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bière

y font prodigués; des tables »couvertes de toutes fortes de viandes » y font fervies gratuitement à toute heure; on y chante, on y rit, on s'ý » enivre, on s'y bat ; on y fait fur-tout » avec beaucoup d'emphafe le panégy»rique du Candidat dont on boit le »vin; on le compare aux plus grands » hommes; on lui donne toutes les ver»tus; la moindre de toutes les quali»tés eft de dérefter les Miniftres, d'être » invinciblement oppofé au parti de la Cour, de n'être occupé que du bien public, &c.».

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Quelquefois il y a des places au Parlemens qui ont coûté à ceux qui les occupent jufqu'à deux, trois ou quatré cens mille livres de France; c'est un abus auquel la Loi a pourvu; mais elle n'eft point fuivie. Au mois de Mars 1761 on fit courir à Londres un billet conçu dans ces termes: » Comme » toutes les charges de membre du » Parlement de ma Province font rete»nues, & qu'elles ont été d'ailleurs portées à des fommes extravagantes, »je prie les perfonnes qui ont quel

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»ques correfpondances dans les Pro» vinces du Sud, où j'ai appris qu'il en »reftoit encore quelques-unes au prix de mille livres sterling, de me faire le plaifir de m'en procurer une de celleslà, je donnerai un fort honnête pot de » vin à celui qui me rendra ce fervice.. Cette plaifanterie fit rire, mais elle ne corrigea rien; dans les affaires de cette importance il ne faut pas plaifanter, il faut févir; il faut fur-tout fonger aux moyens de remédier aux défordres; le Parlement, dit-on, s'en oc

cupe.

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L'Editeur, en parlant des baffeffes que font les Candidats, raconte une anecdote affez fingulière & qui mérite d'être cirée. Un jeune Anglois qui vou »loit être membre du Parlement, fort bien mis & fort élégant, fe présenta un jour chapeau bas devant l'échope » d'un favetier, homme fort en crédit » dans un bourg, mais très pauvre & très dégoûtant de figure & d'habille»ment; il s'appelloit Joblon; il écouta avec beaucoup de dignité la prière * que lui fit le jeune Candidat de lui donner fon fuffrage, & lui répondie

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d'un air dédaigneux: On verra cela, »notre bourgeois; mais auparavant il » faut fçavoir à qui l'on a affaire ; je ne » connois les gens que quand j'ai bu » avec eux. Mon cher Monfieur, répondit le fuppliant jeune homme, » j'ai pourvu à tout; il y a chez un tel, »à telle enfeigne, d'excellente bière » forte. De la bière, répondit le fave»tier, je ne bois que du vin & du Bourgogne. Eh bien foit, répliqua le » Candidat, venez à deux pas d'ici. »Sortir de ma boutique, répondit le favetier, non en vérité; fi tu veux » boire avec moi, fais apporter ton vin; » tiens, affieds-toi, voilà un efcabeau. » On alla chercher le vin, & le jeune » homme fe mit à côté de fon dégoû»tant protecteur. Voudrois-tu fumer, » lui dit celui ci? Tiens, voilà ma pipe. » Le vin arrivé, on boit, & après quel »ques rafades, le manant, avec une ef

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pèce de tranfport, dit au Candidat: "Tiens, compère, donne-moi le poing, » baife moi... Bon... Et de l'autre côté... A merveille. Puis hauffant la voix il le renvoya en lui difant: Quoi, n'astu pas de honte de tant de baffeffes!

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J'en rougis pour toi; tu es gentilhom» me, tu veux être membre du Parle»ment; j'en fuis plus digne que toi; » fors de ma boutique, lâche, ou je » te..... Sors, te dis-je, va, tu peux aller ailleurs mendier des fuffrages; »le mien ne fera pas pour toi. »

Le Roi eft le chef de la nation; c'est elle qui lui en a conféré le titre; elle peut le lui ôter; mais, pour en avoir le droit, il faut que les conditions auxquelles il a été accordé n'ayent pas été remplies. Le Parlement tient auffi de la Nation la puiffance légiflative; mais il ne peut rien changer à la conftitution du Gouvernement. Il ne peut être-affemblé facilement pour s'oppofer aux entreprifes dangereufes de la puiffance exécutrice; mais fi tous fes membres ne peuvent pas fe réunir en corps effectif, ils fe réuniffent par parties qui agiffant d'accord produifent le même effet; & c'eft ce qui eft arrivé toutes les fois que la conftitution nationale a été en danger. L'auteur établit quelques principes à ce fujet, & fe garde bien d'en conclure que toutes les deftitutions des Rois d'Angleterre ayent été

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juftes & légitimes. » Pour que le glai»ve de la révolte foit légitimement ti » ré (il faut obferver que tout ceci n'a » rapport qu'à la conftitution Angloife) il faut qu'il ait été provoqué par ce» lui de la tyrannie. De fimples allar»mes, des craintes fondées fur de fimples foupçons, ou même déterminées » par des actions équivoques, n'ont ja» mais pu autorifer les Anglois à fe ré» beller contre leur Souverain. Jean » Sans Terre fit hommage de fa couron »ne à la chaire pontificale de Rome; »fes peuples fe révoltèrent légitime"ment; il fut juftement dépofé, & » l'élection du fils de Philippe-Augufte » fut légale ; la fédition d'un ambitieux »hardi & heureux fit tomber du trône » & monter fur l'échafaud Charles I. La » nation le fouffrit par foibleffe, mais "ne l'ordonna pas par juftice; elle re» connut fes torts, rétablit le fils, & » obferva toujours depuis un jeûne cn » expiation de la mort du père. » Tous les ans le jour de la mort de Charles I les Anglois jeûnent, & le Chambellan du Roi lui annonce le jeûne & lui en rappelle le motif. Par un acte du Parle

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