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» mais il a plus de feu, plus de vigueur, plus de force; les paffions y parlent plus leur langage naturel; les carac»tères y font marqués par des traits » peut être plus durs, mais auffi plus mâles & plus vigoureux. L'imagina» tion créatrice de Shakespeare le mit » au deffus des règles de l'unité de

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temps & de lieu; mais il fçut racheter » ces défauts par la force & la vérité » de fes caractères, & par l'éloquence » naturelle des paffions qu'il mit en »jeu. Mais un reproche dont on ne » pourra jamais le laver, c'eft d'avoir » troublé le cours des paffions par le » mêlange d'un comique bas & ridi» cule; c'est une faute capitale contre » la nature & les loix fondamentales du » drame.»

On parcourt fucceffivement les Ro-mans & l'Hiftoire. On parle enfuite de plufieurs autres genres. Parmi les ouvrages dont il eft question je vous citerai ce que les Anglois eux-mêmes penfent du Docteur Young, dont on nous a donné depuis peu une traduction élégante qui ne fait pas regretter

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l'original. »Un goût épuré eft fans ceffe choqué en lifant les Penfées Nocturnes » du Docteur Young. Il y trouve des peintures de la vie humaine, fauffes » & recherchées, des jeux de mots puériles, une poëfie quelquefois au def » fous de la profe la plus foible, fou vent ampoulée & fauffement fublime, » un ftyle obfcur & embarraffé, des » raifonnemens foibles, un plan mal » conçu & dont l'exécution n'eft pas

plus heureufe: cependant cet ou» vrage peut être lu avec des fenti» mens différens; on peut y trouver des » touches fortes & vigoureufes, des traits de la plus fublime poësie qu'au» cune Langue ait jamais produits, de » ces faillies naturelles & paffionnées

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qui touchent le cœur de la manière » la plus tendre & la plus affectueuse. »D'ailleurs, l'efprit eft quelquefois dans » une difpofition à goûter les peintu»res les plus fombres de la vie humai"ne. Le traducteur François a fait difparoître une partie des défauts que les Anglois reprochent à leur auteur. Young, de tous les Poëtes, étoit peut

être celui qui avoit le plus besoin d'un interprète homme de goût: & il

l'a trouvé.

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L'homme confidéré comme être religieux eft le fujet de la dernière Section. L'auteur examine en quoi la Religion contribue à notre bonheur ; elle eft pour nous la fource d'une infinité de plaiurs intéreffans & folides. Il conclud de cette manière. » Je » terminerai ici ces obfervations dé» coufues fur les avantages que le » genre humain retire des facultés » qui le diftinguent du refte des animaux avantages qui ne femblent » pas répondre à ce qu'on devroit en » attendre, fur - tout loffqu'elles fe » trouvent en un haut degré dans des hommes qui ne manquent ni de » loifir, ni d'occafions pour les porter » à leur perfection & en tirer tout le parti poffible. J'attribue cet inconvénient à ce que ces génies tranfcendans s'appliquent à des objets de petite conféquence pour la fociété, » ou dont les matériaux font dans leur efprit. Le peuple eft fait pour agir

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» & non pour raisonner; il n'a ni le » loifir ni l'efprit néceffaire pour fe » livrer à des fpéculations fcientifi»ques. Ceux qui possèdent cette pro» fondeur, cette clarté, cette péné»tration de jugement qui conftituent » l'efprit vraiment philofophique, fem. » blent nés pour dominer fur les hom »mes & être à la tête des affaires publiques, s'ils en vouloient prendre » la peine. S'ils n'ont pas les facultés »ni les talens néceffaires pour exceller » dans les arts utiles & ceux de pur agrément, c'eft à eux du moins qu'il » convient d'en établir les principes & » d'en diriger l'application. »

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Cet ouvrage intéreffant mérite d'être lu; c'eft un Recueil de réfléxions utiles à l'humanité plutôt qu'un parallèle rigoureux & fuivi des avantages de l'homme fur les animaux; on confidère la nature humaine dans les états fucceffifs de la fociabilité; on réunit enfemble les avantages particuliers à chacun, & l'on indique la manière d'en tirer la meilleur parti poffible pour le bonheur de l'homme civil.

Continuation des Caufes Célèbres & intéreffantes, avec les jugemens qui les ont décidées; par M. J. C. de la Ville, Avocat au Parlement de Paris, & affocié de l'Académie Royale des Belles Lettres de Caën. Tome III, à Paris chez le Clerc Libraire Quai des Auguftins.

Cette continuation des Canfes Célè bres contient des procès très - curieux. Le troisième volume que je vous annonce en offre deux que vous lirez avec plaifir. Le premier eft entre la veuve de Chriftophe de Aubriot fes enfans & Françoise de Aubriot, veuve d'Antoine de Bonneval. Je vais vous donner une idée du fujet de cette Caufe.

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Chriftophe de Aubriot avoit perdu fon père; fa mère,dont la conduite n'étoit rien moins que régulière, avoit empoifonné fon mari. M. de Bonneval, frère uterin du défunt, s'arrangea

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