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n'eft point fur la terre de femme comparable à elle. Ces paroles, tirées du Livre de Judith Chapître 'verlets 18 & 19, font le texte de cette Oraifon Funèbre imprimée chez Guillaume Defprez rue Saint Jacques. L'Exorde eft frappant. L'orateur y parle d'une manière fublimet de la nuit du tombeau, » centre com» mun où les hommes précipités rentrent dans la terre d'où ils étoient fortis; écueil fatal, couvert, de fiécles en fiécles, des riches dépouilles de la » Grandeur & des reftes informes de » la Pauvreté; gouffre vafte & pro» fond, où, parmi les débris de toutes »les fortunes de l'univers, la Puiffan »ce & la Foibleffe, l'Opulence & la » Médiocrité, l'Indépendance qui bril »loit fur le Trône, & l'Indigence qui ramp sit fur la pouffière, le Monar» que qui donnoit des loix & le peuple qui y étoit affujetti, font enfevelis & » rappellés à cette première égalité que » l'auteur de la nature avoit mise entre » les hommes. »

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Dieu avoit fufcité la REINE pour manifefter les miracles de fa fageffe,& pour être elle-même un prodige de vertus,

» Ce fpectacle & cet exemple étoient · » réfervés à l'inftruction ou à la confu » fion d'un fiècle, le plus éclairé, peut» être, & le moins vertueux ; qui vante » la fageffe & la craint; déclame con→ "tre les vices & les accrédite; s'appuie

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fur l'autorité de la Raifon & fe re» fufe à celle de la Fo1; parle le mieux » des devoirs & cherche le moins à les >> remplir; raifonne où il faut fe fou» mettre; veur comprendre où l'on » doit adorer; aime à difputer, craint » de s'inftruire, ne fçait pas ignorer » & n'ofe pas croire.

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M Poncet de la Rivière confidère la REINE fous trois afpects ;le Trône avois été pour elle le prix de la vertu; fon regne fut l'exemple de la vertu; fa mort a été le triomphe de la vertu. Bannie du palais qui l'avoit vû naître, fuyant les lieux où fa Maifon regnoir, errante de Provinces en Provinces avec une mère défolée, fur les traces d'un Monarque profcrit & fugitif, pourfuipar fes propres fujets qui ne le fouffrent pas impunément malheureux dans des contrées où il étoit Roi: tels font les revers qui fervisent d'épreuves à

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la vertu de la REINE dans la fleur de fa jeuneffe, & qu'elle foutint avec la fermeté naturelle à fon ame, encore augmentée par le courage que donne la Religion. Ce n'eft pas du Trône de » Pologne, c'est du milieu de fes dé»bris qu'elle devoit monter fur le pre»mier Trône de l'univers ; fa route à »la Souveraineté étoit tracée parmi des » ruines; & c'étoit dans l'obfcurité de » la folitude & lorfque la vertu feule étoit fon apanage, que les deffeins de Dieu fur elle devoient s'accomplir. » L'orateur rappelle ce jour heuseux où elle vint en France pour époufer le Roi le concours de tous les ordres de l'Etat empreffés de la voir, la curiofité fatisfaire & avide de fe farisfaire encore, enfin, la joie unananime de tous les peuples qui jouiffoient, avec le double plaifir de l'admiration & de la fenfibilité, du spectacle touchant de la vertu couronnée.

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La feconde Partie de cette Oraifon Funèbre nous préfente dans le regne de la REINE celui de la vertu. » Noble & » modefte dans fes fentimens, mesurée » dans fa conduite, fervente dans fa

» piété, fidèle à fes devoirs, bienfaifante par goût, charitable fans réferve, fenfible aux peines des autres, patiente dans les fiennes, digne de Dieu, refpectable aux hommes, utile >> aux malheureux, plus fouveraine par - l'autorité qui naît de l'eftime que par celle qui vient du pouvoir l'otateur développe avec beaucoup d'arc & de fagacité tous ces différens caraetères de la vertu. L'endroit fur-tout où il parle des atteintes portées à notre culte par les philofophes modernes & la douleur vive & profonde qu'en reffentoit la REINE cet endroit eft ad » mirable. » Ajoûterai-je l'impreffion que faifoit fur elle le difcrédit & le

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danger où femble mettre la Religion » ce déluge d'écrits impies & licencieux, » où le libertinage & l'incrédulité réuniffent tous leurs efforts pour affoiblir le refpect qui foutient encore fon empire ces productions malheureu »fes d'un délire raifonné & d'un fanatifme réfléchi, où l'efprit d'audace & d'irréligion sème par-tout des prin cipes auffi deshonerans pour la raison » que dangereux pour la foi, répand des

» maximes auffi oppofées aux droits de » l'Empire qu'à l'honneur du Sacerdoce; efprit funefte, ennemi du Trône » prefqu'autant que de l'Autel, foumis » à peine à la main qui tient le fceptre, bravant celle qui lance le tonnerre; qui n'exclut aucune Religion, n'en » préfère aucune, veut qu'on les multiplie pour n'en point avoir, & deman» de qu'on les tolère toutes, pour fe difpenfer d'en fuivre. J'ofe le dire;' » ceux qui ont connu le cœur fenfible » & vertueux de la REINE, fçavent que c'eft une des épreuves qui lui coûta le plus pendant fon regne.»

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La troifiéme Partie eft une peinture éloquente & pathétique de la mort de la REINE.» Approchez, Grands du mon»de, vous qu'attachent à la vie des diftinctions & des dignités qui fini »ront avant elle peut être du moins » avec elle; approchez, venez voir » cette augufte victime, cette REINE » vertueufe qui s'eft fanctifiée par l'ufage des honneurs dont l'abus vous perd: vous admirâtes la fainteté de fa vie; inftruifez-vous par le dernier.

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