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NOTE TROISIÈME.

Apparence double d'une comète très grande, traversée à la fois par le Soleil et par la Terre.

FORMATION DE DEUX FAUSSES COMÈTES DANS UNE GRANDE NUÉE COSMIQUE. Nous allons montrer dans cette note comment le passage d'une énorme comète au travers du système solaire peut se manifester à nos yeux par l'apparition simultanée de deux fausses comètes, qui se dessineront sur la sphère céleste géocentrique suivant deux grands-cercles, ceux-ci passant l'un par le centre du Soleil et l'autre par le centre de la Terre, Il faut concevoir pour cela qu'une énorme nuée cosmique, d'un diamètre plus grand que celui de l'orbite terrestre, soit traversée par notre Soleil par l'effet de la translation du système solaire tout entier. On supposera, bien entendu, que les corpuscules pesants qui composent cette grande nuée cosmique sont trop petits et trop écartés les uns des autres, pour réfléchir vers nos yeux une proportion de lumière solaire appréciable à notre faible. vue. Mais ces corpuscules, après leurs passages par leurs périhélies respectifs, iront tous croiser en amont du Soleil, l'axe de l'essaim (la ligne ST de notre figure 2). Ainsi le long de cet axe et à l'opposé du mouvement relatif de translation du Soleil, il s'opérera une très grande condensation momentanée des corpuscules de la comète colossale. Ceux-ci ne feront que traverser la ligne de condensation, puis chacun d'eux poursuivra son mouvement

suivant son orbite indépendante. Mais néanmoins si la condensation momentanée est suffisante, elle produira un éclat lumineux sensible, qui présentera l'aspect d'une longue nuée lumineuse à peu près rectiligne. Cette lueur semblera fixe le long de l'axe de l'essaim; on pourra croire d'abord que c'est un corps réellement fixe dans le ciel, mais cette apparence ne sera qu'une pure illusion; car sa composition matérielle ne sera point identique à elle-même, la colonne lumineuse aux bords diffus étant continuellement alimentée par l'arrivée des corpuscules qui viennent croiser l'axe à divers points de rassemblement, et continuellement dissipée par la dispersion des mêmes corpuscules, qui poursuivent leurs orbites héliobariques respectives, après leurs passages respectifs aux rendez-vous échelonnées le long de l'axe. Telle sera l'apparence bizarre et inattendue d'un phénomène étrange, dû cependant au jeu régulier de la pesanteur newtonnienne. Je désigne d'avance ce phénomène curieux sous le nom de Fausse Comète heliocentrique (1); je la qualifie de fausse, parce que ce qu'on verra ne sera point un vrai corps matériel, matériellement identique à lui-même, mais une espèce singulière de corps fictif, résultant d'un rassemblement continu combiné avec une dispersion également continue d'une nuée de petits corps, invisibles pour nos yeux tant qu'ils demeurent trop disséminés. Je qualifie cette apparence d'héliocentrique, parce que son axe passe continuelle

(1) Je regrette de n'avoir pas su construire une expression mieux appropriée que celle d'héliocentrique: car celle-ci, consacrée depuis longtemps par l'usage, signifie concentrique au Soleil. Ici j'aurais eu besoin de construire un véritable néologisme, pour qualifier une ligne, droite ou courbe, passant par le centre du Soleil, quoiqu'elle-même n'ait pas de centre propre.

ment par le centre du Soleil. Pour achever d'exprimer la loi simple de cette bizarre apparence, il faudrait ajouter que, pendant la durée de son apparition, son axe passera aussi par un point sensiblement fixe sur la sphère étoilée; mais pour cela, il faudrait une dénomination un peu trop longue, comparable aux noms prodigieux construits par les chimistes qui essaient de systématiser leur nomenclature de la chimie organique. Je me bornerai à proposer un nom pour ce point fixe dans le ciel; je le nommerai antipole de la nuée cométaire: c'est le point du ciel diamétralement opposé à celui où un observateur posté dans le Soleil aurait vu la grande nuée cométaire avant son entrée dans l'empire solaire (pourvu que sa vue fût assez perçante). Cet antipole peut aussi être défini comme le point de fuite perspectif vers lequel l'observateur solaire verrait converger les particules de la grande nuée, si la pesanteur solaire n'imprimait des courbures considérables à leurs orbites. héliobariques.

Et, en même temps que la fausse comète héliocentrique, on verra peut-être, de la Terre, une deuxième fausse comète, formée de la même manière par le rassemblement continu et la dispersion continue des particules de la grandé nuée cométaire en amont de la Terre; cette deuxième apparence pourra se produire, pourvu qu'une partie de la grande nuée pénètre dans l'empire terrestre enclavé dans l'empire solaire. Cette deuxième apparence d'un corps matériel purement fictif devra prendre le nom de Fausse Comète verticale; on la qualifiera verticale, parce que son axe passera constamment par le centre de la Terre, foyer commun des hyperboles géobariques décrites par la foule des astéroïdes qui traverseront l'empire terrestre. Chaque observateur qui verra cette fausse comète pourra la dégauchir avec un fil à plomb. Et ce fil à plomb tracera sur la sphère céleste géocentrique un grand-cercle vertical mo

bile, passant continuellement par le pole de convergence de l'axe de l'Essaim.

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RAPPEL DE LA GRANDE PLUIE D'ÉTOILES FILANTES DU 27 NoVEMBRE 4872. Aussitôt après la brillante apparition du 27 novembre 1872, une foule d'amateurs signalèrent ce qu'ils appelaient les points radiants de divers groupes de ces météores. Et les détails donnés par la plupart de ces messieurs prouvèrent qu'ils s'étaient entièrement mépris sur ce qu'on entend en astronomie par cette expression de point radiant. Supposons par exemple qu'un groupe nombreux d'étoiles filantes paraisse dans le ciel dans une encinte de quelques degrés autour du zénith personnel d'un de ces observateurs, et que ces étoiles filantes tracent toutes, à partir des points où elles ont commencé respectivement à briller, de petits arcs dirigés uniformément de l'Est à l'Ouest dans un tel cas, les astronomes diront que ce groupe d'étoiles filantes avait son point radiant à l'horizon et à l'Est; car, pour trouver le point qu'ils nomment le radiant, il faut prolonger la courbe apparente décrite par chaque étoile filante à rebours de son mouvement apparent, et chercher sur la sphère céleste le point d'où partent tous ces prolongements; je préférerais nommer ce point de concours pole de divergence (ou pour abréger le divergent) de ce groupe d'étoiles apparues autour du zénith de l'observateur; et, en prolongeant les mêmes trajectoires apparentes des astéroïdes dans le sens même de leur mouvement, on trouverait leur point de concours sur le ciel à l'horizon et à l'Ouest; il conviendrait de le nommer pole de convergence (ou pour abréger le convergent) du groupe d'astéroïdes. Ces dénominations de deux points du ciel diamétralement opposés ne risqueraient pas d'être confondues par un public nombreux avec une toute autre chose, ainsi qu'il est arrivé pour la dénomination de point

radiant. En effet les amateurs dont je rappelle l'erreur ont cru qu'on appelait point radiant d'un groupe d'étoiles filantes un point moyen, comme un centre de gravité, des points où les astéroïdes du groupe ont commencé à briller. Et la preuve certaine que ces messieurs avaient compris ainsi par erreur la dénomination qu'ils employaient, c'est que, dans le cas spécial que nous examinons ici, ils ne manquaient pas de dire que ce groupe d'étoiles filantes avait son radiant au zénith. Ce n'est donc pas une petite erreur indifférente, de déplacer le point qu'on veut désigner d'un quart de grand-cercle de la sphère céleste, comme d'un point de l'horizon au zénith.

C'est à cette occasion que j'essayai d'examiner si un essaim d astéroïdes qui se manifeste à nous par une apparition de nombreuses étoiles filantes pourrait produire dans le ciel quelque autre apparence lumineuse sensible à nos yeux. Cette recherche m'était très-facile, à l'aide la figure 2 du présent mémoire, figure que j'avais dessinée depuis plus de vingt ans. J'en fis l'objet d'une note qui a été insérée dans le Bulletin de notre Société (3o série, t. V, p. 6), avec une figure qui n'est qu'un extrait de la figure 2 du présent mémoire, reproduit par le calcage en deux positions symétriques, avec l'addition d'une coupe d'une planète entourée d'une atmosphère, et l'indication de l'apparence qui peut résulter de la pesanteur vers cette planète.

QUELLES PEUVENT ÊTRE LES DIMENSIONS DES NOYAUX DES COMETES? On sait que l'essaim d'étoiles filantes qui reparaît plus ou moins abondant vers le 13 novembre de chaque année n'est autre chose qu'une comète, recrutée pour le système solaire vers l'an 212 dans son passage près d'Uranus (suivant Le Verrier); les innombrables petits corps pesants composant cet essaim décrivent, dans le système

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