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La Rofe Rouge. M. Broffart, Maître Peintre, gémit en fumant avec fa femme du peu de confidération qu'ont les beaux arts, & fur - tout de ce qu'ils fourniffent à peine de quoi vivre à ceux qui les exércent. Madame Broffart Se plaint beaucoup, & fon mari la trouve très-heureufe d'avoir époufé un homme à talent tel que lui. M. Vinot, Marchand de vin,qui depuis peu s'eft s'établi dans le voisinage, vient trouver le Peintre pour lui faire une enfeigne; il le confulte; M. Broffart lui dit qu'il doir mettre une role rouge. Cela ne plaît pas au Marchand, qui veut un lion d'or, parce qu'on dit: où vastu ? »Au lion d'or; d'où viens-tu ? Du lion »d'or; où y a-t-il de bon vin? Au lion "d'or; où.....

M. BROSSART.

Voilà bien de l'or dans tout cela; eft-ce qu'on ne diroit pas tout de mêà la rofe rouge, de la rofe rou

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M. VINOT.

Enfin, c'est mon idée, que voulez

Vous ?

M. BROSSART.

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C'eft iufte il faut vous contenter; cela fera plus cher, mais c'eft égal.

M. VINOT.

Plus cher ?

M. BROSSART,

Sans doute.

M. VINOT.

Mais combien encore?

M. BROSSART.

Un lion d'or!... Voyons... Cela ne peut pas vous revenir à plus ni moins que dix-huit francs.

M. VINOT.

Dix-huit francs! c'eft bien cher,

M. BROSSART.

Oui, voilà pourquoi je vous propofois la rofe rouge, qui eft une affaire de douze francs; c'eft pour votre bien; car moi, vous fentez.....

M. VINOT.

Oui, cela fait une différence de fix francs. Eft ce que vous ne pourriez pas faire quelque chofe pour moi, là, diminuer un peu.

M. BROSSART.

Si vous voulez faire un marché avec moi,par lequel vous me donnerez votre vin à douze fols pour dix fols,je ne vous ferai payer que quinze francs.

M. VINO T.

Mais, mon vin à douze fols eft d'une meilleure qualité que celui à dix, & celui à dix est très bon; je vous en dun, nerai trente bouteilles excellentes.

M. BROSS ART.

Non, je veux de celui à douze fols,,

M. VINOT.

Mais, trente bouteilles à douze fols cela fera toujours dix-huit francs.

M. BROSSARD.

Cela ne fera que quinze francs fi je ne les prends que pour dix fols la bouteille.

M. VINO T.

Allons, allons, nous nous accommoderons; ne vous embarrassez pas; puifque vous le voulez, je vous donnerai du vin à douze.

Le marché eft conclu. M. Vinot.

promet d'envoyer le vin fur le champ & le Peintre fe met à travailler; malheureusement il n'a que de la couleur rouge & il ne fait que des rofes; il lui en fait une rouge; le vin arrive ; le garçon dit qu'il eft excellent & que tout le monde le paye dix fols. Il n'y en a pas de plus cher dans leur cave. Le Peintre ne répond rien, finit fa rofe & écrit deffous, au lion d'or. M. Vinot revient & fe fâche de n'avoir pas ce qu'il a

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il

demandé; le Peintre lui dit qu'il a auffi à fe plaindre, & qu'il ne fe fâche pas de ce qu'on lui a donné du vin à dix pour du vin à douze, parce qu'il fçait que le Marchand n'en a pas d'autre; it dit auffi qu'il ne fait que des rofes; la femme du Peintre accommode tout cela; le Marchand de vin demande au moins qu'on lui efface les mots au lion d'or. Le Peintre trouve que c'est une peine; d'ailleurs il n'a plus de couleur; le Marchand lui dit d'en acheter & l'autre demande de l'argent. M. Vi not emporte fon enfeigne pour la faire corriger par un autre. Qui dit ce qu'il fçait, qui donne ce qu'il a, qui fait ce qu'il peut, n'eft pas obligé à davantage.

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L'Auteur & l'Amateur. M. Deloureville aime tous les arts & protège les Artiftes; il fe vante fur tout de leur donner les meilleurs confeils. M. Paftoureau Poëte vient lui montrer un Opéra; il voudroit une ouverture analogue au premier Acte, des flutes douces qui peignent le repos; l'Anateur faute en lui difant vous n'y êtes pas ; il n'y auroit point de premier coup d'archer, & fans cela un Opéra ne vaut rien. On fait la

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