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» dans leur jeunelle rendu un fervice » important à l'Etat, en délivrant lė » Prince de la préfence d'un voleur, qui >> lui demandoit la bourfe ou la vie. » Pour récompenfe de leurs fervices its » avoient fait choix de cette vie oifive, »jouiffant d'une groffe penfion; ils ra contoient fans ceffe cette belle prouef»fe du temps qu'ils fervoient, & ils accordoient volontiers leur bruyante préfence quand il étoit queftion d'un » bon repas. C'ef: ainfi que vivoient jadis de la bienfaifance des Romains » les confervateurs du Capitole, ces oies célèbres: pour un fervice impor» tant que tant d'autres oies auroient pu » rendre de même, elles s'engraif» foient, fans crainte d'être tuées, du plus pur froment des campagnes du

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» Latium. »

La belle Clarice arrive fans fa gottvernante,qui,craignant d'être obligée de faire un préfent aux nouveaux époux, a mieux aimé ménager la bourfe qu'accompagner fa maîtreffe. La table prés fente une profufion extraordinaire de mers; le deffert eft fuivi des préfens que le Marêchal fait à la mariée. Jamais le

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Miniftre n'a vu tant de bijoux, &, par une fingularité digne de lui, il fe mit en devoir de remercier le Maréchal comme s'il eût été maître de fa fem

me.

les

Le avoit duré long temps; repas convives, qui pour la plupart étoient ivres, ne fongeoient point à fe retirer. Le Marêchal, occupé à parler à Clarice, n'étoit pas difpofé à avertir qu'il étoit tard;la présence de tout ce monde fatigue enfin le nouvel époux; plus il regarde Wilhelmine & plus les témoins l'affligent; il paffe dans fon cabinet & adreffe fes plaintes à l'Amour. "O puif"fant fils de Cythérée, n'as- tu daigné

m'accorder ta protection, me donner » tes confeils, que pour me défoler da»vantage à préfent, que pour révolter » contre ton empire mon cœur reconnoiffant? De quoi me fert-il que ta » m'aies appris à foupirer pour les appas » de ma Wilhelmine, que par fon con» fentement tu m'aies rendu le plus >> amoureux des hommes ? De quoi me » fert-il enfin que ce jour ait été pour moi le jour le plus glorieux de ma

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vie, fi la première nuit de mes nôces » s'écoule ainfi fans avoir été célébrée? D'un air moqueur la riante Aurore » me rappellera demain la jouiffance » d'un plaifir dont les délices me feront inconnues fans qu'il y ait de ma faute, » & la douce Wilhelmine me regardera »en face avec un doux fourire, lorf.

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que les païfans accourront la faluer » femme de leur Pafteur. Cette nuit, » ô fils de Vénus, cette feule nuit, tu partages encore avec l'Hymen les » honneurs du gouvernement. Ah, ne » permets pas que je paffe ces heures » au milieu du vacarme des courtisans » effrénés & du henniffement de leurs >> chevaux, ces heures délicieuses qu'aucune puiffance ne fçauroit plus » me ramener fi elles font une fois écou »lées.

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La prière du Pasteur touche l'Amour; il lui fçait gré de s'être encore adreffé à lui lorfqu'il pouvoit s'adreller à I'Hymen; il fonge à le fervir; il fe reffouvient que l'embrafement de Troye obligea les Grecs de s'éloigner. Ce trait d'hiftoire lui fournit les moyens de fa

tisfaire Sébaltus; il va trouver l'Hymen, lui prend fon flambeau & s'en fert pour aller mettre le feu à la cheminée du presbytère. Tout le monde eft cffrayé ; le Marêchal prend Clarice dans fes bras & la porte dans fa voiture; le reste fuit & abandonne le Pasteur à fa douleur & à fon effroi ; mais auffi tôt que les importuns ont difparu,l'Amour éteint le feu qu'il a allumé ; il n'y a point de dommage; Sébaltus rafsûré goûte le plaifir d'être feul avec Wilhel mine. » L'Amour paroît devant fa gra »cieufe mère, &, par des difcours » pleins d'une folâtre jactance, il laj » raconte fon ftratagême & fon triom»phe; fa voix retentit dans l'Olympe, » & tous les habitans des céleftes lam» bris, jusqu'aux modeftes Muses, lui donnent des marques d'applaudiffement. Le fourire des Immortels fe » réfolut en une clarté intellectuelle du "foleil,clarté dont un rayon pénétra dans » notre monde, où, parmi tant de mik❤ »liers d'ames poëtiques, la mienne fut » la feule qu'elle infpira. J'ai fait tout » ce que ma Muse m'a ordonné; j'ai

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chanté les peines amoureufes du » Miniftre; j'ai célébré fon hymen »joyeux, & j'ai exécuté un ouvrage qui, multiplié par une belle impreffion,peut braver l'inftabilité des cho>> fes humaines.

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Cette fin eft prefque femblable à celle des Métamorphofes d'Ovide, nunc opus exegi, &c. Mais ce qu'on pardonne à Ovide, on ne le paffera peut-être pas fi facilement à M. Thümmel. On ne peut lui refufer de l'efprit; c'eft dommage que fes plaifanteries ne foient pas plus heureufes;la hardieffe & l'indécence font le principal mérite de quelquesunes;il y a peu d'imagination,& encore eft elle fort commune. Le Poëme a réussi en Allemagne ; en France on ne trouvera pas les amours d'un Prêtre bien intéreffantes; elles n'y auront pas le fuccès des autres ouvrages qu'on a traduits de cette Langue, & qui font remplis de beautés qui appartiennent à tou'res les Langues & à toutes les Nations. Ce badinage fe reffent du terroir; il y doit refter; il ne peut prendre quand on le tranfplante; on le regardera un

moment

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