plus facilement. Ils s'affemblent donc tous auec ceux du complot, en la vil le de Lyon, ou aflistoit vn nombre d'Eucsquestant des Allemans que des Italiens:là est determiné de deposer le Roy: & aduertifssentle Papede leur deliberation, luy baillans faux entendre, quel Empereur vouloit des-heriter ses propres enfans, pour bailler la couronne à des baftars:ce qu'entédant fa faineteté, baille le tort au pere:toutefois il defire d'appaifer ce dif ferent, commene deuant estre debbattu: parce quela chose sembleroit estrange à la posterité, que les enfans eussentleués les armes contre le pere.L'Empereurayant receu nouuelles de tout ce quise passoit, & coment ils auoient imbu le Pape de leurs faux rapports, despeche des principaux ule de sa Court vers ses enfans (quiauoient auec eux estoit le Pape, ) leur remonstrer à qu'elle intention ils prenoient les armes, que leur pere n'auoit cu iamais intention de leur faire tort, ains de procurer leur aduancement autant à l'aisné qu'au plus petit: ils s'adressent puis au Pape, auquel ils font entendre laverité du faict, supplians sa sainteté de nes'entreinefier en ces affaires. Apres le retour de ces em baffadeurs on faifoit courir le bruit que le Pape vouloit excommunier l'Empereur & tous ceux de la suitte pour le tort qu'il faifoit aux Princes, & disoit-on, qu'il venoit trouuer le Roy pour ceste occafionice qu'entendu par Drogon, & autres, fauorifans le Roy, võt dire, S'il vient pour nous excommunier, nous l'excommunierős luy-mefme. Mais cela n'est croyable, attendu que le Pape viet trouuer l'Empereur pour mettre un accord entre les deux parties, voyant les deux batailles afsemblees à Vvormes: l'Empereur luy fait mauuais visageau commencement:mais estant plus asseuré de la bonne foy du sainct pere, le prie de faire tant que tout soit d'accord. Mais alors qu'on pésoit esteindre le feu, voiciles confpirateurs qui l'embrafent d'auantage, & attirentles plus braues Capitaines par deuerseux, desquels le Roy se voyant abandonné, comen ce d'auoir peur, &encore pluscraignat la populace, qui menaçoit fieremét de le faire mourir, s'il ne bailloit à ces enfans ce qu'ils demádoient. Le Roy ne scachant plus que faire se rend à ses enfans, lesquels faisans semblant de l'honorer le mettent sous la garde de Lothaire, ensemble fon fils Charles.Safemme ludith luy est oftec, & confince à Tortone cité de Lombardie:on contraint le pauure pere captif de faire vne nouuelle donation, & baillertout l'Empire à ses enfans, fans faire mention de celuy du dernier lict. Lothaire enuoyele petit Charles à Prouins, où il le faict tenir de court, & ammene son pereauecluy. Le Papene pouuant plus voir tant d'aigreurs, s'en retourne à Rome Drogon & Hilduin Euesques de Mets, & de Verdun se retirent. Pepin s'en retourne en Aquitaine, où il change tous les magistrats, & iuges establis par son pere. Louys se retire en Bauiere, se repentant de ce qu'il auoit fact, descouurant la malice des confpirateurs. Lothaires'vsurpe le tiltre de Roy, oitles embaffadeurs, tient les affemblees faict iustice à chacun eminenant toufiours fon pere auec foy, lequel il faict mettre dans un monaftere à Soiffons, attendant la prochaine affemblee. neroy : 834: ERICH frère de Biorne est colloqué au Royaume de Sueue par Regnier. & Assemblee des Estats tenus à Compiegne, ou se tronuent plusieurs grands Seigneurs, & quasi tous les Euesques: là les confpirateurs concluent d'ofter la couronne à Louys Debonaire, ils le font venir au deuant d'vn autel, luy depouillent tous les ornemens royaux iusques à son espec, ☑ luy baillent vn accoustrement noir: le declarent indigne detenir sceptre, puis le remettent en prison. Ceste façon de proceder anime plusieurs de la noblesse, tant de France que d'Allemaigne, qui perfuadenta Louys la deliurance de son pere, dequoy il est fort content, & faict appareil de gens pour ceft effe&. Toutes les principales villes de France, ne peuuent digerer le tortfaict à leur Roy entre autres la ville de Paris qui refuse l'entree à Lothaire. Pepin d'autre costé se repent de sa faute, entédant le mauuais traictement qu'on luy faisoit, & vienten deliberation de le secourir, Lothaire voyant tout le paysen armes contre luy, laisse son Pere à S. Denis en France, & s'enfuit en Dauphiné, toutes les autres villes & paysluy refusans l'entrée. Louys Debonaire est trouué tout feul à S. Denis, il estremis en sa premiere dignité, & couronne Royale. Ses deux enfans Louys, & Pepin luy demandent pardon : lesquels le pere ayant receu, r'enuoye par apres chacun aux Royaumes qu'il leur auoit afligné. Ce fait il mande querir son espouse Iudith. Lambert iadis Comte d'Orleans, & Mainfroy se mutinent, & prennet les armes contre l'Empereur.Lambert voulant entrer en sa Comté, pille & faccage le païs Orleannois plus de vingtlieuësalaronde, Otthon Comte pour lors d'Orleans, voiant qu'on estoitapres àlui embler son office, se inet en defence, & faict amas d'vne grosse armee, tant des Tourageaux, que des autres païscirconuoisins. Lambert les venant affaillir tout d'vn coup alors que les autress'en donnoietle moins de garde, taille toute l'arince en pieces, ayant tué leur chef Otton, son frere Guillaume, & Theodó Abbé de S.Martın de Tours, qui aiment mieux perdre la vie, que de fuir honteusement. La mort d'iceux fache fort Louysle Debonaire, pour auoir perdu des plus vaillans & fideles Capitaines de son Royaume. Lothaire qui quiauon auoit esté mandé par Lamber s'en vient auec forces pour son secours, d'autant que sans luy il n'auoit moyen de se sauuer, eftantenfermé de tous costez. Il passe à Chalons, ou trouuantvisage de bois, y met le fiege, & l'emportans d'assaut se fourre dedans, met le feu aux quatre coings,& la faccage. Il commet cruauté sur la noblesse de Chalons, & fait descapiter le Comte Gozelen, & Samile, & les autres iecter dans la riuiere, iufques à une honeste Dame fille du Comte Guillaume Conestable de France. L'Empereur receuant nouuelles des insolences de Lothaire, & des massacres perpetrés à Chalons, tombe en telle cholere, qu'il propose d'aller vengerla mort de tant de notables Seigneurs, & punir l'enfant autheur de la rebellion, ensembleceux qui le suscitoient à tels malefices, Etle L Etle rangeiusques auec toutes les forces tát de Louys Roy de Germanie, que de Pepin, qu'il le contraint à s'humilier & luy crier merci, le suppliát defauuer la vie à ceux de sa suitte, auec promesse d'estre tousiours fideles. Le pere luy pardonne, apres luy auoir remonstré ses fautes. Le Roy & Empereur Debonaire tiétassemblée à Laigni, tát pour doner ordreal'estat politique, faire iuftice des malfaiteurs, que pour le reglemét des Ecclesiastiques, defendár aux Lais de tenirbies & reuenus des Eglifes. Lideric Prince de Flandres vient à mourir, auquel succede INGELRAM fon fils 18.ans. Les Daciens enuahissent l'Angleterre, font vaincus & mis en route par Egbert. L'Empereur Louys tient une assemblee à Mets, ou sont adiournez tous les Euesques conspirateurs, & motifs de la deposition du Roy: Personne ne s'y ose quasi trouuer, chacun ayant peur de fa peau. Ebbon Archeuefque de Reims y comparoit, lequel nonobitant toutes excuses est degradé priué de son office & bani. Agobert Archenesque de Lyon, qui ne s'ofa iamais trouuer denatle Roy,ettexcommunié, callé de son office, mais au bout de quelques annees fut absous & remis en sa dignité, comme auffil' Archeuesque de Vienne, & mourut à Sainctes pour le feruice du Roy, suiuant le dire d'Aymonide mesmes tous les abfens sont condamnez có me traistres & perturbateurs du repos public, & rendus incapables de tou tes charges: la font aussi cassez tous les articles conclus en l'assemblee de Lyon, & tous ceux qui y auoient prefté consentement, aide, ou faueur, excommuniez. Ce faict l'Empereur se faict donner l'absolution folennellement par sept Euesques, desmaledictions que les Eucsques coniurateurs lay auoient donné & ce pour ofter tout scrupule de confcience. : Peste en Italie qui suffoque autant les grands que les petis: de laquel- 836. le meurent plusieurs Euesques & grands Seigneurs, qui estoient de la fuit te & faction de Lothaire. L'Empereur Louys faict rendre aux Gentilshommes & autres ce qu'ils auoient prins des Eglifes duranttes troubles. Tufques à fonfils Pepin lequel accusé par l'Abbé de S.Denis d'auoir vfurpé quelque renenu appar tenant à son Eglife, l'Empereur luy commande de le reftituer, à quoy il se monftre obeissant, & faict restitution non seulement de ce qui appartenoit å c'este Eglife, mais aufli ne souffre qu'aucun gentil-homme, & Lay, n'occupe benefice quel que foit. Les Normans & Danois imposent tribut aux Frisons:mettent le feudás 837 la ville d'Anuers & afligent la France d'vne infinité de maux & inconue niens. ETELVVALF Roy des Angloisregne 20.ans. Les Sarrasins mettent toute l'Italie à feu, & fang, bruflét les faux-bourgs dela ville de Rome. 838. : 839. $40. Comete prodigieux & horrible veu apparoistre au ciel. L'Empereur Debonaire baille à son fils Charles la Neustrie, qui come prenoit, Paris, Mans, Aniou, Touraine: quiest ce qu'on nomme l'Islede France, & cominande à toutes les villes de luy faire hommage come l'heritier de la couronne. Louys Roy de Germanie se reuolte, enuié de ce qu'on bailloit telle portion à Charles:mais voyant les forces du Roy, qui venoit pour luy ofter ce qu'il auoit entre ses mains, & le def heriter, il s'humilie, & luy crie merci. L'annee ensuiuant, il reprend les armes & s'accointe des nations estráges & infideles de tout temps ennemies de la couronne, dequoyl'Empereur doulent, qui n'en pouuoit deja plus pour la maladie, & l'aage quile pressoit, en pense mourir defacherie, il s'en vient en Thoringe, où onluy auoit fait entendre que son fils estoit, ne le trouue point, pource qu'il s'en estoit fui voyant la venue de son pere; netrouuant donc personne pour luy faire resistence, prend le chemin de Bauiere & delas'en retourne en Gaules Pepin Roy d'Aquitaine trespasse, & laisse deux enfans, l'vn nomé Pepin, & l'autre Charles. Eclypse du Soleil si horrible, qu'il séble quasi estre nuict en plein iour tant est grand c'est obscurcissement. KENEDE 11. Roy d'Escosse regne 17.ans. L'Empereur Louys Debonaire apres auoir souffert vne infinité de tra uerses par les siens propres, durát le cours de son aage decede de ceste vie au mois de luing, & est enterré à Mets. Auant que mourir voulant pourucoir tous ses enfans, il baille à Lothaire son ailné l'Empire, luy enuoyát sa couronne & fon espee. Requis par son frere Drogon de pardonner à Louys, il luy laisse le Royaume de Bauiere. En apres recomande ses nepucus, enfans de Pepin son fils. Laisse à Charles le Royaume de France, & apres auoir fait quelques recompensesà ceux qui luy auoient faict seruice, donne plusieurs aumosnes aux pauures. Le reste des faicts plus particuhers de ce Roy & Empereur Debonaire sontcontenus en vn liure de sa vie, & gestes composé par vn qui viuoit de son temps, & lequel liure i'ay escrit à la main en ma librairie, ayant intention de l'exposer bien tosten public. : CHARLES deuxieme de ce nom, surnommé le Chauue, 26. Roy de France, & Empereur sur la fin de ses ans, regne 38.ans. : CHAR HARLES surnommé le Chauue, second de cè nom, obtintle Royaume de France par droict d'heritage, nó d'election, estant celuy qui n'auoitiamais forfaict contre son pere,ains luy auoit tousiours esté obeissant, fidele, & promptases commandemens. Pour l'amour dequoy il merita le Royaume de France, voire Dicu permit qu'il eut en fin en main toutes les Dominations de ses freres, & en eut pleineiouissance,non toutefois sans eftre agité de la tormente de son frere aisné Lothaire, qui à peine n'auoit só pere fermé les yeux, vouloit auoir toute la monarchie sous sa puissance: mais il demeura iouyssant comme nous verrons par la fuitte de nos annees. Ce Roy fut le premier Roy de France qui du commencement de son regne gouuerna seulement ce que nous appellons France, comme font les Roys d'auiourd'huy:atten du que les autres auoient tousiours quelque dominatió en l'Allemaigne. C'estoit vn Prince non si doux que son feu pere, mais vindicatif, & qui ne laissoit passer sous ses pieds vne iniure apres l'auoir receuë. Il estoit hautain tant de faict que de parole, tellemét que ceux qui vouloiét entreprendre quelque chose corresa personne, il leur faifoit sentir que c'est d'irriter son Prin ce, ne les laissantiamais en repos, qu'il ne les eut chastiez selon leurs rebel lions. Quanta ses habits, ils estoient tous differés des autres Roys ses predecefleurs, & portoit toufiours une longue robe, de drap d'or, & de la plus riche estoffe qu'il pouuoit trouuer à sa teste il portoit va turban à la mode des Turcs, qui luy couuroit sa cheueleure: de forte qu'on ne pouuoit cognoistre s'il estoit chauue, ou non. Outre cela il portoit vn riche diademe, ou couronne, enrichie de pierreries plus fines & rares. Hauoit ceintasa ceinture vn coutelas large de quatre doigts, & cuft-on estimé à le voir qu'il fust esté quelque vaillant guerrier, encore que plusieurs dient, que nonobstant fa grauité & majesté Royale, s'il se trouuoit des plus foibles, c'estoit le premier qui parloit de se retirer, Toutes cesfaçõős estrages dótil vsoit n'estoietguiere agreables aux Fráçois, qui euflet defiré en luy, au licu de ce vifage graue, une face benigne, accopagnec toutesfois d'vne iustice |