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ment du regne de Jean Sans Terre en 1215, les grands Barons d'Angleterre ordonnèrent aux vingt-cinq d'entr'eux qu'ils avoient choifis de veiller à la confervation de la liberté nationale, de fommer le Roi d'obferver la grande chartre de lui déclarer la guerre en cas de refus, de s'emparer de fes châteaux, de fe fervir de toutes les reffources que peur fournir la force, excepté contre la perfonne du Roi, de fa femme & de fes enfans.

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L'état des Miniftres en Angleterre préfente des détails affez curieux, Hors du " parc Saint James un Miniftre Anglois eft fans éclat ; le dernier bourgeois de Londres s'eftime autant que lui; comme il ne peut faire de mal, »il eft pen redouté; comme il peut faire peu de bien,il eft peu recherché, » fi on defire fa faveur, c'est avec » mystère; on feroit foupçonné de basfelle fi l'ayant obtenue on l'ofoir » avouer. Entrer, Monfieur, dans le miniftère Anglois, c'eft s'expofer a >> perdre toute confidération perfonnelle. La vertu la plus éprouvée ne peat fe flatter de la conferver. L'ame

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la plus modérée, le cœur le plus dé» fintéreffé, l'efprit le plus fage pren» nent alors aux yeux du peuple toutes » les teintes de l'ambition, de l'avarice

& de l'inconféquence; l'objet de fon »eftime devient celui de fon mépris. » M. Pitt, dans la Chambre des Com»munes, étoit l'idole des trois royau» mes; on lui élevoit des ftatues; il a été Miniftre, il eft confondu dans la » foule des courrifans. »

כן

Je me borne à ces traits, Monfieur; cet ouvrage eft rempli d'obfer vations très intéreffantes & qui annon cent un homme qui a bien vu & qui connoît la nation dont il parle; fon ftyle eft négligé, mais il fe fait lire avec plaifir; il fait difparoître la fécherelle des matières dont il traite, pat des anecdotes qui font curieufes & qui font cone noître encore davantage l'efprit du peuple Anglois. La fuite de ces Lettres ne peut qu'être defirée des lecteurs; j'invite l'auteur à remplir fes prometfes & à les publier exactement tous les quinze jours.

Wilhelmine, Poëme Héroï- Comique, traduit de l'Allemand de M. de Thummel, par M. Huber, petit in-8°, à Léipfick.

. L'auteur de ce Poëme entreprend de chanter les amours d'un Miniftre Pro reftant, Curé d'un petit village Allemand. Le fujet eft abfolument neuf pour nous; il nous préfente des mœurs différentes des nôtres. Les plaifanteries Allemandes font auffi d'un autre ton que les Françoifes. L'original a eu trois éditions confécutives. Il peut nous donner une idée du goût germanique; à ce titre i mérite d'exciter notre curiofité. Il débute en ces termes: » Près

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de la brillante réfidence d'un Prince, » fortuné, non loin des rives de l'El» be, s'étendent le long d'une vallée. » délicieuse, vingt petites habitations. » de joyeux villageois. De jeunes cou» driers & d'odorans bouleaux répandent un agréable ombrage fur ces hameaux, & adouciffent les fatigues.

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» du diligent laboureur, torfque l'ar»dente Canicule defsèche les campa» gnes; & ces utiles arbustes,dépouillés » de leurs feuilles par le fouffle glacé » de Borée, brulent dans des poëles bien» faifans, lorfque l'hyver étend fur ce » vallon une épaiffe couche de neige, » & que le voifin court chez le voilin » pour abréger les longues heures de » la foirée par des entretiens intéref» fans, foit en jurant contre les mar» ches ruineufes des Pruffiens, foit en » racontant l'hiftoire divertiffante de' quelque Follet libéral, foit auffi en fe "moquant des Ordonnances du Gou» vernement. C'eft ainfi que vivoient » fans allarmes & fatisfaits de chaque » faifon les heureux habitans de ces ha

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» meaux. >>

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Le feul pasteur du village, le docte Sébaltus, avoit perdu depuis quatre ans fa ruftique gaîté; il ne parloit plus qu'à l'Eglife; le Dimanche ouvroit fa bouche & le foir elle fe fermoit jufqu'au Dimanche fuivant. Tout le monde ignoroit la caufe de fa mélancolie; it aimoit Wilhelmine; cette jeune beauté D'avoit pas échappé aux regards da Maréchal de la Cour, qui l'avoit tirée

de la maifon paternelle pour la con duire à la ville où il l'avoit mife, diton, au fervice de la Princefle. L'Amour apparoît à Sébaltus, le confole & lui promet le retour de fa belle maîtreffe ; il lui recommande de chercher à lui plaire; il l'afsûre du fuccès s'il prend un ton plus agréable que cette gravité de Miniftre de Paroiffe qui effarouche les Graces.

Le jour de l'an étoit arrivé; c'étoir Je jour annoncé par l'Amour. Sébaltus! reçoit & rend les complimens d'ufage & vole avec Colas, le père de Wilhelmine, au devant de cette beauté qui doit faire fon bonheur; ils la trouvent dans un carrofle à fix chevaux ; elle les falue poliment, & s'adreifant au Paf teur, elle lui dit:» Ah, bon jour M. le » Curé, comment vous va? Enfuite elle »embraffa fon père en pleurant de joie. Le vieillard frappé d'entendre fa fille s'énoncer comme à la Cour, craignit de bleffer fes oreilles délicares par fon langage ruftique. Plus »embarraffé encore, fon amant fe te» noit devant elle, faifoit des cour» bettes fans fin, teuffoit fans ceffe

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