Pagina-afbeeldingen
PDF
ePub

(qu'il foit permis de le dire) il leur manque ce premier charme qui attire le fpectateur, cet effet qui donne de la faillie & de la rondeur. Les lumières paroillent un peu éteintes, & les ombres manquent de vigueur dans plufieurs endroits qui en feroient fufceptibles & qui donneroient tout un autre relief à fes compofitions. Ce défaut légerne lui fait rien perdre vis-à-vis des connoiffeurs attentifs; mais le commun des hommes ne lui rend pas toute la juftice qui lui eft dûe.

Les talens de M. Drouais font connus depuis long temps. Les morceaux qu'il vient d'expofer en font de nouvelles preuves. Le pinceau en est aimable, la compofition charmante, l'exécution précieufe, les étoffes bien rendues. On defiteroit néanmoins plus de variété dans fon coloris ; excellent pour ces têtes de jeunes enfans où la nature eft dans toute fa fraîcheur, peut être pache-t-il en employant le même coloris pour toutes fortes de perfonnes; on fouhaiteroit que feslumières ne fuffent. pas fi également blanches fur toutes för-› tes de têtes, & qu'il recherchât moins

cet effet de convention auquel la nature n'eft point foumife, qui confifte à vouloir que la lumière de la tête l'emporte fenfiblement fur toutes les autres Iumières.

On voit de M. Cafanova plufieurs tableaux de chaffe, de païfage & autres. Ils font certainement remarquables par un faire hardi,mais forcé & au• delà du vrai, Ses tableaux font obfcurs; il n'y regne point cette lumière géné rale qu'on voit dans la nature; on y trouve fouvent ou un homme ou un animal éclairés de la tête aux pieds, tandis que le terrein fur lequel ils font placés eft tout à fait dans l'ombre. De plus, fa façon de peindre ( peut-être peu durable) a quelque chofe de glutineux & de luifant qui n'eft point dans la nature. Ces tons bruns, olivâtres, ces roux affectés font ce que les Peintres appel-, lent de la manière dans le coloris, &,fi vous me permettez une comparaifon qui rend bien mon idée, les terreins paroiffent peints au caramel, & les feuillages avec des confitures de ver jus.

Plufieurs feuillets du Livre de l'E

pître & de celui de l'Evangile, deftinés pour la Chapelle du Roi, font éclater dans M. Baudouin le génie le plus heureux pour la compofition, & la plus belle facilité pour l'exécution. Ces morceaux férieux font rendus avec un art fingulier. Cet Artifte ne brille pas moins dans ces fujets agréables qu'il peint à la gouaffe. Le Modèle Honnête entr'autres, eft traité avec beaucoup d'expreffion.

La plus grande vérité & les détails les plus heureux diftinguent les ouvrages de M. Rolland de la Porte. Le Défordre d'un cabinet & ce déjeuner où l'on voit un pâté & un gigot font d'une vérité à faire illufion. Il n'eft pas pollible de defirer une exécution plus jufte, plus vraie, plus foignée. Que peut-il donc manquer à cet Artifte? Le je ne fçais quoi,certaine magie dans le faire:: encore faut-il avouer qu'il en pofsède. la meilleure partie, & qu'il eft trèsdifficile d'arriver où il eft parvenu.

M. Bellenge s'eft fait honneur par plufieurs tableaux de fleurs peints légè rement & facilement. Son tableau fur glace eft une difficulté vaincue avec um

fuccès fupérieur à tout ce que l'on a vû jufqu'à préfent dans ce genre.

[ocr errors]

M. le Prince, qui nous a fait connoître une nature nouvelle & des ajustemens inconnus avant lui dans la peinture, a mis au jour une Guinguette Mofcovite où la gaîté fe déploie de la manière la plus vive. Ce tableau est trèsfpirituellement exécuté en détail & produit affez d'effet; il en feroit cependant davantage files maffes d'ombres étoient un peu plus fourdes, & s'il y regnoit moins de tons rougeâtres. La manière de graver qu'il a trouvée ou perfectionnée*, pourroit devenir utile, s'il vouloit, fans la prodiguer, la communiquer à quelques-uns de fes confrères qui paroiffent defirer d'en faire ufage; au refte, elle eft à lui; il en eft le maître; on ne peut que l'exhorter à montrer dans cette circonftance fon amour pour les Arts & fon zèle pour leur progrès.

[ocr errors]

* Cette manière de graver n'a pas encore de nom; elle imite parfaitement le deffin & le lavis; toutes les gravures de ce genre paroiffent des deffins faits au crayon.

[ocr errors]

M. Robert, que des fuccès multipliés ont rendu celèbre, a, cette année, enrichi le Salon de quinze tableaux de toutes grandeurs. Il eft plein de génie à bien des egards; il a fur tout une intelligence délicate des effets de la lumière. Il feroit trop long de détailler tous fes nouveaux ouvrages; je me borne à quelques réfléxions générales. Les tableaux de fa façon qui font le plus d'effet font ceux où il a pu placer de grandes ombres, comme ceÎui qui représente le deffous du Quai de Gêvres à Paris, vû du bas du Quai Pelletier, au bord de la rivière, & ceux où il y a moins de païfage. Il ne paroît pas que cette dernière partie foit autant fon gente que l'Architecture; & l'on a lieu de douter à fa tou he qu'il ait peint beaucoup d'arbres d'après na ture. On croit qu'il feroit à fouhaiter qu'il s'afsujettit plus févèrement 20x règles de la perfpective, eflentielle au genre qu'il a embraffé, & particuliè rement qu'il prît fes points de diftance. plus éloignés. On pourroit defirer encore que les maffes d'ombres fuffent plus grandes & diftinguées des malfes

« VorigeDoorgaan »