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» & ne difoit rien. Il fut même bien » du temps fans ofer la regarder; car le » beau fein de la belle, dégagé des ajuf» temens du village, étoit pour lui un fpectacle trop inattendu, & opéroit » fur fes fens une fermentation extraor» dinaire. Avec une pitié fatisfaite, Wit» helmine remarqua l'impreffion que » faifoit fa perfonne, & tira enfin fon "père & fon amant de leur perplexité. >> D'une voix gracieufe elle raconta tour

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à-tour les plaifirs brillans de la Cour, » les enchantemens furprenans de l'O» pera, & les vaines pourfuites de fes » amans; mais bientôt, faifant de férieufes réfléxions, elle déplora les ré volutions continuelles de la Cour & le dégoût perfide qui,accompagnant tous » les divertiffemens bruyans, fe gliffe » fans ceffe fur les pas du volage courti fan; & alors elle forma le fouhait (quel délice pour le Prêtre attentif!): » de pouvoir revenir en tout bien & » tout honneur au village goûter le cal » me heureux de la vie champêtre. »

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Colas avoit préparé un repas; fa fille a apporté d'excellent vin; il répand la joie dans la petite fociété, le cham

pagne égaye Sébaltus ; il lui donne le courage de faire une déclaration; elle eft bien reçue; wilhelmine lui permet d'aller le lendemain la demander en mariage au Maréchal de la Cour, Le Minif tre enchanté n'a rien de plus preflé que d'éxécuter ce projet. Le Marêchal est prévenu; il confent à l'hymen de Wilhelmine, il fe charge même du repas & du préfent de noce; mais il exige un fervice de l'honnête Curé. Depuis long temps il eft amoureux de Clarice, la fille du Comte de Nimmer; il ne peut lui parler que rarement; il veut que le Pasteur aille l'inviter à fa nôce, & l'avertir qu'il en fera; s'il obtient qu'elle vienne, il lui dit d'attendre toat de fa reconnoiffance; le Pasteur, fans I réfléchir fur la nature de la commiffion qu'on lui donne, promet de s'en acquitter. Le Maréchal le congédie, fait venir Wilhelmine, l'embraffe, lui fait fes adieux, & lui donne une atteftation de ve rtu en très-bonne forme.

Le Pafteur fe dépêche d'aller chez le Comte de Nimmer; il doit traverfer un bois. Comme il craint de s'égarer il prie un bucheron de lui mon

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trer le chemin ; celui ci lui en indique un autre. Sébaltus qui n'y entend pas fineffe veut le récompenfer. » Il ti » ra une longue bourfe artiftement tif» fue dans la couleur de l'efpérance..... » Pendant que le Pafteur apprête le falaire généreux du guide, foudain » le bucheron lui arrache fa bourse 33 » tout difparoît, & le Dieu des mar» chands & des fripons cache le vol & » le voleur dans la forêt. Cependant les » accens plaintifs du pauvre Miniftre » rempliffent le vague des airs. Perfide » s'écria t-il, traître, infâme, toi qui »voles un Prêtre, va, quand même » tu échapperois au gibet, à la roue, » aux tenailles brûlantes, tes remords » & mes malédictions te pourfuivront » fans ceffe; &, lorfque le froid de la » fièvre glacera tes membres épuifés, » les prières de l'églife ne t'apporteront » aucun foulagement, duffes tu les » payer d'un florin. Récitées fans dé»votion, fans recueillement, de ce » ton d'indifférence avec lequel nous »prions pour l'Empereur & pour toutes les Puifances Temporelles, elles fe

diffiperont fans efficacité dans l'athmofphère du temple. »

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Sébaltus a le bonheur de ne pas s'égarer en route; il arrive au château de Nimmer; le Comte étoit au lit. Quoique novice en ces fortes de commiffions, le Curé exécute la fienne avec beaucoup d'adreffe; il fe gliffe fans être apperçu jufqu'à la porte de Clarice, & lui délivre fon meffage fans être entendu; il va enfuite partager le lit du concierge & attendre le lendemain qu'il foit jour chez fon Excellence. Le moment arrive; il la fupplie de pers mettre à fa fille de venir honorer fon mariage de fa préfence. Le vieux Comte y donne fon confentement, & montre la grande confiance qu'il a dans la fageffe & la vertu du Pasteur.

Sébaltus retourne chez lui; il voit avec furprife fa demeure métamorpho fée en palais. » Pendant fon absence » douze domeftiques de fon généreux

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protecteur avoient entrepris, tel » qu'Hercule chez Augias, de netroyer » tous les réduits de la maison. Tandis » que dans la cuifine préfidoit un cuf

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» finier impofant qui demandoit mille uftenfiles dont les noms n'avoient ja» mais été entendus dans le village, les » antres de la cuifine retentiffoient des juremens horribles de ce tyran impé»rieux, de forte que le Miniftre ef frayé paffa doucement devant la porte » & fe coula dans fon tranquille cabi» net, où il prit en main fon livre de Cantiques. Etranger dans fa propre maifon il n'ofa jamais demander à manger à ce cuifinier d'importance » aimant mieux fe paffer de dîner & fe »nourrir de l'efpérance de s'en dédom» mager par un bon fouper.

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Arrivée des convives dans différens traîneaux; le Poëte peint quelques originaux ; il y en a quelques uns dont neus n'avons pas d'idée; il y en a d'au tres qui font plus communs & dont le ridicule fe trouve par - tout. » Sous le

figne de Mars (rare effort du génie » du Sculpteur) un autre traîneau, où ce » Dieu étoit à califourchon fur un affut de canon, dépofa deux inutiles » de la Cour, autrement nommés Gen» tilshommes de la Chambre. Guerriers intrépides, ils avoient une fois

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