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pirer un air plus pur que celui de l'Angleterre. Cette Dame vivoit dans un Couvent, elle reçoit très bien Betfi; elle paroît plongée dans le chagrin le plus violent; elle apprend à fa jeune amie qu'un mariage imprudent en eft la caufe; mais elle refufe de s'ouvrir davantage.

Mylord Kilmar ne tarde pas à ve nir en France; il est bien reçu de la Comteffe; il voit Betfi avec tranfport; rien ne s'oppofe à fes vifites, parce que la Comteffe ignore tout ce qui s'est paffé. Lady Plewsbrock ne le lui a point écrit; elle ignore même où eft Kilmar qui a changé de nom.

La Comteffe eft obligée pour des af faires de retourner à Londres; Betfi feroit au défefpoir de l'y accompagner; elle écrit à Lady Plewsbrock d'engager la Comreffe à ne pas fonger à l'y conduire; elle infifte fur la nécelfité de refter éloignée de Kilmar pour ne pas apporter d'obstacle à fon mariage avec Lady Juliette. Cette lettre a fon effet; la Comteffe part feule; mais comme elle prévoit que fon hiftoire fera bientôt

connue de cette digne amie, elle ne fait plus difficulté de céder aux delirs de Mylord, qui la prele de confentir à leur hymen. Kilmar en le mariant renonçoit à l'idée de retourner de longtemps dans fa patrie; il entre au fervice de France; mais fon féjour eft découvert; il étoit à l'armée; il avoit laillé fon époufe enceinte; il eft arrêté & conduit en Angleterre. A la première nouvelle, Betfi vole pour le rejoindre; on lui dit qu'il y a auifi des ordres contr'elle; elle quitte la France, palle en Hollande, fait courir le bruit de fa mort pour pouvoir demeurer en Angleterre fans crainte d'être recherchée. Elle arrive enfin à Londres; elle y accouche d'un fils. A peine eftelle rétablie qu'elle demande des nouvelles de fon mari; on lui apprend qu'il eft à la campagne & qu'il va époufer Juliette. Cette nouvelle l'accable. » Dans ce moment je demande mon fils; on me le préfente; mon cœur, » pour la première fois,fe fent de l'averfion à la vuedece trifte gage d'une union dont il ne me reftoit plus que le regret.

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» Malheureuse victime, m'écriai - je! » tu n'as donc plus de père! Celui à qui » tu dois le jour s'inquietre peu de ta ❞ naiflance, & ta mère est forcée de

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rougir de te l'avoir donnée..... Qu'on » me l'ôte, je ne veux plus le voir, dis-je » à Walmingue. Un moment après, par » un fentiment oppofé, je le redeman» de; viens, enfant infortuné, ce n'est » pas à toi à fouffrir de celui à qui tu » dois la vie. Il refte encore dans mes » entrailles affez de tendreffe pour ne » pas t'abandonner à ton trifte fort; il »te verra, le coupable auteur de ta mi

sère ; je ne defire de vivre que pour » afsûrer ta naiffance & le forcer d'avouer que tu lui appartiens. Ces der »nières paroles furent fuivies de mille

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baifers que la nature lui prodigua "malgré les murmures de l'amour of » fenfé. Ah! que ce guide commun de

tous les hommes a d'empire pour » étouffer les intérêts qui le combat» tent ! Oni, je le fentis dans ce mo»ment, le reflentiment difpatut pour faire place à cette émotion touchante qui nous rapproche avec tant de dou

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ceur d'un objet qui réclame fes droits. » Malheur à ces femmes dénaturées qui peuvent oublier un feul inftant qu'elles font mères ! Je l'étois, & » combien ne m'en avoit-il pas coûté "pour acheter ce titre qui faifoit à tant d'égards le fupplice de ma vie ! » Betfi au défefpoir quitte Londres; elle emmène fon enfant avec elle, & fe rend au château de Kilmar ; elle arrive, fe déguise en homme avec #almingue, fait porter fon fils par fa nour rice au château, & attache cette lettre à fon berceau. » Reconnoiffez ici, » Mylord, non le fruit de votre amour, » mais celui de ma propre foiblesse; » l'enfant que vous voyez eft votre fils; »j'ai fouffert des maux incroyables par » votre absence; jugez de ceux que m'a » caufés votre changement. Vous avez » oublié Betfi; une autre eft destinée à »prendre fa place; Betfi vous rend vo"tre foi..... Vous avez déja repris votre » cœur..... Elle n'eft point morte, in» grat! El'e n'eût fongé qu'à vivre pour »vous; elle vivra pour ne plus vous » voir, & pour détefter votre perfidie. "

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Mylord Kilmar s'étoit marié le jour même; fe promenant feul dans les allées du château il voit la neurrice & fon fils; il s'évanouit à la lecture du bik let; revenu à lui il monte à cheval & difparoît; fa nouvelle époufe defefpérée ne le revoit plus; on cherche Betft, qui a le bonheur de fuir; & le Comite de qui étoit revenu auprès de fon. époufe la Com:elfe, amie de Betfi, le charge de l'enfant. Betfi revient à Londres; elle y prend une retraite ignorée; le Chevalier Blaakfort, un vieux marin, fon voifin, lui offre fon cœur & fes fervices; fur le refus qu'elle fait du premier, il la preffe d'accepter les derniers; il devient fon ami; il s'intéreffe à fes malheurs, dès qu'il les connoît; ayant appris qu'elle avoit un fils, il la quitte & ne revient auprès d'elle que quelques jours après en lui préfentant ce fils. Apprenez, lui ditil, que ce n'étoit point la mère de » Mylord qui en prenoit foin; c'est la » Comteffe de....., c'eft fon mari, qui » ont fourni jufqu'à préfent aux frais » de fon éducation; on m'a dit même

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