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compare les derniers momens du juste & du pécheur. » Tranfportons-nous au » lit d'un coupable mourant: quel ta»bleau! Qu'eft devenue fa préfomption » & fon audace? Au milieu de l'horreur qui l'affiége, des ténèbres qui l'envi>> ronnent il ne voit briller qu'une » lumière vengereffe, qui répand un jour terrible dans les abymes de fa »confcience. Cette confcience, qu'il » avoit refufé d'entendre, s'élève con»tre lui, chargée de l'affreux dépôt de » tous fes crimes. Ce Dieu qu'il avoit » méconnu le preffe de tous côtés ; il ne trouve que fa colère; il ne pré» voit que fes vengeances; il frémit; fes yeux ne fçavent où fe repofer; le "paffé, l'avenire, tout l'épouvante; il » ne peut plus fe fuir; le remords impitoyable l'attache à lui-même, & la mort le fait déchiré par le désespoir. Que les derniers momens de la REINE font différens ..Approchez, » Guerriers intrépides Philofophes » fuperbes, approchez de ce tombeau qui fe creufe imperceptiblement fous » les yeux de la REINE soutiendrez

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vous le parallèle? Guerriers, vous » bravez la mort; mais vous la bra » vez dans le champ de l'honneur, »fous les traits de la gloire & ne laif» faut rien à la réfléxion. Philofophes, » vous méprifez la mort; mais vous la voulez imprévûe, précipitée, em"portant à la fois & dans un même inf »tant vos fonges, vos fyftêmes, les » remords dont vous vous défiez, & ce »courage même que l'inexpérience du » combat rend fi vain. Ici, c'eft une mort méditée, dont tous les détails & » tous les effets font marqués & réfléchis... Quel fpectacle, Meffieurs, & qu'il eft honorable pour la vertu ! Ce temps qui s'engloutit, ces objets » qui fe confondent, cette terre qui difparoît, ce Ciel qui s'approche, » Dieu qui fe montre feul: rien n'étonne la REINE. Tranquille, elle marche vers l'Eternité, comme au»trefois du fein de fa retraite elle marcha vers le Trône. On n'apperçoit ni ce travail de l'ame qui lutte » contr'elle-même, ni ce courage plus -»orgueilleux que chrétien, qui atta

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» che de la gloire à fçavoir mourir,

» &c. »

Par les traits que je viens de mettre fous vos yeux, il vous eft facile, Monfieur, de juger que M. l'Abbé de Boifmont a porté fon talent dans ce genre à un degré qui n'eft pas aujourd'hui commun. Son Oraison Funèbre eft une des meilleures qu'on ait faites. dans ces derniers temps. Quelques an tithèses un peu marquées & quelques expreffions recherchées n'empêchent pas que ce ne foit un ouvrage très bien conçu, très-bien penfé, très bien écrit.

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Defcription de la Fontaine de Vauclufe.

La Fontaine de Vauclufe eft fi fameule par le féjour que fit Pétrarque dans fes environs, que vous en lirez avec plaifir, Monfieur, la Defcription qui vient de m'être envoyée manufcrite par un anonyme.

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Afyle encor plus doux, lieux où dans les beaux

jours

Pétrarque loupira fes vers & fes amours.

Henriade, Chant IX.

Comme la poëfie eft menfongère & dénature les objets! Vous verrez par la Defcription fuivante que cet afyle fi doux eft un lieu affez fauvage.

Vauclufe eft un petit village du Com. té Venaiffin, à quatre lieues fud-fud-eft de Carpentras. Les premières avenues de Vauclufe offrent un vallon arrosé de plufieurs canaux où coule une eau trèslimpide. En fortant du vallon & en remontant un peu, on trouve le village à fa droite, il n'eft éloigné que de mille pas ou environ de la grande fource, & déja la quantité d'eau qui le baigne eft bien plus que fuffifante pour fournir à un moulin à papier qu'on y voit. En quittant le village, on entre dans une gorge qui devient toujours plus étroi

te à mesure qu'on s'y enfonce. Le terrein en eft incliné & la pente est fouvent très-rapide. Toute la eft gorge femée de grands éclats de rochers, détachés des montagnes qui la bordent. C'eft dans ce lieu défert & fauvage que la fontaine roule avec fracas un volume d'eau égal à celui d'une forte rivière. En avançant, vous voyez la masse des eaux fe former par la jonction des torrens qui tombent du fond de la gorge, avec plufieurs fources qui fortent à gauche du pied des montagnes. Quelques unes de ces fources particulières forment des courans confidérables quand elles fe déchargent dans le lit de la fontaine ou le canal commun. Peu après vous arrivez vis-à-vis d'une haute montagne prefque coupée à plomb qui ferme exactement l'iffue de la gorge. La nature fe préfente ici fous un afpect magnifique & fur un ton fublime. Les eaux, en fe précipitant, fe brifent contre les rochers avec tant de violence que leurs flots s'élèvent de plufieurs pieds en tourbillons d'écume ; ces globes d'eau font fumans; l'impétuofité de la chute & la violence du choc dif

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