que les modèles foient parfaits dans tous leurs points; car les chefs-d'œu yres mêmes laiffent quelquefois bien des chofes à defirer. N'eft- il pas à craindre auffi que les Profeffeurs, fans attendre l'approbation des fiécles, n'exigent de leurs élèves le même respec pour leurs propres productions for lef quelles la critique pourroit s'exercer avec juftice. Il vaut mieux fe contenter d'emprunter les règles des morceaux les plus parfaits. Celles qui conviennent à une tête peuvent être tirées, par exemple, de plufieurs tableaux ; il faut tâcher de conduire l'Elève à la perfection la plus grande qu'il puiffe acquérir. Il eft certain cependant qu'il faut que l'Elève copie d'abord, & qu'il le faffe avec exactitude. » S'il étoit poffible d'héfi ter fur la bonté de cette méthode, » le doute s'évanouiroit bientôt en » confultant la pratique des plus grands maîtres de l'Art; &, pour me » borner à un feul exemple, j'indi querois l'eftampe que nous avons » du tableau où Raphael a repréfen» té la difpute du Sacrement. Grace au Comte de Caylus, cette eftampe »fe trouve entre les mains de tout » le monde ; en la voyant il paroît » certain que Raphael fit son esquiffe d'après le modèle; mais ce qui mon»tre avec quelle exactitude il avoit » coutume de copier c'est qu'il a » donné à toutes fes figures le mê»me bonnet qui coëffoit par hafard » le modèle qu'il avoit alors fous les yeux: tant ce grand Peintre copioit fcrupuleufement, lors même qu'il étoit parvenu au plus haut de gré de perfection! » M. Reynolds ajoûte: » Quoiqu'Annibal Carrache foit >> connu pour prendre des libertés jufques dans fes morceaux finis, j'ai cependant vûde lui des Académies deffi » fembloient être le modèle même. pas. L'auteur termine fon Difcours par des détails fur l'importance qu'il y a de varier les modèles qu'on donne à copier aux jeunes gens, de crainte qu'ils ne s'accoutument à gliffer légèrement fur les défauts & à pren dre pour beau ce qui ne l'eft foumet encore fes réfléxions & fes principes au jugement des Inspecteurs nommés pour veiller aux études. Mais ces mêmes Infpecteurs ont été fi contens de ce Difcours qu'ils en ont euxmêmes ordonné l'impreffion. Il m'a paru folide & bien écrit ; il nous fait connoître l'établitfement Anglois, où l'on trouve quelques idées qui pour. roient convenir à nos Ecoles Gratuites de Deffin. Je fuis, &c. Paris, ce 24 Août 176.9. 217 L'ANNÉE LITTÉRAIRE. LETTRE X. Oraifon Funèbre de la REINE, par M. l'Abbé de Boifmont. CETTE Oraifon Funèbre de TrèsHaute, Très- Puiffante & TrèsExcellente Princeffe, MARIE-LECZINSKA, Reine de France & de Navarre, prononcée dans la Chapelle du Louvre le 22 Novembre 1768, en préfence de Meffieurs de l'Académie Françoife, par M. l'Abbé de Boijmont, Prédicateur ordinaire du Roi, Abbé de Grétain, l'un des Quarante de l'Académie, fe trouve à Paris chez la veuve Regnard, Impri. meur de l'Académie Françoife, Grand'Salle du Palais & rue Baffe des UrK AN. 1769. Tome V. fins. L'Orateur, qui nous a déja donné des preuves du plus grand talent dans ce genre, confirme par ce nouvel ou. vrage la réputation qu'il s'eft faite. Il a pris pour texte çes paroles du Livre de la Sageffe, Chapitre X, verfet 14 :Sapientia non dereliquit donec afferret illi Sceptrum regni... Et dedit illi claritatem æternam; c'est à dire, la Sageffe ne l'abandonna point lorfqu'elle l'eût couronnée, & elle a rendu fa vie éternellement mémorable. Après un Exorde très-noble, M. l'Abbé de Boifmont confidère la REINE fous deux afpects qui lui fourniffent une divifion fimple & naturelle: fage dans la profpérité, courageuse dans la difgrace. L'Orateur, au commencement de fa première Partie, trace, un tableau fier & rapide des viciffitudes orageufes qui ont agité la moitié de la vie du père immortel de la REINE.Tout étoit tranquille; une main ferme & puif» fante tenoit les rênes de la Pologne; » l'Europe fatiguée refpiroit, & le Génie bienfaifant de la paix avoit af foupi a Rifwick les querelles des |