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On n'a point encore de nouvelles authentiques du fud, les lettres particulières représ fentent les Anglois s'éloignant de CharlesTown & paffant d'ifle en ifle, fans qu'on fache pofitivement fi leur intention eft de reprendre le chemin de Savanah, ou de se fixer à Beaufort ou à Port-Royal. La pofition du Général Prévoft ne fauroit être plus critique dans le premier de ces endroits; l'ifle de Beaufort ne communique à la Caroline que par une feule chauffée; & les frégates Américaines, fous les ordres du Commodore Hopkins, ftationnées dans la baye, le bloquent, dit-on, fi étroitement, qu'il ne peut se retirer par eau, ni recevoir des approvision

nemens.

Les Torys & les Sauvages, excités par eux, viennent de faire une irruption fur les derrières du Général Sullivan, dont l'armée étoit alors à Wyoming; ils ont profité de fon abfence pour ravager une étendue de pays affez confidérable fur le Sufquehanna oriental; quelques milices fe font mifes en marche pour les punir, & nous ne tarderons pas à apprendre des nouvelles de cette expédition.

La nouvelle desfuccès de M. le Comte d'Eftaing aux Antilles nous eft arrivée il y a 4 jours & nous en avons reçu hier la confirmation pofitive de St-Eustache, toute la ville donne à ce fujet les plus vives démonstrations de Joie; nous fentons toute l'importance de cet évènement; & nous nous flattons que nos ennemis, fi vivement occupés ailleurs, ne nous

empêcheront pas de chaffer les troupes qu'ils 'ont dans ces Etats, où ils n'ont pas les moyens de les renforcer ; il fe pourroit auffi que dans peu de tems' nous reçuffions des fecours affez puiffans pour hâter leur expulfion de ce Continent.

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De VERSAILLES, le S Octobre.

LL. MM. & la Famille Royale ont figné le Contrat de Mariage du Comte de Ligniville, Comte du St-Empire, ancien Capitaine de vaiffeau, avec Mlle. Comte.

Le 21 du mois dernier S. M. a accordé les entrées de fon Cabinet au Baron de Breteuil, fon Ambaffadeur extraordinaire près l'Empereur & l'Impératrice Reine de Hongrie & de Bohême.

Le 12, M. Cornette, de l'Académie Royale des Sciences & de la Société Royale de Médecine, eut l'honneur de préfenter au Roi, à Monfieur, à Mgr le Comte d'Artois, un Mémoire fur la formation du Salpêtre & fur les moyens d'augmenter en France la production de ce fel.

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De PARIS, les Octobre.

SELON les lettres de Breft, en date du 20 & du 25 du mois dernier, on continuoit avec beaucoup d'activité les préparatifs néceffaires pour remettre en mer; on remplaçoit les malades des équipages,

& on embarquoit de l'eau & des vivres pour deux mois. Tous les Officiers de l'armée Espagnole allèrent en corps, le 21, faire une vifite à M. le Comte d'Orvilliers, & ceux de la marine Françoife lui en firent 'une le lendemain. M. le Comte du Chaffault étoit arrivé le 19 au foir, très-bien rétabli de fa bleffure.

Les mêmes lettres contiennent la relation fuivante de la fuite des Anglois devant l'armée combinée, depuis les Sorlingues, ou ifles de Scilly, jufqu'à l'ouverture de la baye de Plymouth.

Le 31 Août 1779, l'Armée commandée par M. le Comte d'Orvilliers étant fur trois colonnes, dans l'ordre naturel, le cap à l'Eft-quart-Sud-Eft, les vents à l'O. S. O. variables à l'O. N. O. & N. Le Général à la tête de sa colonne ; M. le Comte de Guichen au centre de fon efcadre, marchant à la gauche de l'Efcadre blanche, Dom Miguel de Gafton au centre de la bleue, placé à la droite de l'EC cadre blanche; Dom Louis de Cordova à la gauche de la grande Armée ; l'Efcadre légère, commandée pár M. de la Touche Tréville, à la droite de l'Efcadre bleue; les brûlots, bombardes & autres bâtimens fur les ailes : les frégates avancées découvri rent au point du jour l'Armée Angloife en avant de l'Armée combinée, ayant les amures ftribord. As heures un quart, le vailleau la Bretagne,qui marchoit à la tête de fa divifion, eut bonne connoiffance par lui-même de l'Armée ennemie, qui couroit déja les amures à ftribord, cherchant à fe former, fon arrière-garde reftant à l'Eft-quart-N. E. du compas, & fon avant-garde à l'Eft-quart-S. E., à 4 ou 5 lieues de diftance; en même-tems on découvrit les Sorlingues du haut des mâts, au N. N. E. du mon de. Aufli-tôt le Général fit les difpofitions fuivantes:

PEfcadre blanche & bleue eut ordre de venir für bas-bord par un mouvement fucceffif, & de forcer de voiles; l'Efcadre mit en panne ftribord, & l'Efcadre blanche mit en panne bas-bord au vent; l'objet de cette évolution, eft évident par lui-mêmes un feul coup d'oeil fur le-plan, dans lequel on apperçoit la fituation des terres, fera remarquer que M. le Comte de Guichen étoit destiné, avec l'Efcadre qu'il commande, à couper chemin aux ennemis, en ferrant les côtes d'Angleterre, pour ôter à l'Armée Britannique la reffource de fes Ports, car quoique les Ennemis fuffent occupés dès-lors à fe former en bataille, les amures à ftribord, M. le Comte d'Orvilliers ne pouvoit être tranquille tane que la communication entre les terres & l'Armée Angloife ne feroit pas coupée; cependant le Général ne négligea pas de défendre ftribord, vu qué l'Ennemi s'y formoit à toute hâte.

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»Dans ce deffein, & pour conferver le vent fur la tête de la ligne ennemie, il fit tenir le vent & mit en panne les deux autres efcadres, mouvement d'autant plus important qu'on ne pouvoit pas douter dès-lors que les autres feroient le tour par le N. & N. E. Le tems vif & clair qu'il faifoit déjà l'annonçoit évidemment). Le vaiffeau la Bretagne, à la tête de l'efcadre blanche, mit en panne bas-bord au vent, & donna différens ordres aux frégates & au lougre le Chaffeur qu'on envoya fur le champ reconnoître la pofition de l'armée ennemie, & pour être inftruit à chaque inftant par les fignaux de ces bâtimens, de tous les mouvemens des Anglois. Par la pófition de l'efcadre blanche deftinée à faire le corps de bataille de l'armée combinée, cette efcadre reftoit libre de fuivre fans aucune perte de tems celle des deux efcadres, qui felon la circonftance feroit l'avant garde de l'armée combinée, ftribord ou bas-bord, enforte que la. ligne ne pouvoit pas manquer de fe déployer avec ds

toute la viteffe dont l'armée combinée peut être fufceptible. Mais ce qui étoit vraiment important, ce qui a fur-tout dû frapper tout homme du métier, vu la pofition des deux armées, relativement au giffement des terres, c'eft fans doute la néceffité de porter l'efcadre blanche & bleue dans la Manche, pour ôter aux Anglois la retraite de leurs Ports; le fecond objet étoit de ne pas perdre l'avantage du vent, dans le cas où les ennemis continueroient à courir les amures à ftribord en prenant le large. Dès que l'Amiral Anglois s'apperçut que le Comte de Guichen fe gliffoit avec fon efcadre vers les côtes d'Angleterre, il fit re virer fon armée avec précipitation, & prit chaffe à toutes voiles; l'efcadre légère de l'armée combinée eut ordre de chaffer; on fit également fignal à toute l'armée de pourfuivre les ennemis, & en même-tems au vaiifeau de la tête de la ligne de bataille de diriger fa route de manière à couper en avant du chef de file de l'armée Angloife; malheureufement notre pourfuite a été vaine, quoiqu'on ait chaffé les Anglois jufqu'à l'ouverture de la baye de Plymouth, par la raison qu'une armée ne gagne point quatre à cinq heures dans un feul jour fur une autre armée qui fuit à toutes, voiles, (a) & furtout avec des vents foibles & variables à l'avan. tage des fuyards, qui leur ouvrent un port für, en laiffant fous le vent l'armée qui pourfuit. Les Anglois ont affez confervé d'enfemble dans leur retraite, & les vents, en refufant à leur première route, les ont placés néceffairement en échiquier, & dans le meilleur ordre de défense contre les détachemens de l'armée combinée, en cas qu'ils euffent pu atteindre leur arrière-garde «.

(2) On n'a jamais vu de deffus les gaillards du vent la Bretagne que les huniers des vaiffeaux Anglois les plus rapprochés, & cependant la Bretagne étoit à la tête de la colonne du centre, & l'horifon très-étendu.

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