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Port du même Royaume. Le Capitaine Anglois, à qui mes bonnes raifons déplaifoient fans doute, parce qu'il n'y trouvoit pas même un prétexte pour faire fa proie de mon vaiffeau, se livra alors à la plus grande fureur, & après m'avoir maltraité avec fon couteau de chaffe, il me fit mettre aux fers pendant demi-heure: au bout de ce tems j'ai été reconduit à mon bord, où pendant mon abfence il avoit fait enlever 6 canons d'une livre de balle, 4 fufils, ma provifion entière de poudre, & toutes les hardes & effets précieur qui s'y font trouvés «.

Une lettre de Gravelines, porte que 48 François, prifonniers à Glocefter, ont eu l'adreffe & le bonheur de s'échapper; ayant trouvé une chaloupe toute gréée, ils s'y font embarqués pour gagner les côtes de France; mais pourfuivis par une frégate & un corfaire Anglois, ils ont doublé de voile, & ont fini par s'échouer dans une anse près de Gravelines, où ils font tous arrivés, fans qu'aucun ait péri.

S'il faut en croire ce que l'on débite, les négociations pour la paix fe continuent, foit directement ou par les Miniftres des Puiffances Médiatrices, foit indirectement par des Commiffaires Anglois, qui vont fans ceffe de Londres à Paris. On infifte toujours, ajoute-t-on, fur l'indépendance de l'Améri que-unie, la reftitution des places enlevées par les Anglois en Afie, la renonciation à Gibraltar en faveur de l'Espagne, l'égalité, la liberté & la sûreté de tous les pavillons fur les mers. Mais ceux qui fe croient au fait du génie & du caractère de la nation

Angloife, ne craignent pas d'affurer que la réconciliation n'aura jamais lieu, fi 40,000 Plénipotentiaires, la bayonnette au bout du fufil, ne vont la propofer dans Londres même, & la faire figner avant de prendre congé. Le Ministère de Versailles paroît convaincu de cette vérité; car tous les avis qu'on reçoit de Paris & des Ports de France, affurent qu'on fe prépare plus férieusement que jamais à une defcente.

Suite du Manifefte de l'Espagne.

13. Le grand projet de l'Angleterre étoit de réunir les Colonies pour les armer contre la Maison de Bourbon, ou de féduire cette Maison par des négociations & des traités artificieux, afin de fe venger des Colonies après les avoir brouillées avec la France. Le commencement, la fuite & la fin des négociations dont on va parler dans cet Expofé, découvrent évidemment la vérité de ce projet ; & c'eft auffi ce qu'il fera aifé d'inférer des faits contenus dans les notes qui fuivent «.

14. Le Roi d'Espagne ne pouvoit pas procéder avec plus de circonfpection, pour ne pas s'engager dans une médiation infructueufe & s'envelopper dans fes fuites; auffi s'eft-il expliqué dans les mêmes termes avec la Cour d'Angleterre qu'avec celle de France, ayant donné les ordres le 19 Avril au Chargé d'affaires, Don Francifco Efcarano, pour qu'avant tout il exigeât que le Ministère de Londres » déclarât ouvertement & pofitivement, fi réellement il defiroit d'établir une négociation avec la France par le moyen de S. M., & quels devoient être les points principaux qui ferviroient de bale à cette négociation «< Ces précautions, & beaucoup d'autres, étoient néceflaires vis-à-vis d'un Ministère accoutumé à parler avec myftère, ambiguité & réserve, & à s'expliquer avec les Ambassadeurs & Miniftres Espagnols tout autrement qu'il n'avoit coutume de le faire dans fes

dépêches ministérielles adreffées à fon Ambassadeu: à Madrid. Le Cabinet Efpagnol, qui n'ufe point de cette politique, a eu la franchise d'en faire l'obfervation au Ministère Anglois pendant la négociation, fans ceffer pour cela d'y procéder avec toute la bonne foi & la fincérité poffìbles.

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15. Le 23, le 25 Mai, & le 1 Juin de l'année dernière, il fut donné des ordres à Escarane, non feulement pour qu'il ne parlât pas davantage fur l'affaire de la médiation, mais encore pour qu'il répétât à la Cour de Londres que S. M. C. perfévéroit & se maintiendroit dans fes difpofitions pacifiques » tant que la conduite de l'Angleterre ne le forceroit point à agir autrement. » L'Angleterre ne peut pas fe plaindre que l'Espagne ne lui ait pas notifié plufieurs fois cette résolution.

16. Par tout ce qui a déjà été exposé dans les no- ́ tes précédentes, on voit que l'Angleterre ne ceffoit de fe permettre des hoftilités égales ou encore plus offenfantes contre le territoire & le pavillon Efpagaol, à l'ombre des plus cordiales proteftations de paix & d'amitié. ·

17. Il ne feroit pas étonnant que des ordres fecrets pareils à ceux qui ont été donnés pour s'emparer des établissemens François dans l'Inde, euffent été expédiés par le Gouvernement Britannique au commencement de l'année préfente pour envahir les Philipines, & que les Commiffaires envoyés peu après par la voie d'Alexandrie & de Suez, aient été por teurs de ces ordres. Du moins telle a été & telle eft l'opinion des perfonnes les plus fenfées & les mieux inftruites à la Cour même de Londres. Le tems expli quera ces énigmes, & l'univers connoîtra pleinement par quels procédés le Cabinet Anglois, a répondu aux généreux procédés du Roi d'Espagne dans le tems même que S. M. travailloit à lui obtenir une paix décente & à délivrer la nation Angloise de grandes calamités & de grandes difgraces.

La fuite pour l'ordinaire prochain.

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