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» dans la compagnie des femmes & de » la jeuneffe la plus gaie & la plus heu»reufe. Dans ces cercles agréables ils fe » délaffent des fatigues du cabinet; là » ils perdent le fouvenir des affaires, » dérident leurs fronts févères & dila» tent leur ame, qu'une application pé» nible tenoit concentrée en elle-mê» me. Cette diffipation met du baume » dans le fang, fait circuler les hu» meurs, excite les efprits, & fait » que les François font de tous les peuples de l'Europe ceux qui vivent plus long-temps & plus heureux, & ref» fentent moins la caducité, tant de l'esprit que du corps. En Angleterre nous » avons je ne fçais quelles idées de dé»cence & de dignité qui nous font regarder comme ridicule la manière » dont les François employent les heu»res de leur loifir. Si pourtant nous » examinons de près cette décence pré» tendue, nous fentirons d'abord qu'elle » n'a point de fondement folide, nous » croyons qu'il convient de n'alfocier enfemble que des perfonnes du mê» me sèxe & même du même genre

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» d'affaires & d'occupations; c'eft être >>la dupe des mots. Confultons la na»ture & le fens commun. Ne voyons » nous pas que la vraie décence & la jufte harmonie de la fociété confiftent » dans un affortiment judicieux de per» fonnes qui diffèrent entr'elles, par le caractère, l'age & les facultés? Il n'y a point de condition indépen- › dante de toutes les autres..... La légèreté, l'étourderie, la folie de l'en» fance égayent la gravité, le férieux » & la fageffe de l'âge mûr, tandis que » la foibleffe, le fang froid & la lan»gueur de la vieilleffe font excités par » le courage, l'ardeur & la vivacité de » la jeunessc.

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Le goût, cette nouvelle fource de plaifirs qui nous diftinguent des animaux eft l'objet de la troifiéme Section. L'auteur le définit la perfection du fentiment & de l'imagination. Les arts agréables fourniffent la plupart des réfléxions de l'auteur. Parmi ces arts, la mufique eft peut être celui qui a le plus d'influence fur l'efprit humain; elle peut exciter les paffions & calmer les

agitations les plus violentes de l'ame. C'est le défaut de goût & de principes philofophiques de la part de ceux qui pratiquent cet art, qui eft la caufe de la rareté de fes grands effets. Les peuples barbares ont toujours fait plus de cas de la mufique que les nations civilifées; les premiers l'ont fans ceffe unie à la poëfie & à la danfe; elle leur a fervi à célébrer leurs guerriers, à adorer leurs Dieux; ces mêmes ufages la firent refpecter chez les Grecs qui la regardèrent comme tellement néceffaire à l'homme bien né, que c'étoit pour lui un défaut honteux d'éducation de ne lá pas connoître. Le charme de la mélodie ancienne dépendoit beaucoup de fon union. avec la pocfie; elle dépendoit auffi de quelques autres circonftances. » Les paffions s'expriment naturellement » elles-mêmes par différens fons; mais. » cette expreffion naturelle eft capable » d'une très-grande étendue; elle peut » être aifément altérée par une habi»tude vicieufe contractée de bonne » heure. Lorfqu'une fuite de fons particuliers ou une certaine mélodie

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frappe une ame encore tendre comme l'expreffion muficale de certaines paf»fions énoncées dans une piéce de poë » fie, cette affociation régulière fait » que ces fons deviennent avec le temps » une espèce de langage naturel & expreffif de ces paffions. La mélodie doit donc être confidérée jufqu'à un » certain degré comme une chofe relative, fondée fur les affociations d'i» dées & les habitudes particulières » de différentes perfonnes, & devenue "par la coûtume le langage des fenti» mens & des paffions. Nous écoutons » avec plaisir la mufique à laquelle nous » fommes accoûtumés dès notre jeu»neffe, peut-être parce qu'elle nous » rappelle les jours de notre innocence » & de notre bonheur. Quelquefois » nous fommes fingulièrement affec»tés de certains airs qui ne paroif

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» fent ni à nous ni aux autres avoir d'expreffion particulière. La raison en » eft que nous avons entendu ces airs » dans un temps où notre ame étoit » affez profondément affectée de quel» que paffion pour en donner l'emprein

»te à tout ce qui fe préfentoit à elle » dans ce moment ; &, quoique cette » paffion fe foit entièrement évanouie, » ainfi que le fouvenir de fa cause, cependant la préfence d'un fon qui s'y » trouva affocié alors, en réveille fou» vent le fentiment, quoique l'efprit ne puiffe pas s'en rappeller la caufe pri

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» mitive. »

Dans la quatriéme Section on analyfe le plaifir que produifent les ouvrages d'imagination. Ce plaifir, dans la première faifon de la vie, eft extrêmement vif. La jeunesse a un grand avantage fur ce point; l'imagination eft forte & bouillante; le cœur eft chaud, sensible, également ouvert aux tranfports de la joie la plus vive, aux impreffions fortes du fublime & aux douces émotions du fentiment.

L'auteur parcourt enfuite les différentes espèces d'ouvrages qui produifent néceffairement des plaifirs différens. Il préfente à ce fujet des réfléxions fur le Théâtre François & fur le Théâtre Anglois. » Ce dernier » a moins d'élégance & de régularité ;

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