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diroit qu'ils n'ont qu'une ame qui les anime tous. On voit précisément le contraire dans l'homme. Les animaux expriment par des cris la peine & le plaifir; le rire & les larmes font particuliers à l'homme; il a des expreffions pour certaines émotions de l'ame, qui font inconnues à l'animal.

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L'inftinct n'appartient-il qu'aux animaux ? On l'a penfé jufqu'ici; cependant en y réfléchiffant on voit qu'il nous eft commun avec eux. Les fauvages placés immédiatement au deffus des » brutes, & guidés prefqu'entièrement » par l'inftinct, partagent dans leurs »bois les avantages qu'elles femblent » avoir fur nous. Mais les Sauvages ne »jouiffent point des biens fupérieurs » dont leur nature eft capable; ils ne reffentent point auffi les misères qui » font l'appanage des nations policées. »Il feroit important de rechercher quels font les inftincts naturels à » l'homme, de les diftinguer des paf» fions factices, fruit illégitime des » habitudes vicieufes qu'il a contrac»tées, &, après les avoir reconnus, les »comparer aux inftincts analogues des

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» autres animaux, Le Sauvage nous ai»deroit dans cette recherche; cependant » il refteroit encore de grandes diffi»cultés. »

L'auteur trouve le bonheur des ani. maux dans la manière dont ils naiffent. Ils n'ont pas befoin d'Accoucheurs ni de Médecins; la nature pour eux fe fuffit à elle-même; elle fuffiroit de même aux hommes dans les cas ordinaires. Ces détails conduisent à des réfléxions très - folides fur les accouchemens, fur les foins qu'on doit à l'enfant nouveau né, fur l'avantage qui réfulte du lait que la mère donné à l'enfant, &c. » Les villes font les tom» beaux de l'efpèce humaine. Bientôt

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elles feroient défertes, fi elles n'é» toient recrutéés fans ceffe par les »gens de la campagne. Tout concourt » à établir que le féjour de la campa»gne eft le fejour le plus convenable à » la première éducation des enfans: la pureté de l'air, la variété des amufemens de la vie champêtre, la frugalité de la nourriture, la fimplicité & » l'innocence des mœurs. Les hôpitaux » font mortels pour les enfans, à caufe

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» de l'air appauvri & mal fain qu'ils y refpirent. Les orphelins que l'on y » renferme avant que leur tempéra»ment foit formé, & que l'on y con» damne à une vie fédentaire, parvien» nent rarement à l'âge mûr, ou ils y parviennent en languiffant; on di» roit que c'eft un crime d'être né de » parens pauvres, & que pour les en » punir on leur ôte la fanté, le feul » bien que la nature leur ait donné. Non » feulement la foif de l'or endurcit » le cœur & le roidit contre tout fenti» ment d'humanité, mais elle aveugle » encore les hommes fur leurs intérêts. » les plus chers. Les mêmes principes » de politique qui nous font ménager » nos chevaux jufqu'à ce qu'ils ayent pris leur accroiffement & atteint la » force de l'âge, devroient nous faire » traiter les enfans de l'Etat avec un égal foin; les orphelins font les » enfans de l'Etat qui les adopte. »

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Dans la feconde Section l'auteur examine les avantages qui élèvent l'homme au deffus des autres animaux. Ces avantages dérivent de la rai ́ E iij

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fon, de la fociabilité, du goût & de laReligion.Chacune de ces caufes fournit le fujet d'une Section. Le génie eft une dépendance de la raifon; c'est cette force fupérieure d'entendement qui diftingue quelques individus. » Si l'on » oublie pour un moment le cours or» dinaire des chofes humaines on » croira que le génie doit procurer à » ceux qui le possèdent le premier rang parmi les hommes; les grands génies paroîtront déplacés s'ils ne font pas à » la tête de toutes les affaires, de tou»tes les profeffions, de toutes les con»ditions; on s'imaginera que c'est le plus grand défordre qui puiffe arriver » dans la fociété ; on en accufera l'envie & la méchanceté des efprits fubal»ternes, ou une malheureufe fatalité, » ou un concours d'accidens funeftes & imprévus qui confondent les rangs & » arrachent violemment les hommes » de mérite de leur place naturelle. » Dans le fait, ce n'eft rien de tout ce» la. Le génie contribue rarement au » bonheur de celui qui le pofsède, ou » des autres. Les talens fupérieurs font » ordinairement fi mal employés qu'il

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» n'en réfulte prefqu'aucune utilité pour » le Public, ni pour ceux dans qui ils » éclatent : vérité trifte & furprenante! » Le génie fe confume en pure perte. »

L'auteur Anglois fait un jufte éloge des François. Ils ont dépouillé toutes les branches de la fcience de ce qu'elles avoient d'aride & de rebutant; ils ont fait fervir la Phyfique aux arts utiles & agréables. Il convient que les Anglois goûtent moins le plaifir de la fociabilité. Ils négligent trop les arts d'agrément, & ils ont tort; s'ils les méprifent, leur tort eft plus grand. Je vous citerai ce morceau qui eft un parallèle des deux nations; car l'auteur abandonne fouvent fon fujer; il ne s'attache guères à le remplir; il place fes réflexions comme elles fe préfentent, &, lorfque celle qui précède en amène une qui ne tient pas à ce que promet fon titre, il ne la laiffe pas échapper. Il y a une différence remarqua»ble entre le goût de l'Anglois & du François pour la vie fociale. En Fran»ce les hommes d'un certain rang paf»fent toutes les heures de leur loifir

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