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fille en même temps, afin de faciliter le moyen de les reconnoître. M. Dorfan retrouve dans ces portraits les deux perfonnes qu'il a tirées de l'infortune & qui ont fervi à motiver les foupçons que d'Armenville a infpirés à fon époufe. Il l'en guérit abfolument. Doligny de vient amoureux de Mlle de Baradec il renonce à la ligue dans laquelle il étoit entré contre fon frère avec le Marquis, fa femme & d'Armenville. Le Marquis toujours furieux diffère le mariage en faifant donner un commandement d'efcadre à Dalignan, qui l'oblige de retourner à Breft.

D'Armenville devient auffi amoureux de Mlle de Baradec. De fon côté, la Marquife fe prend de paffion pour Doligny. Ces deux ames livrées au crime. nefongent qu'à traverser le bonheur de ce dernier. D'Armenville imagine des moyens affreux. » Il fçavoit que, de» puis fon retour en France, M. de Baradec avoit fait deux voyages en An»gleterre; il fit fabriquer plufieurs » lettres qu'il fe fit envoyer de Nantes; on y parloit des entreprifes que les Anglois pouvoient faire fur nos Pro

vinces maritimes. On leur fuppofoic des correfpondans qu'ils foudoyoient jufques dans nos ports. On y confioit »à d'Armenville, fous le fceau de l'amitié,des obfervations qu'on avoit faites » fur la conduite d'un vieux militaire, ami de M. Dalignan, nommé de Ba»radec; on croyoit pouvoir fe permettre d'en tirer des conféquences d'où paroiffoient naître naturellement des foupçons d'infidélité & de trabifon. "Car, ajoûtoit-on, quel autre motif peut engager un Officier François d'aller myftérieufement deux fois à » Londres, dans un temps où toutes les communications font interrompues entre les deux nations? >>

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D'Armenville fe rend à Versailles avec ces lettres & les remer au Miniftre. Dans tout ce qui intéresse l'Etat ou le fervice du Prince on peut ufer de précipitation fans craindre d'être accusé d'injustice. On arrête Baradec ainfi que fa femme & fa fille. Dalignan au défespoir du malheur de fon ami, répond fur fa tête de fon innocence. M. de Baradec avoit époufé une Angloife; ce mariage lui avoit donné des

relations dans ce païs; le Miniftre l'avoit employé & avoit tiré de grands fervices de ces mêmes relations. Ce MiHiftre n'étoit plus; fon fucceffeur ignoroit en partie toute la fuite de ces affaires; il ne lui for pas difficile de s'en inftruire; Baradec fe juftifie; il va le délivrer lui-même. » Si j'ai été injuste » à votre égard, lui dit-il, fi je vous ai » fait injure, l'aveu que je vous fais doit » vous engager à me la pardonner. Le » Roi inftruit de votre innocence, pour vous faire oublier les maux que je » vous ai faits par trop de zèle pour fon fervice, vous élève au grade de Ma» rêchal de camp, & vous donne une penfion de vingt mille livres reverfi»ble à votre femine. Votre fille a auffi » été la victime de mes préventions, » & Sa Majesté veut la marier; elle la dote de 200, 000; elle lui a choifi un époux qui eft digne d'elle, ajoûta-t-il »en fouriant, & qui la rendra heureu» fe; c'eft Doligny pour qui je vous la » demande; je ne pense pas que vous » me la refufiez, encore moins que »Mlle de Baradec me défavoue; mais, »pour en être plus afsûré, j'ai décoré

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Doligny d'une charge confidérable; »j'en ai traité pour lui; j'ai obtenu l'a»grément du Roi; en voilà, ajouta-t»il, le contrat d'acquifition & les provifions que je vous en remets. »

Les mariages de Dorval & de Doligny le préparent; la Marquife eft furieufe; elle profite d'un bal où Mile de Baradec doit fe rendre; elle est instruite de l'habit qu'elle portera fous le mafque; fon deffein eft de l'enlever; elle a le fecret d'attirer fa proie dans le piége; elle la conduit chez elle dans un carroffe & la poignarde; mais ce n'eft pas Mlle de Baradec; c'eft une femme de chambre ; elle eft à fon tour poignardée par le Marquis fon mari qui depuis quelque temps avoit conçu de la paffion pour Mlle de Baradec.

Le Miniftre veut faire célébrer les mariages dans une de fes terres; il y invite d'Armenville dont il a pénétré l'amour; il veut le punir de fes noirceurs par le fpectacle de la félicité de fon rival.D'Armenville feint une indif. pofition pour ne point partir le même jour & tâche d'enlever Mlle de Baradec. M. Dalignan qui venoit pour af

fifter au mariage de fa nièce, paffe par hafard dans ce lieu & délivre la fille de fon ami; il tue le monttre qui eft conduit au château. » Sentant que fa fin » approchoit & qu'il n'avoit plus que » quelques momens à vivre, il fit prier »le Miniftre de paffer dans l'apparte»ment où on l'avoit mis; il lui apprit alors tout ce qu'il avoit fait; il lui

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détailla tous les crimes de fa vie; »fes libéralites lui avoient gagné le poftillon & le cocher de Mad. & de »Mlle de Baradec; fon projet étoit de » conduire ces Dames au château qui étoit au bout de la route de la forêt où » il les avoit arrêtées. Le château » étant à lui, il avoit cru qu'il pourroit » fans crainte exécuter la réfolution qu'il avoit prife d'employer la force pour fatisfaire fa paffion; il s'étoit » Aatté que Mlle de Baradec deshono»rée ne refuferoit pas l'offre de fa » main, puisqu'elle n'auroit que ce » moyen pour couvrir fa honte & effa>>cer fon deshonneur. »

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On frémit au récit de d'Armenville; mais fes crimes ne furprennent perfonne; on connoît fon caractère; il

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