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Nous vous devons, mon Abailard & moi,
Bon tribut de reconnoiffance.

Bien fçavez, Monfieur, le pourquoi :
C'eft pour avoir donné naissance
A cette belle Epître en vers
Qui fait revivre la mémoire

De nos noms & de notre Hiftoire.
Ah, s'il en eft là-haut comme aux Enfers,

Ce que je crois, vous n'avez point de femme,
Sur mes vertus qui ne règle sa flamme.
Vous avez fçu fi bien perfuader,

Qu'à mon exemple il n'en eft point, je gage,
A fon amant qui ne voulût céder,

Ainfi que moi, faste & riche étalage.
Pour cette fois plus de légèreté,
Plus d'inconftance & d'infidélité.

Pour corriger, fur le fait des caprices,
Jufqu'à la femme des coulifles,
Vous faites plus qu'un pieux fermonneur,
Ou que ne fait du Colporteur

L'impertinente & latyrique fronde:

Qu'un bon écrit met de vertus au monde !

Vers pour mettre au bas du Portrait de Madame de ***

Pour fervir d'ornement au Temple de fes Dieux,

Flora, Rome jadis y plaça ton image;

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Mais fi tel eût été le charme de tes yeux,
On t'auroit fait encore un fort plus glorieux;
N'en doutons point, l'encens eût été ton par-

tage,

Et le peuple, à genoux, t'auroit porté fes

vœux.

On nous avertit dans une note qu'il ne faut pas confondre avec la Déef. fe Flore cette Flora. C'étoit une Dame Romaine d'une fi grande beauté, qu'on la fit peindre pour orner le temple de Caftor & de Pollux. Il s'indigne avec raifon contre cette fureur épidémique de libelles & d'obfcénités, qui, pendant quelque temps, ont infecté la Littérature. Voici quelques vers qui ne font pas affûrément les plus mauvais de ce Recueil.

A d'auffi criminels écarts,

Dont la coupable erreur m'étonne,
Difciples des autres Beaux-Arts,
Chez vous eft-ce qu'on s'abandonne?
Refpectant ces divins préfens,
Vous n'employez point vos talens
A fervir une indigne haine.

Jamais cette guerre

inhumaine

Ne déshonora les pinceaux

Ni des Bouchers, ni des Vanloos;
D'un Tableau que l'envie achève,
De Vouet*le fçavant élève
Ne fcandalife point mes yeux.
Campra, ta fertil harmonie
De Rameau flatte le génie ;
Avec Mouret il eft joyeux.
Nobles enfans de la Sculpture,
Elèves de l'Architecture,

Je vous vois unir vos travaux:
Le beau defir qui vous enflamme,
Vous fait de généreux rivaux,
Mais aucun détracteur infâmc.

On ne peut qu'applaudir à la bonne aine du Poëte; mais il me paroît ignorer le cœur humain ; l'envie est de toutes les profeffions, de tous les arts. On scait la rage de le Brun contre le célèbre le Sueur; & même il y a une anecdote fur le premier, qui, fi elle eft vraie, doit le faire regarder comme un fcélérat du premier ordre; on l'a accufé d'avoir fait effacer les peintures de le Sueur, & même de l'avoir empoifonné.

Si vous avez du temps à perdre, Monfieur, vous pouvez jetter un coup *Le Brun.

d'œil fur la Comédie inférée dans ce Recueil; le ftyle n'en vaut pas mieux que l'intrigue. Voulez-vous vous former une idée jufte de ce que l'on doit penfer de l'auteur, lifez ces vers où il fe peint fi naïvement & avec une forte de vérité qui doit faire oublier le de brillant de fa verfification; peu ils font tirés d'un Placet à Madame pour la prier de me remettre un cahier de

vers.

Sachez que mon deffein n'eft donc
Que d'en voir purger vos tablettes,
Trop fçavantes & trop honnêtes,
Pour renfermer un tel fretin.
Et puis ce feroit un beau train ;
Que de haut-le-corps, de grimace,
Si quelqu'habitant du Painaffe,
Sur vos Cahiers en portant l'œil,
Y rencontroit mon beau Recueil !
Il voleroit à l'Hypocrène
S'en mettre un pied deflus les yeux,
Crainte qu'un air contagieux
N'ait par malheur gagné fà veine.
Il ne faut chez les beaux-efprits,
Pour vous perdre, que mes écrits
Trouvés (gardez-en la penfée,)
Chez vous fur la chaife percée.

D'ailleurs,

D'ailleurs, avec mon Epicier,
Qui fçut le tout apprécier,
Je fuis convenu d'une fomme,
Et lui livrer, je ne fçais comme,
La marchandise pour l'argent.
Chez lui le poivre & la mufcade,
Le gingembre & la caflonade
Reftent faute de vêtement.
Sur ces innocentes victimes
Jettez un regard de faveur.

Je vous fais grace du refte; c'est à vous, Monfieur, à apprécier d'après fon propre aveu le mérite de l'auteur.

Je fuis, &c.

A Paris, ce 14 Décembre 1763.

LETTRE VIII.

Défenfe de la Doctrine des Combinai fons, &c.

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'Eft une Brochure de 148 pages

Cdont le titre entier eft: Défense de

la Doctrine des Combinaisons, & RéfuAN. 1763. Tome VIII.

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