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riage formé contre le gré des parens d'un jeune homme, le plonge dans la misère; on lui refufe des fecours; il eft trompé par un ami pour lequel il a répondu ; on vient faifir fes meubles; on le laiffe prefque fur la paille; ils doivent à un marchand qui lui même eft dans l'infortune, & qui témoin de la leur ne veut pas les inquiéter. Cet honnête Marchand fait plus; il trouve de l'argent & vient leur en offrir; heureufement ils n'en ont pas befoin; l'oncle du jeune homme meurt & lui laiffe de grandes richesses: Le Diable n'eft pas toujours à la porte d'un pauvre homme; c'eft le Proverbe.

Cette fixième partie du Recueil offre autant d'agrément que les premiè res. On reconnoît dans chacune de ces petites pièces un ton facile, un dialo gue naturel, un hommequi connoît le monde, & qui le peint d'une manière agréable.

Je fuis, &c.

A Paris, ce 28 Août 1769.

LETTRE XII.

Lettre fur quelques ouvrages de M. de Voltaire, in-8° 121 pages.

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Ntrouve cette Lettre chez les Libraires qui vendent les Nouveautés; elle est écrite à un homme dont le fils fort du Collège & montre du goût pour la Littérature. Le père confulte l'auteur fur les Livres qu'il peut mettre entre les mains de fon fils, entr'autres for les ouvrages de M. de Voltaire, particulièrement fur la Henriade. On examine en conféquence ce Pocine. Puifque » M. de Voltaire, dans fon Effai fur la "Poëfie Epique, a demandé la permif fion de dire ce qui le bleffoit davantage dans les fix derniers Livres de Virgile, qu'il a dit fon fentiment fur les défauts qu'il y a remarqués, & qu'il donne à Virgile un plan dont la difpofition, » dit-il, eût été une fource de beautés nouvelles, il nous fera peut être aufli permis de lui donner quelques avis. » L'auteur fuit la Henriade Chant par AN. 1769. Tome V.

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Chant. On amène les deux Rois Henri III & Henri de Navarre aux portes de Paris fans parler de leurs troupes. La Difcorde met tout en feu ;

Elle excite aux combats & la Ligue & Mayenne. »Elle paroît ici de son chef, sans être invoquée par quelque Prince ennemi de » Valois, ou conduite par quelque Gé»nie fupérieur oppofé à la France; de quels moyens fe fert-elle pour exciaux combats

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Et la Ligue, & Mayenne, & le Peuple & l'Eglife?

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» Elle fe contente d'appeller les fecours de l'Espagne..... Quelle différence entre cette Difcorde & l'Alecto de Virgile. Dans le feptiéme Livre, c'eft Ju» non qui va la chercher aux Enfers pour l'engager à fufciter une guerre entre »les Troyens & les Latins. L'Alecto de » Virgile eft bien plus agiffante que » celle de M. de Voltaire; elle est seule » caufe de la guerre par les incidens qu'elle fait naître. »

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Je ne fuivrai pas l'auteur de la Lettre dans toutes fes critiques;je me contenterai de vous en citer quelques unes qui

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vous montreront fa manière de les rendre; car la manière de voir ne lui eft point par ticulière; il y a long-tems que les défauts de la Henriade ont frappé tout le monde, & que les enthoufiaftes les plus décidés n'ofent plus entreprendre de les juftifier. L'auteur parle de l'Epifode de d'Ailly, qui eft dépourvû de ces circonftances attendriffantes capables d'exciter la compaffion. L'époufe de d'Ailly arme fon mari en accufant le Ciel. Que de froideur dans ces vers! L'au»teur avoit cependant un beau champ » pour nous exprimer les regrets de » cette amante qui voit partir fon époux » pour un combat qui peut lai être fu»nefte; leur féparation fe fait sèche»ment, ou plutôt ne fe fait point, puifque l'époufe ne fait que lui at» tacher fa cuiraffe en accufant le Ciel. Eh de quoi pouvoit - elle l'accuser, puifqu'il étoit incertain fi fon époux » ne reviendroit pas victorieux? Un » gentilhomme attaché à fon Prince n'accufe point le Ciel lorfqu'il va » combattre pour fa gloire. Cette fépa»ration devoit être accompagnée de ces » tendres adieux, fi naturels entre deux

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perfonnes qui s'aiment. Ces adieux devoient être mêlés de crainte

» d'efpérance & de confiance dans le courage du guerrier. Que ceux d'Hec »tor & d'Andromaque font différens! "Si M. de Voltaire les avoit imités, il auroit mis dans fon récit des agrémens qui l'auroient rendu plus touchant. De plus, il eft contre la vrai femblance de voir tout d'un coup » cette époufe au milieu du champ de bataille fans fçavoir comment elle >> y eft arrivée,

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Elle cherche, elle voit dans la foule des morts,
Elle voit fon époux, elle tombe éperdue ;
Le voile de la mort le répand fur sa vue.....
Elle tient dans fes bras ce corps pâle & fan-
glant,

Le regarde, foupire & meurt en l'embrassant,

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Et tout cela arrive, dans l'efpace de douze vers; car M. de Voltaire eft tou » jours preffé de finir les narrations in » térellantes pour fe jetter dans des defcriptions frivoles ou des réfléxions inutiles. » Ce Poëme eft plein d'orne

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