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procurés par la dernière convention avec la Porte; ils le font ouvert un nouveau débouché pour leurs marchandifes, en les vendant aux Ruffes, qui en confomment une partie dans leurs nouvelles Colonies, & débitent à leur tour le refte aux Etrangers. Ces derniers continuent de conftruire des bâtimens fur le Nieper; quelques-uns de nos Magnats font, à leur exemple, conftruire des bateaux qui, chargés de leurs bleds, defcendront le fleuve & iront les porter aux Ruffes avec lefquels ils efpèrent s'en défaire ayantageufement. Le Prince de Moldavie a promis, de fon côté, de les feconder, en employant fes bons offices auprès de la Porte pour en obtenir qu'elle n'oppose aucun obftacle à ce commerce.

ALLEMAGNE.

De VIENNE, le 15 Septembre.

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TOUTES les nouvelles que l'on reçoit de l'Empereur, depuis qu'il eft en voyage, ne fauroient être plus fatisfaifantes. Ce Prince s'eft approché des frontières de la Saxe pour vifiter lui-même les endroits où il veut faire élever de nouveaux ouvrages de fortifications. Il arriva le 5 à Braunau ; le 6 il étoit à Trautenau, & le 7 on le vit à Schatzlar, & à Konigshaym. Huit Officiers de l'Etat Major du Génie ont reçu ordre de fe rendre à Prague & d'y attendre des ordres ultérieurs.

On prépare ici fur les remparts des cafe

mates pour loger le corps d'artillerie qui doit refter à l'avenir en garnifon dans cette Capitale. L'intention de l'Empereur eft de veiller lui-même à ce que l'inftruction, fi néceffaire dans ce corps, ne foit pas négligée.

Les Lettres de Hongrie portent que les Officiers. efclavons qui font retournés par la Hongrie, fe font empreflés de vifiter les mines de Cremnitz & de Schemnitz, qui font, fans contredit, les plus confidérables de toute l'Europe. Pour y parvenir, on fait dans une caifle une defcente de 146 toifes, au moyen d'une corde & d'une poulie. La folle de St. Ignace fe préfente d'abord; c'eft une efpèce de corridor de 312 toifes de long. On a eu tant de foin d'épuifer l'eau qui coule des rochers, qu'on peut parcourir toute cette étendue à pied fec. Au milieu de la foffe coute une eau qui pétrifie ce qui l'environne ; & des deux côtés on voit avec admiration plufieurs de ces pétrifications, qui ne feroient ni plus variées, ni plus pittorefques, quand le cifeau du Sculpteur les auroit taillées. L'air eft fain dans ce corridor & dans les autres allées qui forment un effèce de labyrinthe ; & le vent y fouffle de façon que les voyageurs craignent qu'il n'éteigne leurs flambeaux. C'eft dans ces fouterrains ténébreux que beaucoup d'ouvriers font privés de la vue du ciel & des aftres, & comme enterrés, pour en tirer ces métaux que tant d'autres prodiguent fi légèrement.

De HAMBOURG, le 20 Septembre.

LES mécontentemens, vrais ou faux, qu'on annonce à Conftantinople, ne détournent point l'attention des fpéculatifs uniquement fixée fur tout ce qui fe paffe à l'occident. Les

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évènemens importans auxquels tout préparoit ne font point encore arrivés ; & en attendant des faits ils fe livrent à des conjectures; elles rempliffent tous nos papiers publics; aucune n'a peut-être le plus léger fondement; mais la curiofité publique, éveillée une fois, a befoin d'un aliment quelconque; & voici celui qu'on lui fournit - aujourd'hui.

On a dit, il y a quelque tems, que l'Empereur, à fon retour de Bohême, iroit vifiter les Etats héréditaires des Pays-Bas, qu'il n'a point encore vus, & qu'il affembleroit de ce côté un camp d'obfervation; fans s'arrêter à difcater fi ce voyage aura lieu, & fi le projet qui en eft la fuite a été réellement formé, quelques-uns de nos papiers ajoutent aujourd'hui que comme dans les cir conftances actuelles qui intéreffent fi effentiellement toutes les Puiffances de l'Europe, il eft queftion d'une médiation de la part de la Cour de Vienne, ce prétendu camp a le motif de rendre cette médiation plus refpectable.

On ne s'arrête pas là. Les projets de defcente préparés avec tant de bruit & de dépenfes, & dont une force navale confidérable fembloit affurer la prompte exécution, n'ont été fufpendus que par l'oppofition de quelques Puiffances médiatrices, qui verroient avec peine enlever aux Anglois la clef de la Méditerranée qui pourroit rendre la Maison de Bourbon trop formidable. On veut que ces Puiffances croient qu'il eft néceffaire de

conferver fa force à l'Angleterre pour mainte nir l'équilibre. Cette manière de voir paroîtra au moins fingulière à ceux qui examinent & pèfent les évènemens paffés; il leur femble que la modération de la France & l'orgueil de l'Angleterre doivent raffurer fur la première, & intéreffer toutes les autres à l'abaiffement de la dernière.

A ces rêves politiques, enfans de l'oifiveté des fpéculatifs, on en joint qui ne font pas moins extraordinaires. La Ruffie & la Pruffe, débitet on, doivent former une armée auxiliaire à l'une des Puiffances belligérantes. Mais il eft fi décidé que dans la guerre actuelle il n'eft queftion que de la mer, que l'on ne voit pas comment une guerre de terre pourroit venir fe mêler dans les difcuffions élevées entre la France & l'Angleterre.

Selon des fpéculatifs qui'ont fans doute un coup-d'œil plus raifonnable, mais qui ne l'ont pas toujours plus fûr, l'inaction fi long tems foutenue de trois flottes formidables, femble être le préfage de la paix.

Quelqu'invraisemblable que cela puisse parcître d'abord, cette invraisemblance femble cefler, en confidérant la fituation des chofes, & le caractère des principaux perfonnages. Le projet de la Maifon de Bourbon a été, il eft vrai, de fe rendre à elle-même, & par une fuite néceflaire aux autres Puiffances Maritimes, le fervice de réduire à de juftes bornes l'exceffive prépondérance des Anglois fur la mer. Mais qui doute qu'elle ne préfère de parvenir à fon but par la voie des négociations. & en épargnant le fang de fes fujets, que par

celle des armes, fi elle peut s'en difpenfer? Ou en fuppofant, comme cela eft en effet, que les prin-. cipales Cours du Nord, font bien convaincues de la juftice des prétentions des Cours de Versailles & de Madrid, & qu'elles voient comme elles la né- !! ceffité d'affranchir les mers de l'esclavage de la Grande Bretagne, n'eft-il pas plus probable qu'elles interviendront pour opérer ce but falutaire & def-| rable fans effufion de fang. De toutes les Cours du Nord, une feule peut-être eft dans le cas de craindre l'abaiffement de l'Angleterre, parce que celleci eft la rivale de la France, & que celle-là n'a prefqu'aucune concurrence dans le commerce maritime. Mais fuppofé qu'elle intervienne dans la médiation, fon avis ne peut prévaloir contre celui de toutes les autres Puiffances intéreflées à la liberté du commerce. Ainfi, de quelque côté qu'on envifage les chofes, foit qu'on abandonne les affaires au fort des armes, foit qu'on les termine par des négociations, l'humiliation de la fière Albion eft réfolue, & elle ne peut s'y fouftraire. L'Amérique, Gibraltar, , Gibraltar, & peut-être Minorque font perdus pour elle «<..

Nous n'ajouterons pas avec l'auteur de ces réflexions: cet Oracle eft plus fûr que celui de Chalcas; mais nous dirons que fi ce résultat n'eft pas vrai, il n'eft pas du moins fans vraifemblance.

Des lettres de Copenhague annoncent que le bruit y couroit depuis quelques jours que les Impériaux ont pris poffeffion des Ifles de Nicobar dans les Indes Orientales, au SudOueft de Sumatra. Cette nouvelle qui eft trèsvague & qui ne fe confirmera peut-être pas, faifoit beaucoup de fenfation, parce que ces Ifles étoient réputées appartenir au Domaine du Roi de Danemark.

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