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M. DEVER BERIE.

Oh, bon, vous en prendrez auffi tous les deux. Eh bien?

M. DELAMER CI.

Eh bien, fi l'Abbé avoit une certaine médaille qui me manque, je ferois le plus heureux homme du monde.

M. DEVER BERIE.

Vous fçaurez cela en prenant du cho colat enfemble.

M. DELAMER CI.

On m'a dit qu'il l'avoit, & vous fen

tez bien

que

s'il vouloit me la céder...

M. DEVER BERIE.

Oh! il le fera, puisqu'il m'a cédé le cacao avec quoi j'ai fait mon chocolat.

M. DELAMER CI.

Ce n'eft

pas la même chose.

M. DEVER BERIE.

Pardonnez-moi, pardonnez-moi.

Dans ce moment on annonce l'Abbé; ce qui produit une fcène affez plaifante par l'empreffement des deux amis qui font occupés, l'un de fa médaille l'autre de fon chocolat. Cette médaille eft celle d'Othon; l'Abbé convient qu'il l'a achetée; il confent à la céder à M. Delamerci.. Celui-ci qui eft obli gé de partir le lendemain veut l'avoir à Finftant; l'Abbé fait quelques façons & le renvoye à deux ou trois jours. M. Delamerci le preffe, le conjure de la lui remettre tout de fuite. L'Abbé dit que cela ne fe peut guères. Après s'être bien fait prier, il apporte cette raison. » Celui qui me la vendit voulut abfo» lument me donner à fouper ; c'étoit » dans le quartier Saint Victor, où l'on » ne trouve point de fiacres. Je fus donc obligé de revenir à pied. En paffant. » dans une petite rue, deux hom» mes qui marchoient derrière moi, me » firent craindre qu'ils ne fuffent des » voleurs; j'eus beau doubler le pas,ces

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» hommes me fuivoient & ma crainte » augmentoit. J'étois très- occupé de » fauver ma médaille, & je m'embar>> raffois peu durefte. Je pris le parti de » l'avaler; je n'eus pas plutôt fait que » ces deux hommes tournèrent par une » autre rue & je me repentis de ma » peur. »

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Depuis ce temps l'Abbé a la médaille dans le corps. M. Delamerci défefpéré lui propofe de paffer chez un Apothicaire, au grand regret de l'homme au chocolat, qui s'en confole fur la promeffe qu'on lui fait de venir en goûter une autre fois. Le mot de ce Proverbe, qui préfente beaucoup de gaîté, eft: Ce qui eft bon à prendre eft bon à rendre.

L'homme qui craint d'aimer. Le Chevalier de Saint Furcy eft cet homme. Le Comte des Glantières le mène chez la Marquise de Léry; il ne veut pas la voir parce qu'elle eft charmante; il fe rappelle qu'on lui fit connoître

autrefois une Dame auffi aimable qui le conduifit à Comédie, de là à la campagne, lui fit jouer un rôle d'Amoureux dans Mélanide & qu'il le

joua fi bien qu'il le devint réellement. Cette paffion a fait fon malheur; il en eft guéri; il craint un nouveau naufrage. Le Comte fe moque de fes allarines; la Marquife arrive, fe félicite de le voir, & lui propofe de venir à la Comédie; cette propofition l'effraye; enfin la Comtelle lui dit qu'elle fçait qu'il aime la campagne; c'eft là que fe forment les véritables liaisons. » Auffi,

ajoute la Marquife, comme je veux » que la nôtre foir mieux fondée, je vous » retiens pour paffer un mois à Léry. » Voilà la campagne où vous irez in» ceffamment; il ne faut pas que vous » difiez non; c'eft une chofe arran»gée.

LE CHEVALIER.

Mais.....

LA MARQUISE.

J'ai affaire de vous abfolument; vous jouez très bien la Comédie, j'en fuis sûr; je veux que vous la jouiez

avec nous.

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LE CHEVALIER troublé à part.

Ah, je vais m'enfuir!...

LA MARQUIS E.

Oui, nous jouons Le Philofophe Marié; j'aime le rôle de Céliante à la folie; il faudra que vous preniez celui de Damon; il eft charmant.

LE CHEVALIER.

Madame >

je vous prie de m'en

difpenfer.

LA MARQUISE.

Pourquoi? Vous devez bien jouer les rôles d'Amoureux..

LE CHEVALIER.

Non, Madame, je ne joue que les valets, & je fuis votre ferviteur. Il fort avec précipitation.

La Marquife eft étonnée du procédé du Chevalier. Le Comte en rit comme un fou; il inftruit la Marquife du motif: Chat échaudé craint l'eau froide.

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