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fouhaiter, au contraire, qu'il ne tom» bât jamais dans l'efprit qu'elle puiffe » l'être. Une bonne police, à cet égard, » me paroît quelque chofe de beaucoup plus fûr que tous les argumens de l'Ecole. » M. de la Chapelle feroit d'avis qu'on fît lire fouvent un bon Catéchifme, ainfi que des morceaux choifis de la Bible, & fur-tout du Nouveau Teframent & de l'Imitation de Jefus Chrift, qui eft fans doute le meilleur livre de morale qui exifte. Il defireroit que les exercices de Religion fuffent très courts & peu multipliés, à moins qu'ils ne fuffent foutenus d'un grand appareil de chant & de cérémonie, & fur-tout que les fermons ne duraffent pas plus d'une petite demi-heure.

L'auteur donne des raifons de toutes les règles qu'il preferit. Cet ouvrage, Monfieur, peut être utile aux jeunes gens. Tout ce que nous dit M. de la Cha pelle eft judicieux & inftructif. Ses vûes font fages. Il paroît animé d'un efprit patriotique. A l'égard du style, il eft quelquefois forcé; il ne refpire pas cette heureufe facilité, le caractère des élémens de toute espèce.

Je fuis, &c.

A Paris, ce 10 Décembre 1763.

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L'ANNÉE

LITTÉRAIRE.

LETTRE VI.

Mémoires pour fervir à l'Hiftoire de la Province d'Artois, & principalement de la Ville d'Arras, pendant une partie du quinzième fiècle, &c.

ON peurdire, Monfieur, que l'Hiftoire, ainfi que les autres objets

de nos études, eft d'une étendue immense. On y fait tous les jours de nouvelles découvertes, qui fervent à faire connoître les loix, les ufages, les mœurs & le génie des fiècles paffés. Les Hiftoires particulières des Villes & des Provinces nous apprennent fouIvent des faits qui tiennent à l'Histoire Générale, & l'on ne fçauroit trop applaudir au travail de ceux qui, par une étude pénible des anciens monumens fe mettent en état d'augmenter le tréAN. 1763. Tome VIII.

G

for des connoiffances hiftoriques; ce n'eft qu'en recueillant & en réuniffant les fruits de leurs fçavantes recherches que l'on pourra donner à un corps d'Hiftoire toute la perfection qui feroit à deûrer. Vous lirez avec plaifir plufieurs faits finguliers dans ces Méreoires pour fervir à l'Hiftoire de la Province d'Artois, par M. Harduin, Secrétaire Perpétuel de la Société Littéraire d'Artois, &c. Ce font autant de membres épars qui entreront néceffairement un jour dans la compofition d'une grande Hiftoire. L'auteur écrit purement & fans affectation; il critique fagement & fans amertume; il n'avance rien qui ne foit tiré des monumens les plus fûrs & les plus authentiques, & principalement des anciens Regiftres de la Ville d'Arras, que l'on nomme Mémoriaux, dont il a fait une étude particulière. Les Mémoires qu'il donne au Public ont été lus en différentes féances de la Société Littéraire d'Arras, & ils euffent mérité de l'être dans celles de l'Académie Royale des Infcriptions & Belles-Lettres de Paris.

Il expofe dans le premier les fonctions, & les prérogatives de l'Abbé de

Lieffe d'Arras; c'est le titre que l'on donnoit autrefois à un homme chargé de la conduite & de l'exécution de certains divertissemens publics & autorifés par les Magiftrats. L'indécence & la rufticité des Fêtes auxquelles il préfidoit, nous rappellent cette origine informe de la Tragédie Grecque:

Où le vin & la joie échauffant les efprits,
Du plus habile chantre un bouc étoit le prix.

On voyoit paroître à ces fêtes groffières le Prévôt des Coquins, le Prince des Portefaix, l'Amiral des Maçons, Les Confrères de Saint Jacques, le Prince de franche volonté, &c. On peut juger, par ces titres, du goût & du mérite de ces fortes de Spectacles, qui ont été long-temps en ufage dans d'autres Provinces de France.

Le fecond Mémoire contient un ample détail de toutes les cérémonies qui s'obfervoient lorfque les Ducs de Bourgogne, en qualité de Comtes d'Artois, ou les Rois , en qualité de Seigneurs fuzerains de la Province, faifoient leur entrée folemnelle dans la ville d'Arras. Deux chofes pourront attirer votre attention dans ce Mémoire. 19. Les préfens la Ville faifoit en ces occa que

fions aux Princes & aux Princeffes. 2°. Le ferment de maintenir tous les privilèges des habitans, que les Ducs prêtoient en préfence du Mayeur & des Echevins le jour de leur entrée.

Les préfens vous feront connoître en quoi confiftoient le luxe & la magnificence de ces temps-là. Lorfque Charles

Ville entra dans Arras en 1382, la

Ville lui préfenta du vin dans des pots de grès fleurdelifes; & quand Louis XI, fon petit-fils, y vint en 1464, on lui offrit pareillement du vin de Beaune dans quatre pots d'étain 'ornés des armes de France avec celles de la Ville audeffous. Le Duc de Bourgogne avoit eu en 1405, deux grands pots, deux baffins, une coupe & une équierre, le tout d'argent doré. Mais cette efpèce de vaifcette felle étoit fi rare, qu'il n'en refta pas une feule pièce pour donner à la Ducheffe de Bourgogne. 11 eft marqué dans le Regiffe que le Mayeur, & les Echevins n'ayant aucuns joyaux à lui offrir, la prièrent d'agréer cent écus a convertir en telle vaiffelle qu'il lui plai

Toit.

S

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A l'entrée du Duc Charles, furnommé le Téméraire, qui fe fit le 16 Mars

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