estoit bisayeul Bernard iadis Roy d'Italie) de luy iouër vn mauuais tour,
comme il fit. Car vn iour cest Hebert quiaspiroità mettre la Royauté en
tre ceux de sarace(comme il fut du temps de Hugues Capet) fit semblant
de vouloir communiquer à Charles le Simple choses de confequence:tou
chant la reconciliation des Princes, & autres negoces bien importans: Et
pour mieux couurir sa ruse luy enuoya vnfié coulin nommé Bernard (in-
nocenttoutesfois de la menee) pour le perfuader auec toute affeurance de
le venir trouueren Vermandois, luy promettant d'appaiser le different
qu'on auoit contre luy, & luy faire rendre le Royaume que Raoul (qu'on
auoit auparauant sacré à Reims) auoit vfurpé. Toutes ces paroles colorees
faciliterent le cœur de Charles qu'il ne fit faute d'y aller, amenant peu de,
train auec luy, comme ne pésant en aucune trahison: mais il ne fut plustoft
arriué vers le Comte à S. Quentin qu'au lieu de parler du restablissemet de
la couronne le fitem poigner & cóftituer prisonnier en Brie, en vn lieu dict
igner &coftitue
Chafteau-Thierry, & ne le laissa iamais aller pour toutes les menaces quó
luy fist, le Pape le priuant de la communion, s'il ne l'eflargissoit, finon
qu'il luy bailla Peronne au bout de quelque temps, auec bonne & feure
garde, pour ne luy laisser changer d'airioù estant on le contraignità signer
quelques lettres patentes, par lesquelles il consentoit que Raoul eust l'ad-
ministration du Royaume de France. Ainsi mourutce Roya Peronne, te-
nant prison & futenseueli en l'Eglise de S.Forcy, sans luy faire autrement
honneuren ses funerailles, non plus qu'à un simple gentil-homme; odse
void encore pour le iourd'huy sa tombe toute graude desieurs de lis. Il
espousa deux femmes, la premiere fut nommee Fredorce, issue d'illustre
maison:laquelle ne luy fit point d'enfans: aussi ne demeura elle guiere de
temps en sa compagnie:& fut in humeeasainct Cornille Eglise de Com-
piegne, dont elle auoit fondé l'Abbayc. Apresla mort d'icelle il se rema-
ria auec Edine, ou Algine fille d'Edoard Roy d'Angleterre: d'icelle eut vn
fils & vne fille: le masle fut Louys d'Outre-mer lequel iouït apres luy du
Royaume, comme son successeur, la fille fut Gifte, laquelle on maria à Rol
lon Normand, qui se fit Chrestienner. Il eut encore vn Bastard nommé
Roric, & felon autres Lindon, qui fut pourueu de la dignité d'Euesque de
Laon.

ALPHONSE 1111. Roy de Legion & Afturess.ans.

EDOVARD Roy d'Angleterre.24.ans.

I E A N IX. (ou selon autres x.) Romain Pape, cestuy fait vne constitutio
Synodale, cassant & annullant la fentence qui auoitesté donnce contre
Formose, & defend à tous tant ses successeurs, qu'autres, d'vser de telles in-
solences. Tient le siege 2.ans 20.jours.

Les Hongres font la guerre aux Allemands.
Les Africains enuahissent l'Affrique.

१०.

L'Empereur Arnoul meurt tout mangé de poux. Auentin dit que ceste 902.

1

maladie proceda de la boisson qu'on luy auoit baillée en Lombardie, par Angeltrudefemme de Guy Duc de Spolete, laquelle auoit corrompules Somcilliers de la Court du Roy, & leur auoit faict entendre que cebreuagen'estoit aucunement venimeux:ains ren doit la personne doux & amiable, l'Empereur l'ayant beuë, deuient comme toutestourdi & ne pouuoit proferer aucune parole, s'en retourne malade en Germanie: il accuse sa femme d'auoir forfaict, mais elle declare son innocence en presence de 72.des Principaux de sa Court. On se soupçonne incontinent qu'il auoit esté empoisonné, parquoyilsempoignent ces sommeliers lesquels mis à la torture canfessent & sont punis à mort.

Hebert Comte, autre que c'est Hebert qui fit prisonnier Charles le Simple, est tué de guetá pens par Alduin seruiteur du Comte de Flandres. GORMO 3.du nom Danois florit enuiron ce temps: prend pour femme la fille du Roy d'Angleterre, ennemi du nom Chrestien, vesquit longuemét, iusques à ce que caduc, & plein de vieillesse, il perdit la veuë. Il futfils de Harald cy dessus mentionné.

laille

BENOIT 4. Romain, Pape, tient le siege3.ans 4.moys.

903. Fouques Archeuesque de Reims estmassacré pres Compiegne, par Vvinemar, seigneur de l'Isle de Flandres que Baudouin Comte de Flandres luy auoit enuoyé en embassade, afin de le prier de luy laisseren paix l'Abbaye de S. Vuast.

Les Hongres apres la mort d'Arnoul subiugent la Morauie, dissipentla Bauiere, degastent cruellement tous les lieux où ils passent, iusques à boire le fang des meurtris, pour donner plus grand terreur. CONSTANTIN fils d'Ethe Roy d'Escosse, 30.ans. Cestuy solicita à plusieurs batailles Edouard, & son fils Adelstan.

2

:

Loves 4.fils d'Arnoul, Roy& Empereur de Germanic, regne 12.ans.

:

LOVYS

Ovy s quatrieme du nom (parce que le 3. s'appelloitle 903.
Begue) fut fils de l'Empereur Arnoul de sa seconde fem-
me Deyte, Homme fort ort vaillant vaillant & & belliqueux, belliqueux, quien- quien-
core en sa icunesse fut creé Roy, par les grands seigneurs
dela France Orientale, au Royaume Teutonique, & ho

noré d'accoustremens Royaux. C'estoit du temps que LAMBERT, BERENGER, & Lovys fils de Boson estoienten debat en Italietouchantle Royaume, lesquels debouterent Zenebald bastard d'Arnoul du Royaume qu'il auoit, le despouillerent de tous honneurs & digni tez, pour cause de sesrapines & rançonnemensillicites. A l'occasion defquels ayant perdu la faueur des Princes (tous se rengeás par deuers Louys) il leua vne armee, & en vengence dece fit vne ronde par toutes les villes de son Royaume, faisant tout confumer par la fureur des flammes:cuidant que par ces cruautez il mettroit en deuoir les rebelles: mais ce fut autat de temps perdu. Car quelque peu de temps apresil fut occis aupres de la riuiere de Meuse, & Louys honoré du tiltre de Roy de Germanie, Bauiere, Lorraine, & France Orientale:lequel ne retenant de l'humeur paternel, se monftroitaffable, & doux enuers vn chacun, comme tout au contraire son frere bastard Zuendebald, estoit rendu odieux de tousa cause de sa cruau té:& pource qu'il ne frequentoit sinon de vauneants, & vagabonds, defpouillant les gens honestes de leurs honneurs. De ce tempsles Hongres ayansreceunouuelles de la mort d'Arnoul, lequel s'estoit ferui d'iceux cótre Zuendebald Roy des Moraues, faisant leuce de gens, ne tenoient conte duicune Roy, ains faisoient des courses en Bauiere, mettoient le feu aux Eglifes, & coupoient la gorge au peuple. Et pour monstrer plus grande terreur aux hommes, beuuoientle sang de ceux qu'ils auoient meurtris. Ceste cruauté ouye, Louys print courage deleur refifter, & amassant d'hommes bien experimentez au combat, leur haussa le courage de mourir, auát que se laisser succer le sang par ceste nation farouche, leur remonftrant co me ces barbares n'attrappoient que les paresseux, & ceux qui se laissoient engourdir au sommeil:parquoy il leur fit defence de n'auoir recours à vne hon

honteuse fuitte, fur peine de la hart. Les gens de Louys efucillerent pour lors leurs esprits, se mettansen deuoir de combattre à qui mieux mieux, fi bien qu'ils demeurerent longtemps en doute qui gaigneroit. Le malheur voulut que les Hongres fins & rufes firent semblant de fuir, & les autres à courir apres: mais d'autant qu'ils font plus dangereux à tirer des fleches en fuyant qu'autrement, ny eut soldat en la troupe de Louys qui n'eust ou le bras, ou la cuisse, ou la poictrine percee de part en part, & par consequét en fut faict vn piteux massacre. Aufurplus quelques vns dient que c'est Empereur (qui ne fut iamais couronné par le Pape) fit guerre contre Beréger, lequel il vainquit premierement, mais depuis eftant vaincua Veronne, on luy creua les yeux, toutesfois ils setrompent lourdement: car cene fut point ce Louys fils d'Arnoul, ains un autre Louys fils de Boson, que les Italiens auoient couronné Roy. Qu'ainfine foit Rheginon, Othon, Sigebert, l'Abbé d'Vrspergen, Luithprand, & autres Chronographes racontét que ce Louys mourut de maladie, sans faire mention qu'il eust les yeux creuez. Et voici comment ils discourent du refte de ses faicts apres la bataille des Hongres. Louys, apres que les Hongres s'en furent allez, visita toutes ses prouinces, & les reforma, & tint des assemblees tantost à Treues, tantost à Mets, tantost à Vvormes, ou il appaisa les dissensions de lanoblesse, prouenues pour cause que Conrad, fils de Conrad le vieux, Comte de Franconie, Prince d'Haffie, & Vvedrouic, & Albert fils de la sœur de Henry nepneu de Biton, Duc de Saxe auoient vne grande querelle entre cux. Et Albert ayant tué Conrad, en vengence de la mort de son frere, que Conrad auoit massacré, ny eut aucun Roy, ou Prince, qui peust accorder les inimitiez & noises entre ces grands Seigneurs. Or cest Alberts'estant rebellé contre Louys, & ne pouuant par l'espace de septans estre reduicta obeissance, quoy que des principaux seigneurs s'employassent pour l'y faire condescendre, Louys indigné de ce, donna charge à Hatton Archeuefque de Magonce(auec lequel Albertauoit familiarité) de le luyammener à quoy l'autre ne fit faute, & l'attirat vn iour à soy, le fit coduire vers Louys lequel de l'aduis & conseil de la noblesse luy fit trancher la teste. A la fin cest Empereurestant tousiours infortuné en toutes ses batailles, mourut de maladie, ayant regne 12.ans & fut enseueli a Regensburg au monaftere de S.Emeram, sans laisser aucun heretier. Il eat une femme nommee Mathilde, que Saxon escriuain appellé Luithgarde sœur du Duc Brunon, & Othon le grand, fille du Duc Luitolphe, de laquelle il n'eut point d'enfans & fermala genealogie de Charlemaigne du costé du Royaume d'Orient, toutesfois Charles le Simplela continua deuers l'Occident l'espace d'vn long temps.

De ce temps en Italie y eut quelques Roys qui enuahissent l'Empirese faisans nommer Empereurs, s'assubiectissans par force d'armes la Lombardie, & grand nombre de villes d'Italie, lesquels meritent plastost le tiltre d'cnuahisseurs & tyrans, que de Rois & Empereurs: de tels furent les deux deux BERENGERS, oncle & nepueu: le premier fils du Duc Eberard de nation Lombarde, &Seigneur de Foriul, homme ingenieux & belliqueux, lequel tua Guy Duc de Spolete, & luy mefines fut tué au bout de cinq ans par vn sien compere nommé Lambert, ainsi qu'il entroit de nuict dans vne Eglise pour aller faire sa deuotion, L'autre BERENGER 2. fut fils d'Adelbert marquis de Porregie & de Gifle fille de Berenger 1. lequel ayant vsurpé l'Empire en Italie se gouuerna simal, auec son fils Adelbert(qu'il declara Roy d'Italie) que le peuple fut contraint de faire venir d'Allemaimaigne Otho, auec son fils Albert, lesquels prindrent Berenger & fon fils & les menerent prisonniers en Germanic: toutesfois en l'assemblee ou Diette des François, Saxons, Alemands, &Lombards, l'Empereur luy pardonna, & donna derechef en gouuernementtoutela Lombardie: mais fe gouuernant encore pis que deuant, il fut prins auec sa femme & enfans, puis mené à Babenberg, où il finit ses iours, & y est enterré.

Rollon court sur les Anglois, desquels Alfroy estoit Roy. Il fait vn fon- 904. ge & en reçoit l'interpretation, qu'ildeuoit en brief reccuoir le bapresine. ALEXANDRE oncle de Constantin, tientl'Empire de Constantinople auec son nepueu 2.ans.

LEXANDRE Empereur fils de Bafile, fut frere de Leon
auquelilsucceda en l'Empire, toutesfois bien dissembla
ble en mœurs. Dés aussi tost qu'il cut mis le pied au Roy-
aume faisant reuenir des Galaciens le Patriarche Nico-
las, lequel fon frere auoit deiecté, le remit au siege de Pa-

triarche de Constantinople, confinant en exil Euthy

mic. Etluy s'adonna en toutes delices, à la chaffe, à boire, & manger,atoute lubricité, & deshonesteté. Ne s'employantà chose digne de louange, moins qui peustapporter quelque vtilité: ains toute sa cure, & penfee, n'estoit qu'afrequéter des flateurs, escornifleurs & ioueurs de pafle paffe: qui applaudissoienta sesfolies. Entre autres vn nommé Bafilitze lequel il preté doit faire heretier de l'Empire, laissant en blanc Costantin fils de fon frereà qui il appartenoit. Et faisoit so dessein de luy oster les genitoires & l'enfer

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