Pagina-afbeeldingen
PDF
ePub

de lumières d'une manière plus décidée. Il a quelquefois des demi- teintes qui ont autant de force que les ombres, & qui font tache, placées à côté des lumières vives. M. Robert peut aifément éviter ces petits défauts par des obfervations fuivies fur les effets généraux de la nature. En la confidérant, non par petites parcelles, mais par grandes maffes, il verra que tout ce qui reçoit la lumière, de quelque couleur qu'il foit, eft toujours lumineux en comparaifon des parties ombrées quelque couleur claire qu'elles renferment; que cette nature le modèle de tous les arts, prend toujours un parti décidé dans fes lumières; que les terreins font d'une couleur, les arbres, les édifices d'une autre, & que l'union harmonique qui les accorde tous confifte dans les ombres. Au refte, les tableaux de M. Robert font ingénieufement compofés & touchés avec efprit. Il y a dans fes tons une magie qui prouve qu'il eft né avec le véritable fentiment de la pein

ture.

[ocr errors]

M. Loutherbourg s'élève au premier rang par l'abondance & le mérite de fes

tableaux. Il en est beaucoup auxquels on peut, fans flatterie, prodiguer les éloges les plus outrés. Tels font un Mistral ou Marine par un vent frais, une Tempête par un grain de vent, mais fur-tout l'excellent & précieux tableau des Bergers pourfuivis par des Maraudeurs; il eft d'une exécution parfaite; vigueur, franchise, effet, tou che décidée : rien n'y manque. Tous fes autres tableaux décèlent le grand Peintre; quelques uns cependant fentent moins l'étude de la nature que celle des Maîtres: tel eft celui du départ pour la chaffe au vol, qui femble imité de Wouvermens; d'autres paroiffent l'être de Berghem. Cette chaffe au vol & les deux amis qui font un goûter au retour de la chaffe, ont même quelques-uns des défauts qu'on peut reprocher à M. Cafanova; c'est-à-dire, ces terreins roux où la lumière ne donne point, quoiqu'elle éclaire vivement les figures. D'autres tableaux, fur tout ceux des tempêtes portent, en général, un caractère de grifaille; eaux, ciels, figures, terreins: tout femble du même gris. L'imitation d'un Peintre Flamand célèbre en ca

[ocr errors]

genre Bakhuifen) peut égarer; il peignoit ainfi la mer du Zuiderzée qui eft de cette couleur; mais nos mers en ont une autre & fe montrent fous un afpect différent.Quand on a reçu de la nature autant de génie que M. Loutherbourg & qu'on eft parvenu à fon degré de talent, il faut oublier tous les Maîtres fe livrer à la feule nature, s'affranchir de toute apparence de fervitude. On doit fe perfuader qu'il n'y a rien de réellement beau que ce qui eft vrai. Il y a fans doute des vérités dans ces grands Maîtres; mais, en les fuivant de trop près, on rifque de prendre en même temps leur manière; la nature feule bien réfléchie inftruit fans faire courir, aucun danger.

Ön a mis au Salon, pour l'honneur de la mémoire de M. Amand, fon tableau de réception à l'Académie, qui repréfente Magon, frère d'Annibal, demandant, après la bataille de Cannes, de nouveaux fecours au Sénat de Carthage. Cet ouvrage le fait regret ter, quoique les fonds en foient trop noirs. Il paroît qu'il avoit faifi une ma nière de traiter l'Hiftoire qu'il auroit

pû fuivre avec fuccès. Il feroit fuperflu d'ajoûter d'autres obfervations, puifqu'elles ne peuvent plus être utiles à l'Artiste : c'est le feul but que l'on doit fe propofer lorfque l'on hafarde quelques réfléxions critiques.

Le tableau de la naiffance de Vénus par M. Briard eft très bon. La compofition en eft agréable & bien diftribuée; le deffin a de la grace & la couleur est féduifante. On trouve cependant que les eaux font trop bleues & manquent de transparence; mais il eft difficile à un Artiste de bien rendre ce qu'il eft rarement à portée de voir, c'est-à-dire, les flots de la pleine mer, Le tableau dela Mort d'Adonis du même auteur mérite auffi des éloges. Celui de Madeleine Pénitente ett deffiné avec grace, avec efprit, & la couleur en eft bonne quoique peut être un peu trop rouífe.

[ocr errors]

On remarque avec plaifir le tableau de réception de M. Brenet. Le fujet eft Théfée qui lève la pierre fous laquelle, fon père avoit caché fon épée & fes fouliers. Ce morceau a de la couleur & de l'harmonie. On eft moins fatiffait de fes deux grands tableaux, La Ve

[ocr errors]

rité & La Fuite en Egypte, dont le deffin eft incorrect & les ombres noires dures & tranchées. Il lui fera très aifé d'y remédier. Son petit tableau d'un Anachorette en méditation eft bien fupérieur. Il y a des vérités de deffin ainfi que des graces de couleur & d'éxécution qui en font un morceau trèsintéreffant.

[ocr errors]

M. Lépicié, depuis la dernière expofition, a fait de très-grands progrès dans les parties de la couleur, de l'harmonie & des graces. Les différens ouvrages que nous voyons de lui cette année, donnent la plus haute idée de fes talens. Son Achille inftruit dans la Mufique par le Centaure Chiron, eft exécaté avec art; l'effet en elt bien entendu; ce tableau doit gagner avec le temps du côté des demi-teintes colorées. Mais ce que M. Lépicié a fait de mieux eft un tableau repréfentant la Peinture; la compofition en eft ingénieufe, le pinceau moëlleux & le faire facile. Son tableau de la Métamorphofe d'Adonis en Anémone a beaucoup de mérite encore. On ne fçauroit trop encourager cet Artifte.

« VorigeDoorgaan »