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département de l'Isère (1), peut réparer, sous le toit paternel, les torts et les pertes que j'ai soufferts et dont mon zèle et mes services devaient me garantir, puisque je comptais dix-sept ans d'enseignement public.

« J'éprouve, je ne le dissimule pas, un véritable chagrin de voir l'état dans lequel se trouvent l'enseignement du dessin et le Musée de Grenoble. Il n'était pas, j'ose le dire, par les succès que j'avais obtenus pour l'un et pour l'autre,, nécessaire d'aller chercher ailleurs ce qu'on avait chez soi. Prévenu à temps, et même sans l'être, je serais accouru à la voix de l'autorité pour reprendre mes anciennes fonctions, dont les titres, restés en mes mains, n'ont été frappés d'aucun genre de nullité valable. Je suis dépossédé, mais sans reproche. On m'a vu constamment occupé à illustrer mon pays par l'étude des arts qui, auparavant, y étaient comme ignorés. Dans toutes mes actions, j'ai voulu être utile aux hommes et les servir. J'obtiens à Paris de nouveaux témoignages de l'estime publique, que toujours j'ai ambitionnée. L'institut royal de France reconnaît les services que j'ai rendus aux beaux arts et me nomme son correspondant (2) au retour de mon dernier voyage en Italie.

<< Je voulais voir s'élever, au pied de nos Alpes, une ville rivale de celle de Genève, et attirer à Grenoble une partie de l'industrie qui brille sur les bords du Léman. Nos établissements publics sont plus beaux; ils sont dus en grande partie à la générosité de nos concitoyens; ils prospéraient; ils ne prospèrent plus. L'impulsion qui leur était donnée peut leur être rendue. Considéré comme commerce, comme industrie, le propre des beaux-arts est de produire beaucoup avec peu. Mais ils veulent être soutenus, encouragés par la personne en qui réside la principale autorité.

« J'ai cédé, Monsieur le Préfet, à la confiance, au respect qu'en peu de temps vous vous êtes concilié parmi vos administrés, et je n'ai pas hésité de vous soumettre ces réflexions. Puissentelles vous paraître dictées par l'amour du bien public dont je fus constamment animé, et me mériter votre estime. >>

A la fin de l'année 1817, la place de conservateur du

(1) Son frère habitait Vienne, ville dans laquelle Jay mourut le 7 juillet 1836.

(2) L'Académie des Beaux-Arts l'avait élu membre correspondant le 20 août 1814

Musée était toujours vacante, depuis la destitution de Jay; aussi, à la date du 29 octobre, pour mettre fin à une situation aussi préjudiciable aux intérêts du Musée de Grenoble, le préfet crut-il devoir adresser au maire la lettre suivante :

<< Monsieur le Maire, la place de conservateur du Musée de Grenoble n'est point remplie; sa réunion à celle de bibliothécaire a pu convenir dans des vues d'économies, mais elle est tout à fait contraire aux soins qu'exige un dépôt de ce genre.

<< L'instruction ministérielle du 7 novembre 1815 qui vous a été communiquée par un de mes prédécesseurs et dont vous avez suivi les formes dans la présentation que vous lui avez faite pour la place de bibliothécaire, par votre lettre du 6 septembre 1816, porte que la nomination du conservateur est faite par le Ministre sur la proposition du préfet, auquel le maire présente trois candidats au moins.

<< Je vous invite à me présenter, conformément à cette instruction, trois ou quatre candidats pour la place de conservateur afin qu'il y soit pourvu le plus tôt possible. »>

Plusieurs personnes se présentèrent pour obtenir ces fonctions, et de leur nombre, nous citerons M. Triolle, qui était alors employé des postes, et Benjamin Rolland (1). Le choix de l'Administration tomba sur ce dernier qui, après avoir été pendant trois ans comptable à bord des navires de l'Etat, s'était adonné depuis l'an IV à l'étude des Beaux-Arts.

En 1820, les Chartreux, qu'une ordonnance royale avait remis depuis peu en possession de leur ancien monastère de la Grande-Chartreuse, réclamèrent à l'administration départementale la restitution des divers tableaux dont ils avaient été dépouillés et qui avaient été transférés au Musée de Grenoble. Consulté sur l'opportunité de cette réclama

(1) Benjamin Rolland était né à la Guadeloupe le 23 avril 1773.

tion, le Conseil municipal ne fit aucune difficulté pour rendre trente toiles, du nombre desquelles se trouvaient les copies de la vie de saint Bruno, de Lesueur, mais réserva le surplus au Musée. Le Ministère cependant ne crût point devoir approuver de prime-abord cette restitution et demanda, le 11 décembre 1820, au Préfet, quelques explications sur la valeur artistique de ces tableaux. Ce ne fut que le 10 du mois suivant qu'il en autorisa la remise définitive, après que le Préfet de l'Isère lui cut fourni les observations suivantes :

<< Ces tableaux ne sont autre chose que des copies de la vie de saint Bruno par Lesueur; leur peu de mérite les avaient fait exclure du Musée; ils sont depuis longtemps oubliés dans les salles et les corridors de l'Hôtel-de-ville ou personne ne les remarque.

<< Les Chartreux les ayant réclamés, le Conseil municipal a cru faire un acte de justice et en même temps de convenance en les rendant aux anciens propriétaires, et en les faisant replacer dans un monument pour lequel ils ont été faits, dont ils retracent l'histoire, et où à cause de la grande affluence des étrangers, ils seront plus examinés qu'ils ne le sont dans le local actuel. Cette mesure est donc avantageuse soit qu'on la considère sous le rapport de la justice et de la convenance, on dans l'interêt des Beaux-Arts. Je crois devoir faire savoir à votre Excellence que la délibération du Conseil municipal a été prise sans la moindre opposition.

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STATISTIQUE CRIMINELLE DE L'ISÈRE

Par M. PION

Conseiller à la Cour d'appel de Grenoble.

MESSIEURS,

Dans ce court travail, je me suis proposé de comparer l'état moral de notre département à celui de la France et aussi de comparer l'état présent de la France et de l'Isère à celui d'il y a quarante ans.

C'est donc un résumé de la statistique criminelle fait à l'intention de notre région.

Vous verrez, Messieurs, par ces quelques lignes, que des courants marqués se sont produits en France depuis quarante ans.

L'idée du progrès social est généralement confirmée par ces tableaux, ce n'est pas toutefois sans restrictions impor

tantes.

Je me suis arrêté simplement à quelques grandes lignes suffisantes pour mettre en relief le présent de notre pays. La statistique comme la météorologie rassemble beaucoup de faits. Tous ne sont pas utiles. Le domaine des choses contingentes est plus étendu qu'on ne l'imagine. 3e SÉRIE X.

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Les lois météorologiques ne feront peut-être pas de très grands progrès; et il ne faudrait pas non plus s'imaginer que la connaissance des faits statistiques permettra de changer à coup sûr la direction morale de l'humanité.

Néanmoins elle peut avoir quelques fruits.

C'est seulement par la comparaison de périodes déjà distantes par le temps que l'on peut obtenir des idées précises. Il faut avoir sous la main de grandes masses de faits pour pouvoir reconnaître une tendance constante.

L'analyse des résultats de quarante ans fournit cette masse au milieu de laquelle les accidents d'une année, les changements même dans la population se perdent et se confondent.

La statistique criminelle distingue et classe séparément les crimes contre les propriétés et les crimes contre les personnes. Nous avons naturellement suivi cette division rationnelle.

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