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» qu'ils avoient fur lui les detfeins les plus avantageux; mais j'ai cru qu'il "convenoit mieux que vous en fulliez » la maîtrelse; c'ell pourquoi, me dit» il en finiffant, l'amitié que j'ai pour le » Comte, que j'ai beaucoup connu en Amérique, ne m'a pas empêché de, l'enlever pour le rendre à fa mère... "Quoi, lui dis je, c'eft la Comtelfe » de..... qui a fervi de mère à mon » enfant! Son ame généreufe devoit donc érendre fes bienfaits fur le » fils & fur la mère. Blaakfort m'in» terrompit. A préfent, me ait il d'un »ton ferme, il s'agit de nous arranger. » Je ne (çavois ce qu'il alloit ajoûter: "ô ciel !... Ames généreufes, qui que » vous foyez, écoutez, & que ce trait » vous ferve d'exemple. En enlevant vo» tre fils, continua t il, je l'ai fruftré de, » la fortune qu'il pouvoit attendre de les "protecteurs; il eft jufte que je répare le » tort que je lui caufe; il ne fera pas » mon fils; je ne fais pas digne de ce, » bonheur, qu'il foit da moins mon. héritier, ou je vous déclare ingrate; » c'est le feul prix que je mets à ce que

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je viens de faire pour vous. »

Un bienfait offert avec tant de cordialité eft accepté avec reconnoiffance. Betfi vivoit retirée, n'ayant d'autre amufement que de lire les papiers publics; elle s'en fit prêter un jour d'anciens; elle y lut un avis par lequel on offroit une grande récompenfe à ceux qui donneroient des nouvelles d'un enfant nourri par #almingue; tous les détails de cet avis annonçoient affez que Betfi étoit cet enfant; elle ne connoiffoit pas la perfonne à qui il falloit s'adreffer ; elle faifoit quelque difficulté de fe préfenter, fur-tout depuis qu'elle étoit malheureuse. Le Chevalier Blaakfort la détermine; il fe charge de s'informer du nom de la perfonne qui réclame l'enfant ; il apprend que c'eft le Comte & la Comteffe de... Betfi eft leur fille; cette reconnoiffance eft très-touchante. Quelque temps après, Kofters meurt & dérefte les outrages qu'il a voulu faire à Betfi; il les répare en lui donnant fon bien; elle le refufe & le rend à fes vrais héritiers : elle retourne en France avec fes parens ;

mais elle est dans l'affliction la plus profonde. Mylord Kilmar est toujours cher à fon cœur; elle lui pardonne fon nouvel hymen; elle voudroit fçavoir feulement ce qu'il eft devenu; elle fuit fon père dans une ville frontière où fon devoir l'appelle; il étoit au fervice de France. Un jour on lui amène un Anglois qu'on accufe d'être un efpion; cet Anglois eft Mylord Kilmar. C'eft une félicité pour toute cette famille. Kilmar avoit fui fon époufe ; il avoit cherché la mort fans la trouver; il étoit revenu enfin s'attacher à tous les pas de Betfi; il apprend avec tranfport qu'il en est toujours aimé ; la nouvelle de la mort de fa feconde femme lui permet de renouer fes premiers nœuds; il s'établit en France où il fait paffer tous les biens.

Il y a beaucoup d'intérêt & des fitua tions extrêmement touchantes dans ce Roman; il attendrit; les évènemens attachent, & l'on ne s'apperçoit pas que. plufieurs manquent de vraifemblance. Je fuis, &c.

A Paris, ce 21 Août 1769.

LETTRE IX.

Deambulatio Poëtica fivè Lutetia recen.ibus adificiorum fubftructionibus his annis magna ex parte renovata, ornata, amplificata : Carmen. Cest àdire, Promenade Poëtique, ou Paris renouvellé en grande partie dans ces dernières années, embelli & augmenté par de nouveaux édifices: Poëme ; in-. 4° chez la veuve Thibouft place de Cambray.

Mangoffe, ne vouloit pas que

Alherbe, le père de la Poëfie
Françoife,

que

l'on tît des vers dans une autre Langue que la maternelle; il foutenoit F'on ne fçauroit entendre la fineffe des idiomes que l'on apprend à force d'étude, &, à ce propos, pour fe moquer de ceux qui compofoient des vers Latins,

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Latins, il difoit que fi Virgile & Horace revenoient au monde, ils donneroient le fouet à Bourbon & à Syrmond, deux excellens Poëtes Latins fous le re

gne de François I. Ce qui faifoit ainfi parler ce grand homme, c'étoit fon enthoufiafme pour la Langue Françoise qui commençoit alors à fe perfectionner. On a répondu il y a long temps à cette objection, & je vous annonce, Monfieur, un nouveau Poëme Latin qui feul fourniroit une réfuration complette de ce préjugé. Si Ovide revencit au monde, il applaudiroit lui-même à cet ouvrage; il y reconnoîtroit la pureté de fa diction, l'élégance de fes tours, un ftyle auffi coulant & audi fleuri que le fien, &, s'il étoit de bonne foi, il conviendroit encore que le Poëte moderne eft plus fage & plus fobre que lui dans la diftribution des ornemens. Les édifices publics qui depuis quelques années embelliffent la Capitale, les anciens réparés, augmentés, renouvellés : voilà l'objet de ce Poëme Latin d'environ 500 vers, & que l'auteur a intitulé Promenade Poëtique. Les vers que je vais vous citer font trop clairs AN. 1769. Tome V.

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