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né ordre fur toute la côte de lui faire favoir par des fignaux, le nombre & la force des vaiffeaux de guerre qui fervent d'escorte à ce convoi. On affure que ce Commandant a déjà fait vingt-quatre prifes, entre lefquelles il s'en trouve une chargée de bled, dont le Capitaine avoit deux paffe-ports, l'un pour Gibraltar, qu'il a jetté à la mer, & l'autre pour un endroit permis, qu'il a fait voir : cette fraude ayant été découverte par fon équipage même, il a été conduit à Efteponas, & les gens de fon bâtiment mis à terre.

L'on mande de Cadix, en date du 31 Août, que le navire marchand El Buen Confefo étoit en relâche à une des Isles Tercères, où il attendoit un convoi il vient de Lima, & fa cargaifon confifte en deux millions, 800 mille piaftres fortes, & 900 charges de cacao «.

ANGLETERRE.

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De LONDRES, le 25 Septembre. LES évenemens qui fe font paffés aux Antil les, & les lettres de l'Amiral Byron, dont il a bien fallu rendre compte, n'avoient fourni que la matière d'une gazette ordinaire de la Cour; des circonftances plus heureufes fur le Continent en ont fait publier hier une extraordinaire.

» Le Commodore Sir George Collier, inftruit qu'on avoit fait à Bofton un armement confidérable en troupes de terre & en vaiffeaux, pour af fiéger le Fort de Pénobscot, fortit le 3 Août de Shandy-Hook, avec les vaiffeaux le.Raifonnable, le Greyhound, la Blonde, la Virginie, la Camille, la Galatée & le floop l'Otter, pour aller au fecours de cette place; il y arriva le 14, après avoir pris dans fa route deux Armateurs & perdu

l'Otter, qui s'étoit égaré, & dont il n'avoit pas encore entendu parler, le 20. Il trouva la flotte ennemie dans la rivière de Péuobfcot, qui lui parut réfolue de difputer le paffage, & qui ne refta pas long-tems dans cette difpofition. Tous les vaiffeaux Américains cherchèrent leur falut dans la fuite, & dans cette déroute ils furent entièrement détruits. L'état de cette flotte eft le fuivant: le Warren, de 32 canons de 18 livres, & 1 de 2; le Montmouth, la Vengeance, de 24, le Putnam, la Sally, de 22; l'Hector, de 20, le Black-Prince, de 18, & le Sky-Rocket de 16 ont fauté; l'Hampden, de 20, & le Hunter, de 18, ont été pris. Les brics, la Défenfe, le Hafard, de 16 canons; la Diligence, le Tyrannicide, le floop Providence, de 14, ont fauté; la goëlette armée le Spring Bird, de 12, a été brûlée. On a pris la Nancy, de 16, & le Rover de ro canons, allant en croifière & brûlé 24 voiles, tant vaiffeaux que navires, fervant de transport.

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Le Colonel Mac-Léan rend compte à fon tour dans une lettre de ce qui s'étoit paffé à terre dans le même tems.

Arrivé à Pénobscot vers la fin de Juin, il trouva tant de difficulté à débarquer & à placer fûrement fes provifions & fes munitions, & à nétoyer les bois, qu'il ne put commencer le Fort qu'il étoit chargé de conftruire, que le 2 Juillet; le 21, avant que l'ouvrage fût affez avancé pour qu'il fût en état de défenfe, il fut informé du départ de l'armement fait à Bofton pour l'attaquer; il redoubla auffi-tôt d'efforts dans lefquels il fut fecondé par les équipages des vaiffeaux l'Albany, le Nort & le Nautilus, qui l'avoient amené dans la rivière. Le 25, les ennemis parurent avec 37 voiles, & commencèrent à canonner dans l'après-midi, mais fans succès ; ils tentèrent auffi de débarquer fans

pouvoir y réuffir; ils y parvinrent le 26, & la garnifon forcée de fe renfermer dans le Fort, ne s'occupa qu'à hâter les ouvrages qui pouvoient le défendre. Le 30, les Américains placèrent une batterie à 750 verges; peu de jours après, une autre à 700; ils continuèrent leurs travaux, & avancèrent infenfiblement depuis le 30 Juillet jufqu'au 12 Août. On apprit par un déferteur qu'ils devoient attaquer le 14 les vaiffeaux dans la rivière, & donner en même tems l'affaut au Fort; les Anglois fe préparèrent à les recevoir, & furent étonnés de la tranquillité des ennemis ; ils ignoroient l'arrivée du Commodore Collier, & ils furent bientôt qu'à fon approche les ennemis s'étoient retirés dans les bois à l'oueft, où il ne doute pas qu'ils ne meurent de faim.

M. Mac-Léan ne cache point à la cour que les Loyalistes de la nouvelle Ecoffe fe joignirent aux Américains à leur arrivée fur la rivière de Pénobfcot; c'eft ce qui eft arrivé toujours par-tout où les Anglois fe font crus le plus affurés de la fidélité des peuples, & il eft bien fingulier qu'ils vantent comme ils le font la docilité des contrées qui fe foumettent, & la bonne foi avec laquelle ils comptent fur une foumiffion qu'ils ne doivent qu'à la crainte qu'ils infpirent, & qu'on fecoue bientôt quand cette crainte n'existe plus. Il est tout fimple que les Amé ricains ne résistent pas dans les endroits où ils paroiffent en force; ils connoiffent la manière, dont les traitent nos troupes, & il faut bien employer le feul moyen qui refte d'interrompre le cours de leurs barbaries. La cour a publié l'extrait de quelques lettres du Cominodore Collier antérieures à celle

qui eft datée de Pénobfcot, qui donnent une idée du genre de guerre que nous faifons fur le Continent.

Le Commodore apprend au Ministère que les rebelles fur la côte de Connecticut ayant été affez heureux pour empêcher & pour anéantir prefque totalement le commerce des fidèles fujets du Roi en haute mer, il avoit réfolu de les punir en dévaftant leurs côtes; parce qu'il n'étoit pas en fon pouvoir de couler bas, brûler & détruire les bâtimens de mer des coupables; il a réfolu de brûler & détruire les maifons & les chaumières des gens tranquilles & innocens. Entre autres dévaftations il a détruit à Newhaven beaucoup de bateaux pour la pêche de la, baleine, uftenfiles de l'induftrie pauvre & paisible, unique fonction de quantité de pêcheurs indigens qui ne pouvoient fe fervir d'aucun inftrument hoftile. Débarqué à Fairfield, Te Commodore ayant vu quelques rebelles tirer fur lui des fenêtres & des toits des maifons, a ordonné à fes Loyaliftes réfugiés de mettre le feu à quelques-unes; il n'a pas manqué d'en gagner d'autres, & tout Fairfield a été réduit en cendres ainfi qu'un grand nombre de bateaux de pêcheurs : Destruction faite de gaieté de cœur & fans une fuffifante provocation. La ville de Norwalk a eu le même fort, parce qu'il en eft parti auffi quelques coups de fufil, après avoir reçu des fauf-conduits. Mais c'étoit-là le cas de faire chercher les coupables & non de traiter la ville entière avec une barbarie auffi attroce. Le Commodore le vante d'avoir infligé le même châtiment au petit bourg de Greenfield. Anéantir, eft fans doute une excellente manière de châtier. C'eft la doctrine infernale du feu Lord Suffolk & du Docteur Ferguson, fecrétaire de la feue commiffion conciliatoire. Si c'eft la torche à la main qu'on fe fait des amis & qu'on ramène des enfans égarés, nous fommes sûrs avec de tels Généraux, de rentrer bientôt dans nos an

ciens droirs fur l'Amérique. Mais l'expérience de tous les tems ne fauroit être démentie; & les excès de cruauté n'engendreront que trahison, désespoir & rage, & une impoffibilité abfolue d'établir entre les deux Nations les rapports de commerce qui feuls pourroient relever l'Angleterre de la perte de

fes Colonies «<.

Les autres nouvelles du Continent de l'Amérique, portent que le Général Washington après s'être emparé de Stony - Point, s'eft contenté de détruire le Fort, & que le Géné-. ral Clinton a pris de nouveau poffeffion de ce pofte, qu'il fait encore fortifier. Il y a lieu de croire, ficette nouvelle eft vraie, qu'il ne le confervera pas long-tems. Lorfque le Général Wayne s'en faifit, un Officier François, M. Fleury, fe couvrit de gloire en enlevant notre pavillon. Cette action que le Congrès a immortalifée par une médaille, femble prouver que l'armée Américaine a encore plus d'un prodige de valeur à nous oppofer du côté de l'Hudson.

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Du côté de la Georgie nous n'avons point de nouvelles; la Cour n'en a point reçu, ou du moins elle n'en a publié aucune. Des lettres particulières portent que Sir Jame Wallace eft arrivé dans cette province à bord de l'Expériment, avec M. Weight, Gouverneur pour S. M. Ce dernier y a été, dit-on, reçu avec transport, & les habitans vont lever deux régimens qui doivent fe joindre au Général Prévost, & le mettre en état de faire enfin la conquête de Charles-Town.

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