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à M. l'Archevêque qui recommanda aux Moines de faire juftice. Elle ne fut pas faite,& le procès commença. Dans le cours de cette affaire on n'avoit pas mis en doute que Balthazar Caftille ne fût Moine. On demanda par, hafard l'acte de fa profeffion; les difficultés qu'on fir de le préfen ter donnèrent des foupçons; on infifta, & l'acte fut enfin préfenté; mais il étoit écrit fur du parchemin; il y avoit quelques endroits gratés vifiblement; il n'étoit pas figné. Cependant les Conftitutions de l'Ordre de Cîceaux portent expreffément que les profeffions feront écrites & fignées de la main du Profès. Il n'eft pas vraifemblable que fçachant écrire il n'ait fait qu'une fimple croix; de pareils actes en juftice ne valent pas ; ils ne font regardés que comme des projets jufqu'à ce que la fignature leur ait donné toute leur valeur, & voici la conclufion qu'en tire M. de La Briffe, Avocat-Général, qui porta la parole. » La durée » même du féjour de Caftille dans l'Ab»baïe d'Orval'n'eft donc pas certaine,

» & la poffeffion de dix années dont » les Religieux fe font fait un moyen, » tout impuiflant qu'il eft en lui» même, leur échape aujourd'hui

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par l'altération vifible de cette » date fi importante. Sont ce là » Meffieurs, des preuves auxquelles

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nous puiffions livrer notre con» fiance, cette confiance qui prépare » la vôtre, & dont la loi ne nous laiffe pas les maîtres ? Pouvons » nous déférer à de tels adminicules » contre la raison les loix de l'Eglife & de l'Etat, les loix fpécia» les de l'Ordre de Cîteaux, fes ufa"ges, fa règle, les arrêts, les juge» mens des Tribunaux du païs qui, » fuivant Van - Efpen ne connoiffent de profeffions que celles de qui» bus conftat per inftrumentum fcrip» tum & authenticum; contre tous les » défauts raffemblés, défauts de fi»gnature, de folemnité, de publi» cité, défauts particuliers à l'acte. Et contre qui, Meffieurs? Contre » un homme marié publiquement » depuis fept ans, dans le fiécle de» puis

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puis vingt-fix ans, qui a pris fon vrai non dans tous les actes qu'il » a pallés ; & dans quel temps? Lorfqu'il eft puni comme apoftat, lorf qu'il eft mort..... à la veille da » jugement, lorfqu'on demande ré»paration des outrages faits à fa famille, enfin, Mellieurs, contre un » homme qui feroit peut-être encore » en poffeflion pailible de fon état, & qui vivroit pour fa femme & pour les enfans, fi fes Supérieurs ne l'eutfent » cru qu'apoftat. Notre confiance eft » trop efclave des loix pour fe livrer » ainfi à de pareilles incertitudes. Il » n'est donc pas prouvé que Caftille fût Religieux.

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L'Aret da Confeil qui jugea le procès con tamna l'Abbé de Clairvaux en 30000 livres de dommages & intérêts envers la veuve Caftille, en autant pour la fille du même Caftille & aux dépens; il ordonna encore qu'à l'avenir l'Ordre auroit foin de faire exécuter la Règle au fujer des profetsions, qui à l'avenir feroient écrites & lignées par les Profès, far du papier & non fur parchemin.

AN. 176). Tome V

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Cette fuite des Caufes Célèbres n'eft pas moins intéreflante que le Recueil qu'on en a déja donné. On ne peut qu'exhorter Mr de la Ville à continuer celui qu'il a commencé. Son ouvrage a le double mérite d'être utile aux Avocats, d'amufer ceux qui ne le font pas, & de leur donner des lumières fur bien des objets de Jurifprudence. Je fuis, &c.

A Paris, ce 12 Août 1769,

LETTRE

VI.

Réponse au Mémoire de M. l'Abbé Morellet fur la Compagnie des Indes, imprimée en exécution de la délibération de Mrs les Actionnaires, prife dans l'Affemblée générale du 8 Août 1769, in 4o 50 pages ; à Paris de l'Imprimerie Royale.

Evous ai rendu compte, Monfieur,

JE

du Mémoire de M. l'Abbé Morellet.

Voici une réponse qui me paroît so

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" Vous

fide. L'auteur combat les fortes objections de M. l'Abbé Morellet. » accufez, lui dit-il, la Compagnie » des Indes d'avoir été à charge à l'Etat; & c'eft l'Etat uniquement qui a profité de fes travaux. Vous reprochez' aux Actionnaires le bien qu'ils polsèdent; vous faites entrevoir que le » Gouvernement pourroit les en priver » fans injustice; & ce bien eft le refte » d'une fortune immenfe, diffipée dans' » une fociété qui n'a jamais été établie » pour leur intérêt, mais pour l'avan» tage de l'Etat ; qui n'a jamais été » conduite par eux ni par leurs repré» fentans, mais par des Commiffaires » & des Directeurs nommés par le » Roi. »

Ces affertions ne font pas conformes à celles de M. l'Abbé Morellet. L'auteur s'attache à lui prouver d'abord" que la Compagnie, loin d'avoir été à charge à l'Etat, lui a rendu les plus

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