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mens am bitieux; c'eft L'ouvrage d'un homme de beaucoup d'efprit, incapa ble d'aller au génie, qui quelquefois tâche de couvrir ce défaut, à force de goût, & qui fouvent ne le confulte pas affez.

L'auteur parle de l'univerfalité des talens de M. de Voltaire; il a voulu être philofophe & géomêtre; il s'eft ima giné entendre Newton & renfermer. dans un volume tout ce que ce grand homme avoit découvert. Ceci me rap pelle une anecdote aflez plaifante. M. de Voltaire, dans un de fes voyages en Hollande, avoit été voir Sgravefande; il ne fe fit point annoncer; il fe pré fenta feulement comme un étrangeta empreffé de rendre en paffant un rri but d'admiration à un grand homme. Il fut bien reçu. Au lieu de s'entretenir de Belles Lettres & de Poëfie, fur lefquelles Monfieur de Voltaire auroit parler de manière à fe faire honneur il fe jetta fur la philofophie, s'étendit fur Newton, déraifonna à perte de vue. Sgravefande excédé d'avoir fait envain tous les efforts pour détourner la

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converfation fur d'autres fujets, perdit enfin patience & interrompit M. de Voltaire, en lui difant : un moment, Monfieur, permettez-moi de vous le dire, vous n'entendez pas trop ces maières, parlons d'autre chofe. Comment, dit Monfieur de Voltaire, don. l'orgueil fe trouva bleffé, je n'entends point cela! Non, reprit Sgravefande; je vois parfaitement que vous n'avez étudié que dans de mauvaises fources; vous n'avez lu, à ce qu'il me paroît, que de prétendus Elémens de Newton, faits par un Poëte François, Voltaire. Cet homme là a donné dans des erreurs groffières, dont le moindre. de mes écoliers rougiroit; vous voyez bien qu'il n'a pu vous inftruire. Mais, Monfieur, dit M. de Voltaire, fçavez vous bien que c'est moi qui fuis ce Voltaire? J'en fuis fâché, reprit froidement Sgravefande, pourquoi ne vous êtes vous pas nommé plutôt? Je connois les égards qu'exige la politeffe, &, en votre faveur, j'aurois caché ma façon de penfer; vous la connoiffez; je ne fçaurois trahir la vérité. Cet

te petite mortification n'a pas empêché M. de Voltaire de fe croire un excellent Newtonien & de fe vanter d'avoir fait connoître cette philofophie en France; il a tâché de faire oublier l'anecdote par l'afsurance avec laquelle il a parlé depuis; mais malheureufement on a de la mémoire,& nos géomêtres font polis.

L'auteur examine enfuite les talens de M. de Voltaire comme hiftorien. Le champ eft vaste; il faudroit de longs volumes pour relever toutes fes erreurs. L'auteur lui fait d'autres reproches: c'est le ton dont il écrit l'hiftoire, fon exactitude à relever les minuties & falégèreté à parler des faits les plus importans, dont plufieurs font fouvent paffés fous filence. Il auroit été au défefpoir d'oublier la defcription de ·la Fête de l'Ane. En parlant du Concile de Bafle il s'appefantit fur une infinité d'anecdotes triviales, peu connues & qui méritoient de rester dans l'obscurité, Il ne manque pas de rapporter les injures que les Pères fe difoient réciproquement, & de charger un peu le ta

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bleau ; M. de Voltaire y eft fré quemment fujet. Il finit par le difcours que fit au Concile le fameux Capitaine Huffite, Procope le rufé, lequel à la tête de deux cens gentils>>hommes veut prouver que les Moines » étoient de l'invention du Diable, & cela pour placer cette épigramme, » qu'on lui répondit par un éclat de rifée, pendant qu'on avoit répondu aux infortunés Jean Hus & Jérôme de Pragise par un arrêt de mort. Il dit dans un autre endroit que fi l'on regarde le Con»cile de Bafle par les règles de difcipline qu'il donna, on verra d'un côté des hommes très fages, & de l'autre une troupe de factieux. Il fait encore à.ce fujet des réfléxions particulières & » déplacées, qui ne tendent qu'à donner du ridicule à ce Concile. Pourquoi a t-il négligé ce beau trait fi intéreffant pour la Nation Françoise: que ce fut ce Concile: qui par fes Ambaffadeurs follicita fortement le » Duc de Bourgogne Philippe-le-Bon, » de fe réconcilier avec la France; qu'il l'avoit exhorté à fe reffouvenir qu'il

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» étoit Chrétien & Prince du fang de » France. Il est bien plus aifé de jetter fur le papier des traits brillans dictés par une imagination aifée, que de paller fon temps à choifir à l'aide d'une critique fenfée les faits hiftoriques dignes d'être tranfmis à la poftérité. L'imagination légère de M. de Voltaire & fa vivacité ne lui permettent guères les longues recherches; il n'a pas la patience de pefer; l'efprit nuit quelquefois au jugement, & rien de plus jufte que ce que M. de Montefquien a dit en parlant de lui: un bon efprit vaut mieux qu'un bel efprit.

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» Tout le monde fçait que Charles VII, dans la crainte qu'on ne l'em» poisonnât, s'obftina à ne point man»ger, & trouva la mort dans la pré>> caution qu'il voulut prendre pour l'é»viter. Monfieur de Voltaire accufe » fon fils d'en être la caufe, en difant hardiment que la feule crainte » dans un père d'être empoisonné par fon fils prouve trop que le fils pouvoir être capable de ce crime. M. de Voltaire ignore fans doute l'axiome qui dit

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