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que nous n'avions pas eu le tems de nous mettre en ligne de bataille, il laiffa fon convoi au vent de la tête de l'ifle pour profiter de notre défordre; il elpéroit, fans doute, en tenant le vent, & conféquem. ment en rangeant la terre, faire paller fon convoi entre lni l'ifle, tandis qu'il fe battroit avec nous, Sa manœuvre étoit fuperbe & décidée, mais fi nous euffions été en ligne il ne le feroit jamais tiré de ce pas. Le vailleau le Fendant, qui fe trouvoit à notre tête, engagea le combat, & dans moins d'un quart d'heure il devint général. Le feu étoit vif de part & d'autre, mais nous doublions le leur; l'armée Angloife couroit le bord du fud pour aller dans le port & nous celui du nord; mais à peine le chef de leur ligne eut il apperçu les pavillons blancs fur les forts, & qu'on tiroit fur lui, que les Anglois virèrent tous de bord dans la même pofition & fe trouvèrent conféquem fur le même bord que nous. Ce fut alors que le feu augmenta; nous nous trouvâmes à la queue de nos vaiffeaux avec l'Amphion & l'Annibal, & là nous effuyâmes la volée de fix vaiffeaux, l'Annibal nous garantit par deux fois & fit un feu diabolique; le nôtre n'étoit pas moins vif, mais l'Annibal ayant fait de la voile pour arriver par-devant nous nous fumes obligés, pour éviter d'être abordés, de préfenter le devant à trois vaiffeaux, dont l'un étoit le fecond Commandant Anglois, l'Amiral Barrington... Nous virâmes de bord pour aller rejoindre la ligne qui étoit formée & prendre notre pofte: M d'Estaing remarqua cette manœuvre avec plaifir; il nous l'a témoigné lui-même ; mais tout étoit dit; les Anglois en défordre tenoient le vent tant qu'ils pouvoient ayant s vaiffeaux démâtés de leur mât de hune, dont un des plus gros étoit fi avarié qu'il arriva vent arrière; nous ignorons il fe fera retiré, ainfi que l'Escadre très-maltraitée. Pour nous nous louvoyâmes toute la nuit, & le 7 (Juillet) à 8 heures du matin, nous amouillâmes.

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dans la rade de la Grenade; nous leur avons pris trois bâtimens de leur convoi dont un fénaut char gé de 150 hommes de troupes.....

Je peux vous certifier que de la façon dont nous les avons arrangés ils n'auront pas envie d'y reve nir de quelque tems. Le nombre des tués de notre Efcadre eft évalué à 200', & celui des bleffés à ou 5oo. On a pris des maifons à terre pour y foigner ces braves gens, & M. d'Eftaing a promis de faire donner des penfions aux veuves & aux meres, ou femmes des eftropiés pour la vie. M. le Comte d'Estaing vint hier lui-même dans notre bord, accompagné d'un feul Officier, il nous furprit en négligé & occupés à nous réparer, il nous dit les chofes du monde les plus flatteufes.... Quand il defcendit du bord nous voulumes le faluer par trois cris de vive le Roi, il nous pria de ne le pas faire. & fur ce que nous infiftions il nous le défendit.

On dit que M. le Comte d'Estaing a trouvé dans la Grenade 36,000 nègres. Leur travail rendoit cette Ifle extrêmement floriffante; ainfi plus cette conquête eft importante, plus on loue ce Général de ne s'être pas expofé à la perdre en poursuivant l'Amiral Byron.

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La lettre fuivante en date de Strasbourg du mois dernier, nous a été adreffée par M. le Comte de Pac; nous nous faisons un devoir de la publier ainfi qu'il le defire.

Je n'aurois peut-être pas eu fi-tôt, MM. le plaifir de lire votre Ouvrage périodique, fans un paffage y contenu, qu'un de mes Amis vint me faire voir. Je fuis même fâché de ne devoir la connoiffance d'une production fi utile & fi agréable qu'à cette circonftance.

Le paffage dont il s'agit, eft placé dans votre Cahier de l'année courante, du Samedi 21 Août,

dans la partie du Journal, Pologne, de Varsovie le 23 Juillet, page 99.

Il eft indifpenfable pour moi, MM., de vous en entretenir un moment. Il m'importe que vous foyez mieux informés, fur un fait gratuitement avancé, fur un fait trop délicat, pour ne pas irriter ma fenfibilité; fur un fait enfin, diamétralement opposé à ma façon de penfer. Il m'importe que vous en foyez plus inftruits, parce que j'en aurai tout lieu de me promettre, que fuivant l'impulfion de la fageffe & de la prudence qui vous caractérisent, vous ne me refuferez pas de détruire, par un de vos premiers Journaux, l'impreffion du Public, fauffement informé fur mon compte par ledit paffage, qui n'aura pu fe gliffer dans votre Journal, qu'à titre de répétition innocente de quelque Feuille étrangère.

Je crois devoir vous dire, MM., que je fuis celui dont il eft queftion dans le paffage de votre Journal ci- deffus cité de date; & que je fuis celui qu'on a vu avoir l'honneur de préfider à la Nation Polonoife Confédérée, en qualité de MaréchalGénéral de la Confédération du Grand-Duché de Lithuanie. Voici le paffage mot à mot. » Le Comte de Pac, ci-devant Maréchal de la Confédération de Lithuanie, eft attendu inceffamment dans cette Capitale, il vient fe foumettre & réclamer le pardon du Roi & l'indulgence de la Répu» blique ".

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Les expreffions, réclamer le pardon & l'indulgence, ne conviennent qu'à un coupable, qu'à un criminel; elles ne peuvent être que très-préjudicia bles à la réputation d'un homme d'honneur & d'un Citoyen zélé pour fa patrie,

Il feroit fuperflu de vous détailler, MM., les motifs qui ont fait naître notre Confédération; les calamités de la République de Pologne, de ces temslà, ne font ignorées de perfonne: d'ailleurs il me convient de fuivre avec exactitude la règle que je

me fuis impofé, d'obferver le filence fur tous ces évènemens antérieurs.

Dans cet inftant, où les Papiers publics parlent fur mon compte ; mon unique foin eft ma défense propre & perfonnelle: encore relativement à cer article fi intéreffant pour moi, veux-je m'aflujettir à la plus fimple explication, & purement telle, que je préfumerois fuffifante pour convaincre le Public de ma conduite irréprochable.

Je me borne donc à vous dire, MM., que dans mes entreprifes, en vue de me rendre utile par mes fervices à la République, je n'ai obfervé que fon danger, & n'ai fait que lui confacrer ma vie & mon bien pour la fauver que mon zèle patriotique a guidé mes premiers mouvemens, & que le devoir de Citoyen a réglé mes démarches ultérieures.

Avec des intentions fi pures & fi innocentes, n'efton pas bien éloigné de toute idée de crime envers la patrie? Peut-on être taxé de tranfgreffion des liens facrés & refpectables, par lefquels on tient à la conftitution d'une Nation libre?

J'oferai même avancer que n'ayant rien à me reprocher, & n'ayant rien fait que fuivant ma confcience, & conféquemment aux droits que les Loix de la Pologne me donnoient de m'oppofer à des entreprifes, que je regardois comme injuftes & dan gereufes, je ne pourrois jamais me croire obligé de réclamer le pardon & l'indulgence, quand je me déterminerois à retourner dans mon pays, que je me préfenterois alors avec l'affurance d'un Citoyen vertueux fous les yeux des Etats, qui connoiffent les droits de fes Citoyens, & que la République, fi elle pouvoit me juger librement, je fuis affuré qu'elle feroit bien éloignée de regarder ma conduite, comme ayant befoin de pardon, & d'être examinée avec indulgence.

Je vous dirai enfin, MM., que jusqu'à ce moment, il n'eft encore nullement de mon intention de me rendre dans mon pays.

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Après cet expofé, je défite, MM., & vens en prie très-inftamment, que par votre ministère le Public foit éclairé fur les vérités que j'ai l'honneur de vous marquer. Vous m'obligerez même infiniment, fi vous trouviez place pour cette lettre en entier dans votre Ouvrage périodique: ce feroit par ce moyen plus aifé pour vous, MM., & plus efficace pour tranquillifer mes inquiétudes, me rendre un fervice bien effentiel; parce que de la publicité complette que vous donneriez à ma façon de penfer, que je viens de vous dévoiler au fujet du paffage fufmentionné, il me reviendroit un bien d'un prix ineftimable; c'eft celui de la confervation de T'eftime du Public, & fur-tout de celle de l'illuftre Nation Françoife, au milieu de laquelle j'ai l'hon neur de paffer mes jours, Nation aimable & refpectable, qui pofsède les plus précieux fentimens de mon cœur, & les plus purs hommages de mon ame. J'ai l'honneur d'être, &c. figné, le Comte DI

PAC.

Madame la Marquife de Montmirail a établi à Boinville une fête à l'inftar de celle de la Rozière de Salency; une personne curieufe d'en apprendre les détails, s'adreffa à un ami qui en avoit été témoin oculaire la réponse en eft courte; on nous prie de la publier, & nous le faifons avec beaucoup d'empreffement; la connoiffance de ces établissemens utiles peut les multiplier; & ce feroit une fatisfaction bien douce pour nous d'y contribuer au moins en les annonçant.

Non, je ne prends point pour une indifcrétion la demande que vous me faites au fujer de la fête de la Rozière, que Madame la Marquife de Montmirail vient d'établir dans une de fes Paroiffes; il eft d'une ame honnête & vertueufe comme la vô

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