modération. Mais pour établir clairement le systême pacifique qui fubfiftoit entre les deux Nations, il ne faudroit qu'en appeller au témoignage même de la Cour de Versailles. A l'époque où elle ne rougit pas de placer toutes les infractions prétendues de la tranquillité publique, qui auroient engagé » un Prince moins avare du fang de fes Sujets, à ufer fans héfiter de repréfailles, & à repouffer l'infulte par la force de fes armes «<, les Miniftres du Roi Très - Chrétien parloient le langage de la confiance & de l'amitié. Au lieu d'annoncer les deffeins de la vengeance avec ce ton de hauteur qui épargne du moins à l'injuftice le reproche de perfidie & de diffimulation, la Cour de Verfailles cachoit la conduite la plus infidieufe fous les profeffions les plus féduifantes; mais ces profeffions même fervent aujourd'hui à démentir Les déclarations & à rappeller les fentimens qui auroient dû faire la règle de fa conduite. Si la Cour de Verfailles ne veut pas s'accufer de la diffimulation la moins digne de fa grandeur, elle fera forcée de convenir que jufqu'au moment qu'elle dicta au Marquis de Noailles la déclaration, qui a été reçue comme le fignal de la guerre, elle ne connoiffoit pas des fujets de plain

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tes affez réels ou affez importans, pour l'autorifer à violer les obligations de la paix & la foi des traités qu'elle avoit juré à la face de Dieu & de l'Univers, & à fe difpenfer de l'amitié nationale dont elle avoit réitéré jufqu'au dernier inf tant les affurances les plus vives & les plus folemnelles. Lorfque l'Adverfaire eft incapable de juftifier fa violence dans l'opinion publique, ou même à fes propres yeux, par les injures qu'il prétend avoir effuyées, il a recours au danger chimérique auquel fa patience auroit pu l'expofer; & à la place des faits folides dont il eft dépourvu, il effaie de fubftituer un vain tableau qui n'exifte que dans fon imagination, ou peut-être dans fon cœur. Les Miniftres du Roi Très-Chrétien, qui paroiffent avoir fenti la foiblefle des moyens qu'ils ont été réduits à employer, font encore des efforts impuiffans, pour ajouter à ces moyens, l'appui des foupçons les plus odieux & les plus étranges. » La Cour de Londres faifoit » dans fes Ports des préparatifs & des armemens qui ne pouvoient avoir l'Amérique pour objet ; leur but étoit par conféquent trop déterminé » pour que le Roi pût s'y méprendre, & dès-lors » il devint d'un devoir rigoureux pour S. M. de

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faire les difpofitions capables de prévenir les » mauvais deffeins de fon ennemi, &c. Dans cet » état des chofes, le Roi fentit qu'il n'y avoit » pas un moment à perdre «. Tel eft le langage de la France; nous allons faire entendre celui de la vérité.

La fuite à l'ordinaire prochain. ÉTATS-UNIS DE L'AMÉRIQUE SEPT.

De Philadelphie, le 27 Juillet. Le Congrès a fait publier dans le Penfylvania Packet, la relation fuivante de la prise de 30 Octobre 1779. k

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